[courtier de Lilja Kaisjoki] Quoi de neuf à Helsinki?

1h30 du matin, Lilja venait de finir son dernier service en temps que Bairmaid du Hellgate. Demain elle avait prévu de partir aux Etats-Unis afin de rejoindre le mouvement Existenz. Elle ne demandait pas l’asile loin de là car la Finlande avait su rapidement s’adapter aux mutants et à leurs droits. Mais devait-elle reste ici, bien au froid, alors que de l’autre côté du globe la seule idée qu’un mutant se produise sur scène déclenche des émeutes ? Inconcevable, puis elle allait enfin mettre la distance nécessaire pour oublier sa mère et le reste…

Elle enfila son manteau et salua les derniers habitués qui trainaient encore devant le bar essayant de se mettre d’accord sur le meilleur joueur du SM-liiga. Comme si c’était d’une importance vitale avant d’aller se coucher auprès de leurs femmes furieuses… La mutante était à pied, elle n’habitait qu’à 380 mètre de son lieu de travail. Tout en avançant elle comptait sur ses mains.

*Bon a dit fringue ok, mon lecteur de zic ok, prévenir Hilda ok, prévenir... rah va-y ça me gonfle...*

Première fois qu’elle organisait un si grand changement, sauf quand elle était "parti" du domicile "familial" et on ne peut pas dire que c’était… organiser. Bref encore quelques minutes avant de pouvoir prendre un repos bien mérité le temps de fumer une clopinette.

Pas grand monde dans les rues, à cette heure tardive, à part quelques rares badauds enivrés qui titubaient pour rentrer chez eux. Et deux flics, qui marchaient à contresens de la mutante, et qui semblaient, ce soir, vouloir faire de l’excès de zèle. Ils arrêtèrent Lilja dans son avancée nocturne.

« Vos papiers, s’il vous plait. »

Le plus petit des deux parlait, et l’autre regardait la jeune femme d’un air sévère… Ils n’avaient pas l’air de rigoler, même si rien ne prétextait ce contrôle surprise.

Tout en tirant une latte sur sa cigarette elle vit les deux policiers s’approcher d’elle. Classique… un look un peu diffèrent de la norme, une heure tardive, dire qu’elle était à deux pas de pouvoir s’effondrer sur son lit. Les forces de l’ordre et Lilja s’était une grande histoire d’amour… Des tapages nocturnes et quelques bagarres de bar trainait dans son cassier. En même temps pourquoi ce type avait tenté de monter sur scène durant sa chanson ?…

Elle fouilla dans la poche de son jean pour y trouver son porte feuille. Elle sortit ses papiers et les tendit aux policiers.

« Je viens de finir de bosser donc si tout est en règle… »

Elle posa ensuite ses lèvres de nouveau sur le mégot. Ce n’était pas vraiment le moment de faire des vagues et risquer l’annulation de son visa pour le continent Américain.

Pendant que le petit policier filait les papiers au grand pour qu’il les vérifie, il s’adressa à Lilja d’un ton nettement moins poli qu’il avait utilisé plus tôt à l’égard de la mutante. Voire même de manière carrément agressive…

« Ferme-là, tu nous dis pas ce qu’on doit faire. »

Sur ce, le grand flic balança sur Lilja un petit paquet de plastique contenant… de l’herbe à fumer. Un paquet qui ne se trouvait pas dans ton portefeuille. Pas à ta connaissance, du moins.

« C’est quoi, ça, poupée ? T’sais que ça pourrait te faire passer la nuit au poste ? »

L’autre renchérit en reprenant le portefeuille, et en en tirant les billets qui s’y trouvaient, pour les glisser dans sa poche arrière.

« On est sympa, mais ça va pas suffire à c’qu’on te foute la paix. Alors tu vas faire ce qu’on te dit sans broncher. »

Le grand s’approcha, menaçant. Ses intentions ne semblaient pas vraiment louables...

« Tu te tournes contre le mur, poupée. Mains et jambes écartées. »

Un sac d’herbe ? Sa consommation personnelle était chez elle. A croire que ces petits fachos devaient faire leur quota d’arrestation pour la soirée.

« Hey je rêve ou t’es entrain de piquer mon fric… Mains et jambe écartées t’as cru que j’’étais ta femme ? »

Les deux flics se sentaient en position de force surtout sans témoin. Après tout si elle bronchait s’était sa parole contre la leur… Elle pouvait leur échapper mais délit de fuite, plus agression sur agents n’était pas vraiment son ticket de départ pour l’Amérique.

Lilja commença à hurler imitant une alarme de boutique à la vitrine vandalisé. Un bruit strident a réveillé les morts.

À ton intervention, le grand flic faillit te retourner une baffe, mais il dut se protéger les oreilles en grimaçant de douleur quand tu te mis à crier de toute ta force. Le petit avait fait un bond de surprise en arrière, et avait manqué de tomber sur la route, en bas de la bordure. Il se tenait aussi les oreilles, et hurlait :

« Putain, arrête ça tout de suite, garce mutante ! »

Aux alentours, quelques fenêtres s’allumèrent, et l’une d’entre-elles, de l’autre côté de la rue, s’ouvrit pour laisser apercevoir l’ombre d’un homme à contrejour. Il cria à son tour.

« Qu’est-ce qu’il se passe ici, bon sang ? »

Le flic lui avait hurlé quelque chose mais Lilja eu du mal à entendre quoi mais elle ne fallait pas être un génie pour deviner quoi à sa figure déformée. Lorsque le premier curieux pointa le bout de son nez, la mutante cessa de hurler.

« Violence policière et abus d’autorité ! » Lui lança-t-elle. « Tout ça parce que je suis une mutante ! Délit de racisme ! C’est ça qui protège nos rues ? Des xénophobes ? »

Elle espérait que ce déballage public fasse suffisamment honte aux forces de l’ordre pour dégarpir et ne pas demander leurs restes.

*Aller ! Cassez-vous, £%#^ ! *

La cigarette avait finit par se consumer…

Et oui, ces flics étaient des ripoux. Et ils n’allaient pas s’arrêter là. Ce n’étaient pas des petites frappes débutantes, apparemment. Ils ne se laissèrent pas déconcerter par les accusations portées à l’inconnu à sa fenêtre. Le grand profita du répit dans le son pour te ceinturer durement, te serrant contre lui de manière douloureuse, et sans doute assez peu professionnelle…

« Recommence ça, et tu finis tes jours en taule pour agression d’agents et détention illicite de drogue, poulette. »

Le petit, lui, criait à son tour à l’homme à la fenêtre :

« Rendormez-vous, monsieur, nous gérons la situation. Nous allons appeler des renforts. »

L’homme hésita quelques secondes, puis, comme le flic continuait à le regarder fixement, il se décida à repartir dans son lit en fermant la fenêtre… Sans doute aussi parce qu’il ne voulait pas être mêlé à tout ça.

Il se retourna vers toi, mains sur les hanches, d’un air de victoire.

« Alors, fini les cris et les injures ? On va coopérer, maintenant ? »

Et sans plus attendre, il t'envoya une baffe du revers de la main. Pas pour lui dévisser la tête, mais pour bien lui faire comprendre qui décidait ici…

Décidément les deux idiots ne voulaient pas lâcher le morceau, surtout un qui ceinturait violemment la jeune femme. Elle laissa échapper un gémissement et c’était autour de son visage d’être contracturer par la douleur.

*Fils de pu…*

Le brave citoyen détourna le regard de cette agression musclée. Lilja se demanda alors qu’est-ce qui était le pire. Des flics corrompus ou un mouton de panurge qui se laisserai mener à l’abattoir par des hommes en uniformes.

*Pitoyable humanité*

Après une énième démonstration de virilité de la part de Laurel et Hardy, la mutante comprit qu’elle était dans une impasse totale. Elle avait pourtant essayé d’éviter ça… Tant pis elle ira probablement chez Existenz pour demande d’asile finalement.

« Oui t’inquiète je vais coopérer… EEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE ! »

Cette fois le son n’était une alarme, mais elle tenta de former un cri de rage aiguë comme elle en avait rarement fait. Elle comptait bien faire pisser le sang les appareils auditifs de ses nouveaux amis surtout celui était très proche d’elle… Elle ne comptait pas s’arrêter avant de les voir se tortillaient de douleur sur la chaussée.

Lorsque tu commenças à crier sauvagement, les deux hommes se reprirent à se protéger les oreilles, dans un réflexe de survie tout à fait logique face à une telle démonstration sonore. Le grand te libéra donc de son étreinte en grognant, visage plissé par la douleur, et le petit pestait et tapait du pied sur le sol, comme s’il sentait ses oreilles exploser de l’intérieur.

Un cri inhumain, qui ne tarda pas à faire éveiller tout le voisinage, dont les lumières s’allumèrent de manière disparate, en fonction de leur degré de courage pour venir voir ou non ce qui se passait hors du confort de leur lit douillet.

Et alors que les deux flics tombaient à genoux, se tortillant de douleur, tu pus entendre les sirènes lointaines de la police arriver en renfort… Ils seraient bientôt là, sans aucun doute. Une bienveillante personne du voisinage avait dû les prévenir d’une rebuffade mutante face à une patrouille des forces de l’ordre…

Lorsque l’étreinte du géant cessa, la mutante hésita un moment avant de lui donner un bon coup de genou dans son trop plein de testostérone. Un risque inutile quel préféra éviter, un reflex conditionner du ripou et hop au tapis la petite sirène... Il fallait dorénavant se concentrer sur la fuite des lieux.

Lilja continua de hurler tout en se rapprochant du plus petit. Elle ramassa son porte feuille et courra dans le sens opposé des renforts supposés. Elle tourna rapidement dans une rue perpendiculaire afin de se mettre hors champs de vision des deux flics et cessa d’utiliser son pouvoir mutant.

*Il faut que j’appel Hilda pour pouvoir me terrer un jour ou deux le temps que ça se décante…*

Mais pour passer ce coup de fil elle devait stopper ça course, peu habitué à ce genre d’effort son cœur s’était emballé à une vitesse folle et elle avait de plus en plus de mal à capter l’air. Elle tourna encore une ou deux fois dans des ruelles de son quartier avant de vérifier si elle était suivit de près ou non.

Essoufflée, Lilja semblait avoir semé les deux flics. Elle entendait au loin les sirènes des policiers, qui quadrillaient sans doute le quartier. Elle n’avait que peu de chance de leur échapper. Pourtant, quelqu’un qui allait sans doute changer le cours de l’existence de la mutante se présenta sur sa route. Une femme à la peau pâle et aux lèvres bleues se tenait là, en travers de son chemin, à la scruter d’un regard neutre et sans sentiment. Une mutante, à n’en pas douter.


Elle adressa la parole à Lilja d’un ton sans chaleur, même si le message était une proposition d’aide…

« Besoin d’un coup de main ? C’est vous qui criez comme ça ? »

Si Lilja lisait les journaux, les traits de la mutante ne devaient pas lui être inconnus…

Certes, Lilja venait de sprinter comme jamais mais pas au point d’avoir des hallucinations. Là planté devant elle, Anya Soloviev n’y plus n’y moins que l’ancien bras droit de Komodo et nouvelle coordinatrice d’Existenz. Une beauté froide comme la proposition d’aide faîtes à la finlandaise, mais tout aussi réel que les lèvres empreint d’une jolie couleur bleuté.

« Non je ne crie pas, je m’exprime… » dit-elle le souffle court « Sinon j’ai effectivement besoin d’un coup de main »

Les sirènes se rapprochèrent, ce n’était plus qu’une question de secondes avant que les deux lourdauds ne transforment les deux femmes en cible vivante. Ne voyant aucune crainte s’affichait dans le visage glacé de la Russe, Lilja lui prit la main.

« On fera les présentation plus tard mais je m’en voudrait si ma futur patronne se prenait une balle perdu durant mon entretien… »

Lilja reprit sa course tirant avec elle Anya.

« Je ne crains pas les balles. »

Anya tira sur ta main pour t’immobiliser avant-même que tu n’ais pu commencer à courir, et la coordinatrice d’ExistenZ la garda dans la sienne. D’un ton tranchant, elle parla :

« Future patronne ? Savez-vous qui je suis ? Et que pourriez-vous m’apporter ? »

Visiblement, ces questions étaient plus importantes que la survie même des deux mutantes. Enfin… d’après l’attitude d’Anya Soloviev, en tout cas. L’urgence était bien présente, en tout cas, puisqu’une voiture de flics arriva de chaque côté de la rue, fermant le passage. De l’une d’elles sortirent les deux flics qu’avait agressés Lilja. Ils avaient dégainé leurs armes, et les pointaient sur les deux mutantes, prêts à tirer.

Cela ne sembla affecter en rien Anya, qui continuait de regarder fixement la mutante, comme pour jauger la réaction qu’elle aurait face à cette situation de crise…

« Je ne crains pas les balles. »

Lilja sourcilla l’air de dire "ouai ok c’est ça", mais elle manqua de se déboiter l’épaule lorsqu’elle voulu fuir. Son bras avait été retenu par la beauté polaire. Elle n’avait même pas forcé du moins son visage ne marquait nullement l’effort.

*What the F…*

D’un ton rageur sous la douleur de son épaule et de la pression des sirènes, Lilja lui répondit :

« Bien sûr que je sais qui vous êtes, Miss Existenz ! Anya Soloviev ! Bras droit d’un mouvement mutant dans lequel je me reconnais. Vous apportez quoi ? Déjà deux brin de jugeote car si on part d’ici genre maintenant c’est un paquet d’emmerde que je vais vous apporter sur un plateau »

Puis en imitant à la perfection la voix d’Anya elle rajouta :

« Alors je suis arrivé à vous faire entendre raison ? »

La Finlandaise aurait voulut voir la réaction de la Russe mais elle fut ébloui par les gyrophares d’une voiture de police. Elles étaient maintenant toutes les deux misent en joue par les forces de l’ordre.

« Super… »

Lilja se demanda alors si sa voisine avait réellement toute sa tête car comme depuis le début aucune expression de de…de quoi que ce soit d’ailleurs. La brune leva son bras disponible en signe de reddition l’autre étant bloqué au pôle sud.

« Un coup de main ? »

À ta réponse, Anya se fendit d’un sourire à peine perceptible. La raison de ce sourire ne l’était, en revanche, pas du tout. Était-elle amusée de la réponse ? De la situation ? Satisfaite de celles-ci ? Moqueuse ? Contente d’entendre sa voix dans la bouche d’une autre ? Rien ne permettait de l’identifier clairement. D’autant qu’elle ne répondit pas tout de suite.

Et puis, ce n’était pas vraiment le temps des réponses. Un coup de feu retentit, et l’instant d’après, Anya avait changé de position. Elle tenait entre deux doigts la balle que venait de tirer le petit policier nerveux. Lui était trop loin pour le voir clairement, et l’obscurité faisait qu’il ne distinguait sûrement pas clairement le résultat de son tir, ni le visage des deux mutantes. Mais la coordinatrice d’ExistenZ venait bien d’arrêter une balle à mains nues, prouvant ainsi ses paroles précédentes.

« Bien. Nous discuterons de tout ceci dans quelques minutes, dans mon bureau… »

De sa voix ne perçait aucun sentiment. Si bien que Lilja ne put savoir si c’était une bonne ou une mauvaise nouvelle.

Quoi qu’il en fut, elle ne put qu’être surprise de ce qui se passa ensuite… Anya attrapa l’autre bras de la mutante, et par une prise ferme, passa cette dernière dans son dos, afin de l’y maintenir. Lilja se retrouva en un instant sur les épaules d’Anya, comme un sac de pomme de terre. Et puis… Tout alla si vite qu’elle ne se rendit compte de presque rien. Elle ne vit autour que de la lumière, en traits inégaux et horizontaux. Et un affreux sentiment de vertige, pire encore que celui que l’on ressent dans les montagnes russes…

Si bien que quelques minutes après, contre toute attente, elles n’étaient guère plus dans les rues d’Helsinki.

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