[Courtier Jolène Ferjault] A Glasgow, la vie est un éternel recommencement.

Il est tard dans les rues de Glasgow. Deux...peut-être trois heures du matin. La petite écossaise n'arrivait pas à dormir. Insomnie. Ca lui arrivait fréquemment. A force de réfléchir trop...Et aujourd'hui, elle avait eu une réunion, ce qui n'était pas son esprit à ne pas réfléchir. Et les cafés ingurgités avaient surement aussi leur part de responsabilité. Et...il y avait autre chose qui lui tournait en tête depuis quelques temps. Trop longtemps surement. L'institut. Il fallait qu'elle y retourne. Mais il y avait toujours son militantisme ici...pouvait-elle se permettre de les abandonner? Mais pouvait-elle aussi se permettre de ne pas rejoindre l'institut où elle savait qu'elle pourrait toujours être utile...et puis...peut-être que...les autres...Son coeur se pinça à l'idée de revoir potentiellement ses anciens camarades. Si seulement...

Elle savait que les marches nocturnes lui faisait du bien. Au moins, elle ne tournait pas en rond dans la maison de ses parents à réveiller tout le monde. Surtout la copine de son frère...elle eu un sourire amusé à cette idée. Ils s'étaient bien trouvés ces deux là. En fait...c'était surtout pour ça...étant donné que marcher ne l'empêcher pas du tout de se prendre la tête. Au contraire.

Elle se passa la main dans les cheveux. La nuit était fraîche, elle avait bien fait de mettre une veste. Hum...
Elle resta quelques instants sans bouger dans la nuit, écoutant le silence et observant les lumières de la ville. Elle se décida à lever les yeux au ciel. Les lampadaires polluaient l'espace visuel mais quelques rares étoiles étaient encore visibles. Elle se remémora silencieusement les constellations visibles à cette époque de l'année. L'hydre, le bouvier, la grande ourse. Forcément la grande ourse. Toujours la grande ourse. Elle fit un faible sourire. Il faudrait qu'elle ressorte son télescope, le temps commençait à être assez clément pour se permettre des observations nocturnes.

Ces ballades étaient souvent un moment de souvenirs pour la jeune écossaise. Glasgow de nuit était sa madeleine de Proust à elle...ce qui était tout de même gênant quand on y habitait. Mais bon...

Elle continua sa marche, les yeux rivés sur le sol, se laissant porter par ses pieds sans réfléchir, attendant patiemment que le marchant de sable accepte de venir la voir ce soir.

Tandis que Jolène marchait, perdue dans ses pensées et ses observations célestes, une voix de femme l'interpella.

"Hey ! Toi, là !"

Elle se retourna et aperçut quelqu'un qu'elle n'avait pas vu depuis bien longtemps... Depuis avant même qu'elle n'arrive à l'Institut !


Ailein. Ailein Holme. Et la pauvre petite fille apeurée était devenue une belle jeune femme...

"Faut qu'on parle, Miss... Tu te souviens de moi, j'espère ?"

Elle avait une voix pleine d'assurance. C'était sur. Il n'y avait rien à voir avec l'Ailein de ses souvenirs...

On avait beau dire...marcher seule faisait du bien...elle avait l'impression que la ville lui appartenait dans ces moments là...un sentiment de quasi-toute puissance qui pouvait enivrer l'esprit rapidement. Mais ce sentiment absolu de tranquillité s'arrêta losrqu'une voix de femme l'interpella derrière elle. Jolène se retourna vivement...Cette voix ne lui était pas inconnue, même si elle semblait venir d'un temps lointain, une autre époque.

Ailein. C'était Ailein. Et elle avait bien grandi. Elle fit un sourire en secouant la tête. Elle était heureuse de la voir, étonnée mais heureuse. C'était un sentiment étrange qu'elle n'était plus forcément habituée à ressentir. Elle s'était interdit de se lier à de nouvelles personnes pendant trois ans, mais elle ne pouvait pas ignorer les anciennes...ça, surement pas. Surtout vu ce qu'Ailein et elle avaient vécues. Et le bracelet qu'elle lui avait donné et qu'elle avait gardé précieusement dans un coin.

"Vu la manière dont on s'est rencontrées, je me vois mal t'oublier Ailein."

Elle se rapprocha de la jeune femme, un demi-sourire sur le visage. Elle était bien loin de la jeune fille qu'elle avait rencontrée il y a plus de trois ans de cela. Avant qu'elle ne se rende compte de sa nature de mutante...

"Tu voulais me parler de quoi?"

Elle rentrait surement un peu violemment dans le sujet, mais les politesses n'étaient pas forcément son fort. Elle ne se voyait pas dire de but en blanc "ça me fait plaisir de te revoir", même si elle le pensait. Y a pas besoin de dire ce genre de choses. Ca se sait. Même si elle avait milles et unes questions à lui poser: qu'est-ce qu'elle devenait, comment ça se passait avec sa mère maintenant...tout un tas de choses d'importance plus ou moins grande...et surtout...Six...Mais elle poserait les questions plus tard...c'était peut-être important. En tout cas assez pour chercher à la voir de nuit.

Ailein tressaillit à la question de Jolène. Elle fit une drôle de moue puis montra un banc à son amie pour s'asseoir.

"Viens, on sera plus à l'aise là pour causer..."

Une fois installée, Ailein lança tout de go :

"T'es directe, ma vieille. Franchement, on peut pas dire que tu tournes autour du pot..."

Elle cligna de l'oeil et enchaîna :

"Bah en même temps, après je pourrais te payer une bière et évoquer le bon vieux temps qu'était pas si bon que ça... Mais bref..."

Ailein prit une grande inspiration et soupira.

"Maintenant que maman est morte, j'ai pris mon indépendance. Je crèche à droite, à gauche. Des fois chez Six, des fois dans la rue mais bon je vais pas me plaindre"

C'était intéressant de voir comment la jeune femme souriait tout en évoquant sa situation personnelle guère reluisante. Elle eut un petit rire en voyant le bracelet de Jolène.

"C'est marrant que tu l'aies toujours. Moi le mien s'est cassé il y a un an et je l'ai perdu... Mais bon. Faut que tu saches que je fréquente une association de lutte contre les sectes et... Là, j'enquête..."

Elle avait l'air si fière en prononçant ses mots. Tellement qu'elle marqua une pause avant d'enchaîner :

"J'enquête sur une drôle de bande. Elle fout la pétoche aux trouillards de mon asso. Ils m'ont dit de lâcher l'affaire, que c'étaient des notables, qu'ils étaient trop puissants et tout le toutim... Du coup, j'ai cherché à te retrouver vu que t'es la personne la plus courageuse que je connaisse !"

Jolène remarqua le mouvement de la jeune fille à sa question et s'assit à côté d'elle en s'adossant contre le bois.

"Désolée...le tact m'est inconnu. Et puis...je me suis dit que ça devait être important...Mais ça marche pour le pot...y s'est passé beaucoup de choses..."

Ca lui faisait du bien d'être avec quelqu'un qu'elle connaissait. Elle se redressa pour écouter ce que la jeune fille avait à dire. Y a pas à dire au niveau familial elle avait été gâtée. Elle avait tiqué en entendant le nom de Six. Au moins, il allait bien...enfin...elle supposait...Elle se passa la main dans les cheveux le regard sombre.

"Ca fait longtemps que...?"

L'histoire aurait pu être la plus pressée du monde, elle ne pouvait pas ignorer ça.

"T'aurais dû v'nir toquer à la maison...y aurait toujours eu de la place...Enfin...c'est facile de dire ça maintenant...mais c'est une proposition ouverte..."

Avoir des parents qui ne s'occupaient pas vraiment de ce que font leurs enfants avait souvent des avantages. Tant et si bien que l'écossaise était sûr qu'elle aurait pu inviter un car de scouts à venir manger à l'improviste à la maison et faire un feu de camps au milieu du salon qu'ils n'y auraient rien trouvé à redire...Alors une jeune femme...

"Et j'suis sérieuse hein..."

Jolène ne faisait jamais de propositions en l'air. Et surtout pas de cet acabit.
Elle souffla du nez avec un sourire en regardant son bracelet. Ouais...il avait bien tenu...malgré tout ce qui avait pu se passer. Son expression redevint sérieuse en écoutant la jeune fille continuer son histoire. Les sectes ne lui avaient pas vraiment réussi jusque là...et elle se faisait toujours un plaisir de les combattre. Elle regarda la jeune femme, ce n'était pas très étonnant qu'elle se soit lancée sur cette voie là après...enfin bref...

"T'as pas choisi une vie facile."

C'était un fait. Il n'y avait pas de reproches dans son ton, juste du respect. Elle le méritait amplement.

"C'est quoi ton asso'?"

Peut-être qu'ils auraient besoin d'aller les voir pour avoir plus d'infos. Et puis, c'était bon de connaître le nom de ses alliés. Même si c'était des peureux comme il semblait que ce soit le cas. Elle marqua une pause.

"T'as bien fait de venir me voir..."

Elle prit appui sur son coude et replia son genoux sous elle en se tournant franchement vers la jeune femme...Elle n'allait pas refuser une aide demandée.

"T'as quoi comme infos sur la secte? Comme lieux de réunions, membres importants, philosophie..."

"Ça doit fait à peu près 2 ans... Ouais, bien 2 ans... Elle est partie du foie maman, j'ai toujours cru qu'elle partirait de la tête mais en fait ça a été le foie..."

Ailein se leva et fit quelques pas autour du banc. Elle se passa la main dans les cheveux et poursuivit :

"C'est peut-être pas une vie facile mais c'est ma vie, ma belle. Et puis, j'sais pas... Je crois que j'ai pas osé venir t'embêter, tout simplement. Tu sais... Je t'ai toujours admiré et je me suis toujours sentie minable face à toi. Je devais me dire que je détonnerai trop dans ton univers familial. Comme si, avoir un toit et des parents normaux, ben c'était pas pour une fille comme moi !"

Elle sourit et alla se rasseoir. Caressant le bras de Jolène.

"Mon asso c'est l'Association de Vigilance contre les Sectes, l'AVS. On est quelques uns. Certains sont d'anciens adeptes, d'autres des travailleurs sociaux. Six vient de temps à autre mais je crois que l'expérience avec les Enfants de la Lune l'a calmé..."

Ailein posa sa tête contre celle de Jolène.

"En fait, ils ont pas vraiment de nom... On a eu l'info par des paysans d'une bourgade pas loin d'Inverness. Il se passerait de drôles de trucs au château de Cawdor. Des cérémonies avec du feu, de la musique étrange... Et puis pas mal de disparitions dans les parages. Bref, le truc louche"

Elle marqua une pause avant de terminer :

"Du coup, je l'ai dit aux gars de l'AVS et ils ont fait des recherches. Et il s'est avéré que le château a été acheté récemment par un certain Sir John. Et c'est là que les gars ont flippé : ils m'ont raconté que ce bonhomme serait un lord anglais doublé d'un richissime propriétaire terrestre. Il aurait été par le passé impliqué dans des affaires de proxénétisme et de fines parties qui auraient mal tournées... Il n'a jamais été inquiété, ni même interrogé par les services de police..."

Ailein eut un rire sonore.

"Bref, moi ça a piqué ma curiosité. Et j'irai bien jeter un œil par là mais... Fallait que j'en parle à quelqu'un"

"Y a aucune raison que tu te sente minable...D'autres se seraient bien moins tirés d'affaire...Tu peux être fière de toi...j't'assure. Enfin...je suis pas sûre que mes mots aient un quelconque effet mais...j'aimerais que tu me promettes de venir à la maison si un jour t'as un gros pépin. Ou un petit...ou si t'en ressens l'envie...Même juste pour une nuit ou une heure..."

Elle regarda la jeune fille dans les yeux. Elle ne voulait pas un accord de principe, mais une vraie promesse. Et voulait s'en assurer.

AVS? L'écossaise nota le nom dans un coin de son esprit. Six y passait aussi. Ce n'était pas étonnant en fait...tout comme il n'était pas non plus étonnant qu'il n'y passe pas ses nuits...

"Ca aurait refroidi pas mal de gens je pense."

Lorsque la jeune fille posa sa tête contre la sienne, elle eut un petit mouvement réflexe. Mais elle se remit en place rapidement. Elle ne voulait pas...Enfin...Ailein lui faisait penser à Georgia par certains côtés: tactile et un peu paumé. D'ailleurs en parlant de Georgia, elle avait lu des trucs sur elle et...non...Ce n'était présentement pas important de penser à ça. Elle passa son bras autour de la tête de la jeune fille et commença à lui caresser les cheveux en continuant d'écouter la jeune fille. Elle voulait la rassurer. Qu'elle se sente en sécurité et acceptée. Elle en avait surement besoin.

Ainsi donc la secte se trouvait à Iverness. C'était dans les Highlands si elle ne se trompait pas. Et le château était pas loin. Et ce qu'ils faisaient n'étaient pas sans lui rappeler la secte de la lune. Mais elle préféra ne pas l'évoquer tout haut. De toute façon, il y avait de fortes chances pour qu'Ailein ai déjà fait le rapprochement...Il y avait peu de chance que ce soit cette secte en particulier cependant...Après tout, ce n'était surement pas la seule a être composée d'illuminés croyant au feu libérateur. Et le chateau appartenait à un sir John, plutôt puissant apparemment. Et pas inquiété pour deux sous. Jolène fit une moue de dégoût.

"Forcément, avec du pouvoir et de l'argent, on va pas le déranger..."

Elle se passa la main dans les cheveux.

"T'as un plan d'action? Tu veux agir quand?"

Pour savoir si ils avaient le temps de réunir peut-être du monde et du matériel où si ils allaient y aller de suite comme ils étaient.

Ailein embrassa sur la joue son amie.

"C'est promis, je le ferai... Plus de fierté mal placée quand j'aurai froid ou faim ! J'irais t'embêter ou aller casser les pieds à Six !"

Puis, elle s'écarta quelque peu pour réfléchir à la question de Jolène. Finalement, Ailein lança très sure d'elle :

"Il nous faut un moyen de transport et du matériel de camping ! Pis des trucs à manger et à boire. Des jumelles ou du matériel d'observation. Pis..."

Elle sourit. Elle était heureuse.

"Ça va être marrant. Dès qu'on a trouvé ça, on se mettra en route, non ?"

Puis elle montra l'envers de ses poches de pantalon.

"En revanche, je crains de ne pas avoir un sou vaillant sur moi !"

Ailein éclata de rire. Un rire juvénile mais puissant.

Jolène eut un petit sourire en acceptant le bisou. Elle était rassurée maintenant.

"J'espère bien."

Elle avait dit ça avec humour, son demi sourire sur les lèvres. Elle savait qu'elle pouvait lui faire confiance pour devenir "raisonnable".
Jolène écouta le plan proposé par Ailein. C'était marrant, mais dit comme ça, elle avait l'impression d'aller partir en week-end entre amies...ce qui au final n'était pas très proche de leurs réels projets.

"Au niveau nourriture et boisson, y a pas de soucis, j'peux fournir...pareil pour le matos d'observation."

Si un jour elle avait su que son matériel optique servirait à ça...elle se serait pas crûe elle même...

"Après pour le camping...heu...avec un peu de chance je devrais pouvoir trouver quelque chose dans un coin de la maison..."

Elle en avait personnellement jamais fait, que ce soit avec ses parents ou son frère. Mais peut-être que lui...ou eux pendant leur jeunesse...Bref...

"Par contre pour le moyen de transport..."

Là...ça se gâtait. Elle ne se souvenait même pas avoir utilisé autre chose que les transports en commun dans sa vie avec sa famille. Ils pourraient p'tet trouver un vélo ou un truc du genre...mais jusqu'au Highlands avec du barda sur le dos...

"J'crois qu'on va devoir faire appel à nos connaissances respectives étant donné que là..."


Elle fit un petit sourire qui signifiait "désolée". Elle avait bien pensé à demander à Six directement, mais elle ne voulait pas l'embarquer de force dans cette aventure...Si elles n'avaient pas le choix...oui...mais sinon...au pire, elles lui emprunteraient sa voiture sans l'emprunter lui.

Les filles établirent des plans et des listes pendant une bonne partie du reste de la nuit. Le garage de la famille de Jolène révéla quelques secrets et trésors : il y avait des duvets, une tente avec les sardines nécessaires à son dressage, un réchaud, de la corde et des lampes frontales.

Visiblement, les parents de l'écossaise avaient fait de la spéléologie dans leur jeunesse.

Ailein fut accueillie à bras ouverts pour la nuit. La jeune fille en parut très émue. Et, bien heureuse de dormir dans la chambre de Jolène, elle passa une très agréable nuit.

Au lendemain, les deux filles partirent avec leurs lourds paquetages contenant, notamment, le matériel d'observation. Ailein avait proposé de faire le trajet en stop, compte tenu du fait qu'il n'y avait que 200 bornes et que Six n'avait pas répondu au message qu'elle avait laissé sur son répondeur.


Assez rapidement, les deux filles trouvèrent un conducteur qui rentrait vers le nord. Inverness était sur son passage. Le type en question, Douglas, était ouvrier dans une petite manufacture à une trentaine de bornes d'Inverness. Avec Ailein et Jolène, il parla de la pluie et du beau temps... Jusqu'au moment de la question fatidique :

"Dites les filles, vous allez faire quoi là bas ?"

Les deux jeunes filles rentrèrent chez la jeune écossaise et commencèrent à fouiller la cave...Coup de bol pour elles, il semblait qu'il y ai eu quelques passions montagnardes dans la famille...et le camping en avait fait partie intégrante en toute logique. La vie faisait parfois bien les choses...Elles empaquetèrent le tout dans des sacs avant d'aller se coucher. Etrangement, à peine la tête posée sur l'oreiller, la petite écossaise tomba dans un sommeil profond, un sourire sur les lèvres. Définitivement...les marches nocturnes lui réussissaient plutôt bien. Elle était tranquille...pour la nuit du moins.

Le lendemain matin, elles partirent avec leurs paquetages. Ailein semblait avoir fait une bonne nuit, ça faisait un grand plaisir à l'écossaise. Peut-être qu'elle aurait moins de difficultés à venir maintenant...qui sait?
Ailein lui apprit que Six n'avait pas répondu à son message (ce qui d'un certain point de vue rassurait Jolène, au moins, il n'aurait pas à se mettre en danger) et elles allaient donc faire du stop. 200 bornes c'était clairement jouable...

***

Un conducteur accepta de les prendre et de les emmener jusqu'à Inverness alors qu'il allait dans une petite manufacture à 30 bornes de la ville. S'en suivi la traditionnelle discussion sur le temps qu'il faisait. Le voyage se passait plutôt bien jusqu'à ce que...Enfin...de toute façon, elles n'y auraient pas coupé...Et puis bon...avec leur matériel, elles avaient une excuse toute trouvée...

"On va aller faire du camping dans les montagnes...Y va bientôt y avoir des pluies d'étoiles et avec les lumières de la ville on préfère s'éloigner un peu...Sinon on les voit pas..."

Elle fit un sourire au conducteur. Après tout, il n'y avait aucune raison qu'ils ne les croient pas. Elle montra la lunette astronomique du doigt, comme pour confirmer ses dires.

"Enfin...je suis contente, cet hiver il a fait tellement moche que les nuages ont empêcher de voir quoique ce soit...Après...ça veut dire que ça annonce un bel été...et on pourra observer la grande nuit des étoiles filantes sans problèmes...Enfin j'espère...surtout que cette année, Jupiter sera la plus rapprochée de la Terre depuis des décennies. J'ai hâte d'être en août."

Et elle continua son discours sur les conférences qui allaient avoir lieu, sur un obscur astronome qui venait de découvrir une nouvelle exoplanète ou bien sur la nouvelle lunette qui était sortie avec encore plus de miroirs et de lentilles. Bien sûr qu'elle se forçait...mais si elle l'abrutissait assez avec son blabla, peut-être qu'il les laisserait tranquilles et qu'il ne chercherait pas à en savoir plus. Et puis bon...ils restaient dans le domaine du céleste après tout...entre ça et le beau temps...

Douglas parut satisfait de la réponse de Jolène. Aussi le reste du trajet se déroula dans un échange de banalités sans nom...


Quand quelques heures après le début de leur périple, Ailein demanda à Douglas s'il pouvait les laisser devant le Château de Cawdor, ce dernier pila et ordonna aux filles de descendre et de reprendre leurs paquetages.

"Pas question que j'approche de cet endroit maudit ! Et un conseil d'ami : rebroussez chemin ! La "compagnie des amis" n'est pas une chose que vous voudriez connaître !"

Et sans autre forme de procès, Jolène et Ailein furent abandonnées non loin d'Inverness.


Trouver un autre transport prit du temps mais finalement elles y arrivèrent : un touriste français qui ne connaissait absolument pas la région accepta de les conduire. Il les laissa à environ un kilomètre du château. En effet, il n'était pas possible d'aller plus loin : l'accès était clôturé et un panneau signifiait qu'il s'agissait bel et bien d'une propriété privée.

Ailein n'en eut cure et enjamba la barrière. Si bien que les deux jeunes femmes arrivèrent aux alentours de onze heure du soir non loin de la sinistre bâtisse.


Loin devant elle, au niveau du parvis du château, des silhouettes faisaient les 100 pas. Mais à part cela, tout était calme... Peut être trop calme.

La réponse était suffisante...c'était normal après tout, qu'est-ce que deux jeune filles comme elles pourraient faire d'autres près d'Inverness avec des sacs de couchage et des lunettes? Rien...

Le reste du voyage se passa tranquillement. Il n'y eu pas d'autres questions fâcheuses, pas de problèmes...Rien du tout...Si ce n'est que, à l'approche de leur destination, Ailein demanda à leur chauffeur de les déposer aux château. Erreur cruciale. L'endroit était tabou dans le coin. Elles furent priées de descendre de la voitures et leur chauffeur s'en reparti sans aucune autre forme de procès.

"Rassurant...enfin...on trouvera bien quelque chose..."

Et elles trouvèrent bien...après...pas mal de temps en fait...mais elle trouvèrent...pas une personne du cru cependant...non...un touriste français...L'écossaise en profita pour pratiquer sa langue paternelle. L'homme les déposa le plus proche possible pour lui...c'est à dire avant la barrière cloturée. Elle remercia l'homme dans sa langue natale avant d'aller rejoindre Ailein.

La jeune fille enjamba la clotûre sans une once d'hésitation. Jo' eut une impression bizarre en faisant ça...elle avait le sentiment d'avoir pris leur mission un petit peu trop à la légère et craignait qu'il n'en soit de même pour Ailein.
Elles marchèrent en direction du chateau et arrivèrent à son niveau plutôt tardivement. Bien sûr...elles n'auraient pas pu arriver en plein jour...ça aurait été bien trop simple surement...Au loin, l'immense bâtiment était visible. Et...quelqu'un qui visiblement faisait une ronde aussi...ou qui attendait quelqu'un...Et rien d'autre...ça paraissait mort malgré la verdure...le calme avant la tempête...

"J'le sens pas..."

Il n'y avait pas de peur dans sa voix. C'était un fait...Elle entraina la jeune fille et elle même dans un coin où elles étaient peu exposées et où elles pouvaient avoir une vue à 360° tout en restant invisibles au maximum. Elles ne pouvaient pas foncer dans le tas...Non...ce serait trop dangereux...Surtout pour Ailein, elle n'était pas préparée à ça...Elle commença à sortir le matériel d'observation pour voir les alentours, principalement l'homme, elle verrait ainsi si il s'agissait de l'hôte ou d'un simple garde, mais aussi les fenêtres. Et tous les coins qui pourraient potentiellement servir à mettre des miradors ou des trucs traîtres dans le genre.

"J'vais regarder...toi fait le guet...si jamais t'entend ou tu vois quelqu'un approcher...tu me préviens de suite..."

Elle se plaça ensuite de telle manière de voir le plus possible la scène sans pour autant être vue. Il fallait qu'Ailein assure sur ce coup, sinon, elles risquaient d'y passer toutes les deux.

A l'initiative de Jolène, les deux jeunes filles se cachèrent avec leurs bagages dans les fourrées. L'écossaise surveillait l'entrée du château tout en déballant son matériel d'observation. Une fois celui-ci monté, elle put observer plus précisément les personnes qui se trouvaient sur le parvis.

Il y avait deux sentinelles, pistolet à la ceinture, qui étaient en train de discuter sur le parvis. Ils blaguaient et fumaient une cigarette. Deux sentinelles donc.

Il ne semblait pas y avoir de miradors ou de gardes en faction dans le parc en revanche... Bonne pioche !

Faisant un bref passage sur les fenêtres de la bâtisse, Jolène remarqua la présence de barreaux sur toutes les ouvertures de l'établissement. L'une d'elle s'alluma brièvement et Jolène crut voir une jeune fille entièrement nue.

Des éclats de voix sortirent Jolène de ses observations.

Sur le parvis un gros type barbu en costume cravate venait de sortir.


Visiblement, il semblait enguirlander les gardes. Ceux-ci étaient au garde à vous et avaient lâché leur clopes. L'engueulade dura bien 5 minutes mais comme il n'y avait pas le son c'était difficile d'en savoir plus... A la fin, le barbu pénétra à nouveau dans le château, laissant les deux soldats se remettre de leurs émotions. L'un d'eux resta devant le parvis tandis que l'autre entreprit de faire le tour de la bâtisse, la main sur son pistolet à la ceinture...

Okay...donc...deux sentinelles...armées...ouaip...donc c'est louche...bien qu'elle le savait déjà...Elle pourrait toujours en mettre une hors d'état de nuire...mais l'autre aurait surement le temps l'attaquer...de front c'était pas possible...faudrait trouver un autre moyen de rentrer...Mais au moins, y avait ni miradors dans le jardins, ni autres gardes...donc soit le monsieur le châtelain avait pas les moyens de se prendre d'autres gardes, ce dont la petite écossaise doutait fortement, soit il avait décidé volontairement de n'en prendre que deux pas excès de confiance...soit il en avait d'autres bien cachés à l'intérieur des murs. Elle penchait pour cette dernière option. Le tout ne serait pas de rentrer, mais de ne pas se faire prendre à l'intérieur.

Et au niveau entrées, les fenêtres c'était même pas la peine d'y penser. Y avait des barreaux à toutes les fenêtres...ce serait donc l'entrée principale ou rien...Bon...fallait réfléchir à...

*Tiens? Qu'est-ce qu'elle fait là?*

Elle avait crû voir pendant un court instant une jeune femme dénudée derrière une fenêtre...Vu ce qu'elle savait de la secte (pas grand chose en somme)...c'était peut-être pas bon pour elle. Elle tenta de repérer la fenêtre pour pouvoir accéder à la pièce une fois qu'elles seraient rentrées.

Les bruits d'une discussion agitée la firent revenir sur le perron. Un homme barbu était sorti et enguirlandait violemment les deux gardes. Sans aucun doute Sir John...Enfin...à cette distance et sans savoir lire sur les lèvres...elle ne savait rien de ce qu'il se disait. "Sir John" rentra ensuite à nouveau dans le bâtiments. L'un des gardes resta sur le parvis à surveiller ce qu'il se passait tandis que l'autre faisait le tour de la bâtisse...Bon...ils s'étaient séparés, ça simplifirait grandement le travaille de la petite Ecossaise...

Elle posa la lunette à côté d'elle et fit un rapide debrief à Ailein en tentant de n'omettre aucun détail.

Ailein écouta avec attention ce que Jolène avait à lui raconter. La jeune femme tremblait, ses petits poings crispés. De rage ?

"Il faut absolument en savoir plus ! Je suis sure que ce sont des malades et que cette pauvre fille est prisonnière !" chuchota Ailein de manière emportée.

Et en effet, compte tenu du passif qu'avait la jeune femme avec les sectes tout cela se comprenait parfaitement...

Ailein se calma un instant pour réfléchir puis reprit :

"Va falloir entrer. Tu veux que je tente une diversion ?"

Le deuxième garde avait fini par tourner à l'angle du bâtiment. Dans le champ de vision des filles ne demeurait plus que le planton en faction sur le parvis...

Ailein sembla se mettre en colère violemment. Comment pourrait-il en être autrement avec ce qui lui était arrivé? Elle lui posa la main sur l'épaule pour l'apaiser comme elle pouvait.

"T'inquiète...on va rentrer...faut juste qu'on réfléchisse à "comment"..."

La jeune fille proposa de se poser en diversion. L'idée ne plaisait pas plus que cela à Jolène...mais il semblait bien que c'était la seule qu'elles pouvaient se permettre d'avoir. Attaquer de front était clairement impossible. Surtout que pour le coup, ce serait pire niveau discrétion...non il fallait tenter le coup...

L'autre garde disparu de leur champs de vision en même temps qu'il tourna au coin du mur, c'était le moment pour elles d'agir.

"Ca marche...tu vas le distraire d'un côté...de manière pas trop violente...et plutôt discrète...touriste paumée par exemple...et je l'attaque de l'autre pendant ce temps là..."

Elle regarda la jeune fille.

"Ca te va?"

Elle attendit la réponse de la jeune fille avant qu'elles ne se mettent en place, rangea un peu les affaires pour qu'elles restent discrètes et avança discrètement vers leur cible. Leur plan était simplissime. Ailein d'un côté, elle de l'autre. Il faudrait juste qu'elle se rapproche discrètement au maximum pour avoir moins de distance à parcourir. Lorsqu'elle le toucherait, elle lui enverrait une décharge dans les jambes pour qu'il soit déséquilibré, une dans la bouche pour qu'il ne puisse pas donner l'alerte et elle tenterait de l'assommer sur le mur ou le sol. Après tout, contre quelqu'un qui n'a plus de jambes, c'est tout de même plus facile...

Ailein acquiesça silencieusement puis sortit des fourrées. Elle s'approcha du garde en dandinant du derrière et en adoptant sa mine la plus candide possible.

Elle l'interpella tandis que Jolène se faufilait à travers les buissons pour se rapprocher du planton :

"M'sieur, vous auriez le téléphone ici ? Je me suis perdue et faut que j'appelle ma tatan qui doit s'inquiéter ?"

L'homme sursauta et mit la main à sa ceinture. Voyant Ailein, il prit un air lubrique et répliqua sur un ton grivois :

"Alors elle fait quoi la p'tite poulette là ? Tu sais pas que t'es sur une propriété privée ? Hein ? Normalement faudrait que je fasse mon rapport à mon supérieur mais y a peut être un moyen de s'arranger si t'attends juste que mon pote revienne de..."

Trop tard pour lui ! Jolène venait de lui bondir dessus : une première décharge aux jambes le fit vaciller, une deuxième lui paralysa la mâchoire et... à deux mains l'écossaise projeta la tête du planton contre le mur en pierre de la bâtisse. Il s'écroula d'un bloc, bien engagé pour un voyage de quelques heures au pays des fraises tagadas...

Ailein fit le signe de la victoire à Jolène et s'approcha de la porte d'entrée. Précautionneusement elle l'ouvrit...


... et dans le hall elle ne trouva personne. En revanche, des bruits de conversation provenaient de l'étage.

*
**

Suisse


Kalalli débarqua en compagnie de Charline aux abords du château de Cawdor, à la nuit tombée. Ils virent tous les deux la grille clôturant le domaine et ils l'enjambèrent sans aucune difficulté. Puis, ils s'avancèrent discrètement dans les bois pour se rapprocher au maximum de la bâtisse.


Là, ils aperçurent une drôle de scène... Une jeune femme s'approchait lentement vers une sorte de planton. Un échange eut lieu entre les deux et il semblait qu'il y avait une espèce de tension sexuelle dans l'air ! Jusqu'au moment où une furie déboula des fourrées et attaqua le garde. Ce dernier, KO, s'affala à même le sol après avoir vu sa tête rencontrer le mur.

La première jeune fille ouvrit les portes du château.

Et Kalalli réalisa qui était la seconde jeune femme... Jolène !

Ailein jouait vraiment bien le rôle de l'ingénue perdue au milieu de nul part...Un peu trop bien peut-être même...Tellement bien que cela donna des idées au garde. Qui ne s'en cacha vraiment pas.

*Gros porc.*

C'est à cette pensée qu'elle décida de passer à l'attaque pour sauter sur l'homme. Première décharge dans les jambes, il vacille. Deuxième dans la mâchoire, il ne peut plus parler. Troisième mouvement, elle le prend à deux mains et le jette contre le mur. Il y avait une sorte de joie sauvage à avoir assommé un type dans ce genre. Du genre gros dégueulasse. Jolène 1- Libido 0.

Elle fit un signe de tête à Ailein avant de s'accroupir pour prendre tout ce qui pouvait être utile sur le corps inanimé de l'homme -Pistolet, cartes pour passer, talky...- et le pousser sans aucune délicatesse dans les buissons pour qu'il soit moins voyant avant d'aller rejoindre la jeune fille dans le hall. Un grand hall, bien aménagé, bien propre, bien rangé de ce qu'elle en voyait par la porte ouverte. Y connaissaient pas vraiment la misère eux.
Elle rejoignit Ailein Il ne semblait y avoir personne dans le coin. Par contre à l'étage...Elle empêcha Ailein de bouger en l'attrapant doucement par le bras et ralentit au maximum sa respiration pour faire le moins de bruit possible. Elle voulait voir si elle pouvait entendre quelques mots de la conversation sans monter, ou des bruits de pas qui pourraient indiquer que quelqu'un s'approchait du hall avant de continuer à avancer. Ce serait stupide qu'après leur avancée, elles se fassent attraper par la femme de chambre qui descendait les escaliers.

Spoiler:

Visiblement, oui, Charline était bien décidée à se rendre en Ecosse pour mener l'enquête. Après tout, ça ne durerait que quelques jours en effet... Peu de temps plus tard, La journaliste recontacta l'Inuit en lui indiquant qu'elle avait les fonds pour se rendre dans le pays et rapidement, ils débarquèrent dans le Nord du Royaume-Uni.

Les deux alliés se dirigèrent donc vers le château du Lord psychopathe en s'introduisant dans son domaine et s'approchèrent sensiblement du bâtiment alors que la nuit tombait. Là, une étrange scène se déroulait. Devant l'entrée, une fille semblait se dandiner et draguer un garde. Pour que le lieu soit défendu, ils pouvaient être sûrs d'être au bon endroit. Mais le plus surprenant arriva ensuite, lorsqu'une autre fille sortit des fourrées et neutralisa de quelques touches successives l'homme qui s'effondra.

Kalalli plissa les yeux pour tenter de mieux voir les visages. Autant l'un lui était inconnu, autant l'autre lui disait nettement quelque chose, malgré la longueur des cheveux. Et puis cette façon de neutraliser...

Tandis que celle qu'il avait reconnue restait dehors, la première fille rentrait dans la bâtisse, bientôt rejointe par Jolène après une fouille du corps du garde. L'Inuit indiqua à Charline :

" Je connais une des filles... C'est dingue. On a été en cours ensembles... "

En cours, en quelque sorte. La journaliste ignorait même qu'il était mutant et n'avait pas besoin de le savoir pour le moment. Kala savait que Jolène était écossaise, mais il ignorait qu'elle était retournée dans son pays après tout ce temps, et surtout, la probabilité de s'y croiser était basse voire nulle. Sans compter qu'infiltrer le château d'un dingue à la tombée de la nuit était encore plus inhabituel que de se croiser dans un pub. Le monde paraissait parfois petit...

" Il faut qu'on rentre avec elles. "

Kalalli se faufila discrètement jusqu'à la porte d'entrée en se tenant prêt à neutraliser n'importe quel individu qui apparaîtrait.

La fouille du garde avait permis à Jolène de récupérer son pistolet, un trousseau de clés, un chargeur de munitions et un talkie-walkie... A l'aide d'Ailein, la petite écossaise cacha le planton inconscient dans un buisson.

Une fois à l'intérieur, les jeunes femmes ne firent aucun bruit et tentèrent d'entendre ce qui se tramer à l'étage. Mais surprise de taille pour Jolène : Kalalli et une blonde inconnue entrèrent à leur suite. Ailein sursauta mais se retint de dire quoi que ce soit. Après tout, Charline et Kalalli n'avaient pas l'air belliqueux.

La blonde chuchota à Ailein :

"T'inquiètes pas, je suis journaliste et lui, il connait ta copine. On s'appelle Charline et Kalalli..."

Pendant ce temps à l'étage, les 4 jeunes gens purent entendre un drôle de monologue :

"En ayant pris la décision d'épouser chacun l'une des filles des autres, nous avons scellé à tout jamais notre amitié dans un pacte criminel. Que les fêtes qui se sont tenues ici par le passé puissent être vouées à paraître ternes et sans éclat en comparaison de la cérémonie sanglante que nous allons tenir ! Et que cette dernière deviennent une source d'inspiration pour tous les esthètes en mal de sensation pour les siècles et les siècles à venir. Car chers amis, l'homme sera toujours un loup pour l'homme. Et l'exploitation d'autrui en tant que simple bien de consommation courante est le combustible de nos sociétés..."

La voix marqua une pause et ajouta :

"Hum... Lawrence, que pensez-vous de cette dernière phrase ?"

Une autre voix se fit entendre :

"Parfaite, Monsieur Ackerman. Ce texte est un nectar pour mon âme !"

Le pistolet pourrait toujours être utile, ça faisait toujours son petit effet. Les clefs aussi...pour libérer la jeune femme. Elle ne se voyait pas détruire une porte à coups d'épaules comme dans un film. Et elle ne voyait pas plus Ailein le faire...Quoique...peut-être que la jeune femme avait des talents cachés...un peu à la Gilles...Le souvenir d'un membre de l'institut lui fit remonter des souvenirs nostalgiques avant de s'embrumer à nouveau dans son esprit. Même lorsqu'elle aurait rejoint l'institut, rien ne laissait penser que les autres en ferait de même...ou même qu'ils étaient encore en vie...enfin...

A l'intérieur...le silence se fit entre les deux jeunes filles pour écouter...mais deux personnes étaient rentrées derrières elles. Jolène se retourna vivement craignant l'apparition d'un couple de gardes.

Ce n'était pas possible...Ses yeux s'agrandirent sous le coup de la surprise. Il était plus grand que dans ses souvenirs mais...mais sinon, il avait pas changé d'un iota. Elle s'arrêta de respirer pendant quelques instants, bouche bée. C'était une blague qu'on lui faisait...Quelles étaient les chances pour qu'il ait la même folle idée d'aller dans ce château le même soir? C'était...who...surprenant...

"Kala? C'est toi?"

Elle remit une mèche de cheveux en place derrière son oreille en s'approchant doucement du jeune inuit. Elle aurait presque pu avoir envie de le serrer dans ses bras si la situation n'était pas celle qu'elle était...

"Mais qu'est-ce que...c'est pas..."

Elle posa sa main sur le bras du jeune homme, comme pour s'assurer qu'il était bel et bien réel. Et devant la consistance du corps, un sourire étonné se dessina. D'abord Ailein, mais elle au moins, elle était dans la même ville qu'elle. Kala il venait de...elle ne savait pas trop où il avait pu passer les trois dernières années de sa vie. Elle se secoua la tête vivement pour se remettre les idées en place. Ils étaient en mission. Fallait qu'elle se ressaisisse. Elle avait beaucoup de questions à poser, des souvenirs à ressasser. Mais plus tard...

"Jolène."

En réponse à la présentation de la journaliste. Elle posa son doigt devant ses lèvres et leva les yeux vers le plafond pour écouter ce qui se disait en haut l'air sombre et concentré. C'était effrayant. Effrayant et révulsant. C'était surement le barbu qui parlait. Dégoûtant de décadence et d'immoralisme. Elle regarda Ailein en biais, l'air mauvais désignant le plafond d'un mouvement de tête. Eux aussi ils...ils allaient voir ce qu'ils allaient voir. Oser utiliser leurs filles comme...de jouets sexuels pour d'autres...il n'y avait pas de mots pour ça...Elle soupesa le pistolet dans sa main en regardant Ailein. Mieux valait qu'elle le garde pour elle et qu'elle ne lui donne pas. Il y aurait de gros risques pour qu'elle fasse une énorme bêtise...compréhensible par ailleurs.

La voix s'arrêta, demandant à surement un quelconque domestique son avis. Le dit domestique lui répondit. Ackerman. Pas John? Hum...Où était l'autre alors? Surement qu'il arriverait plus tard.

"Vous feriez sans doute mieux de nous attendre ici Charline."

Le ton était sans appel. Elle aurait bien aimé laisser Ailein là aussi mais...elle ne pouvait pas se le permettre alors qu'elle était à l'origine de tout cela. Bien sûr...si Kal' décidait qu'il valait mieux pour eux de la prendre...et bien ils la prendraient...Mais les journalistes...hum...elle n'avait pas forcément eu le meilleur aperçu possible avec la sentinelle dirons-nous.
D'un autre côté...maintenant y avait l'illusionniste avec eux...son visage se détendit un court instant.

"J'espère que tu t'es amélioré depuis notre combat..."

Demi-sourire. Pause.

"Ca me fait plaisir de te revoir...bien que les conditions ne soient pas optimales."

Léger clin d'oeil. Tape sur l'épaule. Avant que son visage ne se rassombrisse à nouveau et que ses mains rejoignent le pistolet pointé à deux pas devant elle. Elle pourrait surement compter sur lui pour qu'ils puissent monter sans se faire voir. Ils avaient fait des missions ensemble et même si elle n'avait pas pu éprouver à nouveau les pouvoirs de l'inuit, elle savait qu'il était bon...et qu'elle n'aurait aucune chance de le battre aujourd'hui.

Charline ne se fit pas prier pour pénétrer dans le château. Et rapidement, Kala eut la confirmation qu'il n'avait pas rêvé.

" Jolène... " répondit-til à l'air ébahit de la jeune femme avec un grand sourire.

Lui non plus ne se serait jamais attendu à la retrouver ici. Et le fait qu'elle le reconnaisse ne trompait pas. Surtout avec son prénom aussi particulier. L'ancienne LeX faillit demander ce qu'il faisait là, et dans l'immédiat, c'était la première question logique qui pouvait venir.

" Sir John a kidnappé sa fille en Suisse et a tué sa femme devant moi... Alors je suis là... "

Ce qui n'était pas particulièrement logique quand on y repensait. Rien ne le liait vraiment à tout ça... Mais si Jolène était là, c'est que quelque part, il avait eu raison de venir. Le garçon posa également une main sur le bras de son amie en l'imitant. Puis elle se présenta à Charline juste avant que des voix ne viennent de l'étage. Quelqu'un s'entraînait à réciter un discours qui parlait notamment d'épouser la fille de l'autre personne à qui on se liait.

" Ca explique l'enlèvement... " nota Kalalli plus pour lui même que pour les autres.

Jolène demandait à Charline de les attendre là puis lança un petit rappel taquin à l'Inuit de leur dernier duel.

" Si mon joueur ne s'était pas planté de date limite IRL pour répondre, je t'aurai eue J'espère que tu as perdu du poids depuis que tu m'as marché sur la tête... "

Même demi-sourire. Ce souvenir en faisait remonter beaucoup d'autres, comme le gros combat par équipe et la boule lumineuse que Jade lui avait explosé en pleine figure.

" On aura le temps de discuter après tout ça. Je suis heureux aussi. "

Il fallait songer à la mission avant tout. Ce n'était pas le moment de perdre du temps.

" Je vais paralyser l'étage du dessus. On attache les présents, on les fouille s'ils ont des armes, et tu pointes ton pistolet sur celui qui a l'air d'être le chef. Je relâche l'illusion et on interroge pour trouver John s'il n'est pas là, et où sont les filles. "

Kalalli sourit à Jolène. Il se serait cru remonter quelques années plus tôt. Il lança donc son illusion à l'étage entier, paralysant d'une influence agréable (à cause des victimes) tout ce qu'il pourrait rencontrer à plusieurs dizaines de mètres, puis monta à l'étage doucement pour analyser la situation.

La journaliste fulmina aux paroles de Jolène. Et son scoop dans tout cela ? C'était injuste. C'était...

"Très bien, je ne bouge pas. Mais je note qu'il y a du mutant dans l'air et c'est pas plus mal" lança Charline, voyant que Kalalli ne semblait avoir émis aucune objection à ce plan.

L'inuit balança son illusion agréable à l'étage et rapidement ils n'entendirent plus personne parler.

Jolène et Kalalli ouvrirent la marche jusqu'à l'étage, suivis de près par Ailein qui semblait être particulièrement amusée de la situation. Elle lança à l'inuit, sur le ton de la plaisanterie :

"C'est pratique, ton truc. Faudra que me l'apprennes"

A l'étage, dans le couloir, plusieurs hommes étaient au sol. Il y avait d'abord une demi-douzaine de gardes qu'Ailein entreprit de désarmer un à un et d'attacher le plus solidement possible avec leurs ceintures et lacets. Et il y avait également deux hommes plutôt bien habillés...


Le premier était un immonde rouquin.


Quant au second, c'était le barbu que Jolène avait déjà aperçu de loin sur le parvis.

Ils furent également saucissonnés à l'aide du matériel récupéré sur eux.

Jolène pointa son arme sur le roux, tandis qu'Ailein mettait en joue le barbu avec un pistolet qu'elle venait de récupérer sur l'un des gardes.

Kalalli put ainsi relâcher son illusion en toute sécurité.

Si le barbu ne pipa mot, le rouquin lança l'air ravi :

"Mais quel délice sublime que ce beau rêve que j'ai fait. Torturer une jeune fille de mon sang pendant plusieurs heures sans risquer de la tuer, quel bonheur ! Et recommencer encore et encore l'ignominie voilà la véritable volupté. La répétition dans le mal... Merci, jeunes gens !"

Il ricana. Avant d'ajouter :

"J'imagine que vous ne savez pas réellement ce que vous encourrez pour avoir porté la main sur la Compagnie des Amis ?"

L'inuit semblait tout aussi heureux qu'elle de la retrouver...bien qu'aussi étonné. C'était le kidnapping de la fille John qui l'avait menée ici. A croire que les sectaires se faisaient un malin plaisir à enlever leur propre progéniture.

Kal' répondit à sa pique par une attaque amusée...Que Jolène feint de ne pas relever en levant les yeux au ciel. Ils se battraient là-dessus une fois toute cette histoire terminée.

Kal' lança ensuite son illusion. Ou plutôt, Jolène supposa qu'il l'avait envoyé en le suivant dans l'escalier. Charline restait en bas. Tant mieux, si y avait un problème en haut, elle ne serait pas mise en danger.
Arrivés en haut, ils découvrirent six gardes plongés dans l'illusion dont Ailein s'occupa en les attachant et en les désarmant...heureusement que l'illusionniste était arrivé, elle se se serait pas vue les éliminer un par un comme le garde de l'entrée.

Et puis deux hommes. L'un des deux était M. John/Akerman, elle ne savait plus trop, le Barbu, et l'autre devait être Lawrence. D'ailleurs il faisait peur à voir...il ressemblait aux méchants caricaturaux de dessins animés. Elle le menaça avec son pistolet tandis qu'Ailein faisait de même avec M. Akerman/John. Ce dernier resta muet, tandis que l'autre se mit à parler. Elle reconnu la voix. C'était bien Lawrence.
Son discours glaça le sans de la petite écossaise. Pas de peur, mais de dégoût. Elle déglutit, mettant toute sa volonté pour ne pas appuyer sur la gâchette et exploser la tête de cette abomination sur le tapis. Ce n'était pas l'envie qui manquait...mais sa morale l'empêchait de se perdre dans ce genre d'actions gratuites et inutiles. Elle baissa son pistolet. Et regarda l'homme d'un regard mauvais tout en s'adressant à Kal'.

"Je te laisse te charger d'eux...J'vais chercher la fille..."

Elle sortit de la salle, lançant un dernier regard en arrière. On pouvait sentir le dégoût dans sa voix.

"Vous vous croyez puissants à cause de votre argent, mais ça ne vous sauvera pas face à nous..."

Elle revint en haut des escaliers pour dire à Charline que maintenant que l'endroit était sécurisé, elle pouvait monter rejoindre Kallali dans la pièce. Pendant ce temps, elle irait chercher la salle où elle avait vu la jeune fille par la fenêtre.