[17 juin 2112] Entre ombre et lumière

Ce qui était cool ici, c'est qu'on trouvait tout. La bouffe, les magasins high tech, les coins de verdure, les transports... Petit à petit le Yun s'était installé dans ses nouveaux locaux d'ExistenZ, le parti fort généreux. Kanata faisait un peu bande à part et n'avait pas cherché particulièrement à faire connaissance avec les autres membres qu'il croisait dans les locaux. De toute façon, il avait jamais deux fois tout à fait la même tronche. Il esquivait un peu tout le monde, mangeait à l'extérieur, et filait dans ses locaux pour jouer à ses jeux ou aller sur internet.

Mais si y'avait bien un truc qu'il aimait faire aussi, c'était une sieste dehors, dans l'herbe, peinard. C'était une habitude qu'il traînait depuis son dernier voyage au Japon, autant dire une bonne tranche en arrière. Facilement quatre ans maintenant. Tout ça. Changement de monde. Enfin quand il voyait la façon dont sa vie avait basculé en quasiment un jour, entre le concert de Jagal Pimp, l'île mystérieuse pour se faire descendre à la télé et son arrivée à l'institut... feu l'institut même. Il en fallait parfois peu, le destin se chargeait de tout. Dépaysement garanti, sans remboursement possible.

Et aujourd'hui, le temps était juste parfait. Un coup du soleil, un coup de l'ombre, une température assez cool malgré tout. Les gens sortiraient pas trop vu que c'était pas un temps estival optimal. Il avait sa place à l'ombre, sous un gros arbre.

Les yeux fermés, quelques rayons filtraient à travers les branchages et lui éclairaient le visage. Il avait l'impression de voir quelques clignotement derrière ses paupières. Un p'tit vent sympa le refroidissait de temps en temps et un gros casque sur les oreilles empêchait toute nuisance sonore de l'emmerder pendant qu'il se détendait, et diffusant de la musique. Les bras croisés derrière la tête, il se tripotait nonchalamment un lobe d'oreille à portée de doigt le démangeant. C'était juste le truc le plus désagréable du moment. Autant dire qu'en cet instant, la vie était belle.

En plus ça faisait un petit moment qu'il était là en train de flâner, à moitié en train de somnoler. Il avait rien de prévu de la journée, il pouvait glander comme une grosse loque et prendre le temps qu'il voulait pour rentrer. Y'avait pas à dire, nourri logé, c'était cool, surtout pour pas glander grand chose. Enfin ça, c'était pour le moment. Le parti demanderait surement des trucs à faire bientôt. Mais d'ici là, une seule règle : en profiter un max !

Cela faisait déjà quelques jours qu'elle était ici ; et à vrai dire, elle ne s'était presque pas reposée, visitant sans cesse New York comme si elle cherchait à rattraper le temps qu'elle avait perdu en restant sans cesse enfermée chez elle avant de se retrouver à l'institut. Et puis surtout, elle n'avait plus envie de rester cloitrée dans sa chambre depuis longtemps ; et quand elle y était, elle s'amusait à retenir par coeur tout le réseau ferroviaire de la ville ou à papoter avec ses cousins qui eux, étaient restés à Tokyo. Ou même avec sa mère, cela dit. Ce qui lui avait permis d'ailleurs de recevoir de cette dernière un petit coli contenant des magazines venant de là-bas, dont un avec des illustrations complètes de bentô qui pourraient bien l'inspirer. Coli qu'elle avait eu pu récuperer ce matin même, et elle eu tôt fait de se débarasser de l'emballage pour glisser les revues dans une sacoche qu'elle avait pris.

Car, après tout, pourquoi les lire dans sa chambre d'étudiante ? Autant le faire à l'extérieur. Et par un temps pareil, central park était parfaitement indiqué. D'autant plus qu'avec sa robe blanche et sa veste en jean, la température lui semblait tout simplement parfaite. Et si certains en profitaient pour faire simplement un petit footing ou juste glandouiller, elle, elle déambulaient en admirant son fameux magazine parlant des bentô tout en jetant de temps en temps des petits coups d'oeils en tentant de repérer un banc qui ne serait pas pris.

Et là il pionçait. Assez sévèrement. Bien le genre de situation où il aurait pu ronfler. Sauf qu'il ronflait pas. Du moins l'aurait-il espéré s'il en avait eu conscience sur le coup. La musique s'était arrêtée, fin de playlist. Un moment de calme et de détente. Sauf qu'une putain de mouche à la con avait décidé que c'était le moment de venir emmerder son peuple. Et forcément, c'était d'autant plus marrant pour la saloperie de se ramener quand il avait les bras sous la tête.

Tango Charlie, ici moucham'herd 452, j'ai le visuel sur la piste d'atterrissage, demande autorisation d'atterrir. Je m'approche à 45° nord, le vent est orienté Nord-Nord Est. J'entame la descente. Mesdames messieurs, accrochez votre ceinture. Sortie des pattes d'atterrissage. Température extérieure de 25 degrés. Merci d'avoir choisi Air Bzz ! ET PAF LA NARINE.

Le Yun se redressa en lançant un juron bien placé et ô comben réfléchi dans les termes. "Putain de mouche de merde à la con de mes deux, fais chier putain de saloperie, merde. Putain. " Le jap se frotta frénétiquement le nez alors que la créature se tirait pour les briser à quelqu'un d'autre. Il était de mauvaise humeur maintenant. C'était malin ! Bon t'façon fallait rentrer. Fallait qu'il foute sur la gueule au boss de Monstruator XI. Allez hop, on se lève, on s'étire, on se gratte la joue, on voit Leah passer, on ramasse son lecteur de musique ultra fin last gén, on relance la playlist, on se cale le casque sur la tête, on vérifie qu'on a bien vu Leah, on vérifie l'heure sur son portable et on commence à marcher pour rentrer. Normal. Normal...

Le métamorphe s'arrêta subitement et pivota sur lui même. Bon. Maintenant il voyait plus que le dos. Et les jambes. Et les fesses. Les fesses. Hem. Bref. Coup d'oeil au portable. Pas pressé. C'était pas Leah. Les asiats c'était pas ce qui manquait dans le coin. y'avait bien Chinatown pas si loin. Mais pourquoi il avait cru la voir à ce point ? Elle lui manquait ? Ouai. P'tête. M'enfin de là à la voir partout, c'était flippant. Y'avait des films où il avait vu ça... Le Yun se gratta nerveusement l'arrière du crâne et se dit qu'il valait mieux en avoir le coeur net, quitte à passer pour un pervers. Et puis merde. Le parc était à tout le monde, il pouvait aller dans la même direction que cette fille.

Les mains dans les poches, Kanata emboita le pas à quelques mètres derrière la Leah présumée qui était plongée dans un magazine. Elle finirait bien par se retourner ou par s'arrêter.

Si de temps en temps, elle sentait des personnes lui passer à côté, en courant ou en marchant, elle n'en avait cure. Quelle importance ? Elle marchait lentement en lisant, mais elle ne gênait personne après tout. Et puis elle n'était qu'à moitié absorbé par son magazine. Du moins, elle ne l'était pas quand du coin de l'oeil, elle scrutait à moitié les alentours, ne s'intéressant qu'aux bancs ou aux éventuels obstacles qui pourrait être devant elle. Un gosse qui referait ses lacets, par exemple. Le reste n'avait nullement d'intérêt pour elle. Qu'importe les conversations qu'elle aurait pu percevoir, elle faisait sourde oreille, tentant de ce concentrer malgré tout sur les délicieuses images de sa revue, réflechissant surtout à la manière dont elle pourrait en préparer certains, ou dont certains pouvaient bien l'inspirer. Car plus que de les admirer ou de les déguster, ce qui l'amusait particulièrement était de les réaliser.

Et bien qu'elle faisait de son mieux pour se dénicher un banc disponible tout en feuilletant son précieux magazine, elle manqua pourtant d'en louper un. Du moins, elle ne le vit que lorsqu'il fut qu'à quelques centimètres à peine d'elle ce qui eut au moins pour effet de la faire légèrement sursauter et de la sortir totalement de sa lecture. Du moins, elle referma sa revue et elle se contenta de la tenir pour aller s'asseoir avec un certain soupir de soulagement. Central Park était sympathique, mais surtout lorsqu'on s'y reposait. Elle était mieux ici qu'ailleurs, et elle en profita pour inspirer pleinement, ravie d'avoir eu l'idée de venir. Après tout, elle avait réussi à se dénicher un banc, il faisait bon et elle avait de quoi s'occuper et se distraire. Mais avant de s'occuper sérieusement de la lecture qu'elle avait amené, elle posa d'abord le magazine qu'elle avait tenu tout du long de sa balade dans Central Park à côté d'elle et en profita pour mieux s'installer en réajustant correctement sa robe. Tout en regardant vaguement autour d'elle. A droite, une femme qui faisait un jogging avec une tenue verte pomme et les cheveux attachés, à gauche, un type asiatique qui se baladait.

Au moins, y avait pas trop de monde. C'était tout de même assez calme, une chance. Voilà qui la confortait dans le fait qu'elle se félicitait d'avoir eu l'idée de sortir jusqu'ici aujourd'hui. Même si elle songea que la prochaine fois, elle irait plutôt profiter de ce café à l'angle d'une rue qu'elle avait vu. Il avait bien sympathique. Ce n'était pas un truc très classe ni hors de prix, mais l'ambiance avait eu l'air au moins d'être assez agréable. En plus, elle l'avait reperé pas très loin de boutiques. Le rêve absolu. Faire du lèche-vitrine avant de profiter d'un café. Ou après. L'ordre n'était pas tellement important en fait. Par contre, faire ça toute seule serait moins drôle. Cela dit, elle trouverait surement le moyen de trainer une fille de sa connaissance avec elle.

En attendant, elle se contenta de s'occuper en sortant son portable de son sac. Juste pour vérifier ses messages et surtout, envoyer un mail à sa mère histoire de la remercier pour le coli et tout ça.

C'était elle ou pas ? Elle avançait et avec le cul qu'il avait, elle allait se tirer définitivement. Soudainement, elle ralentit et s'assit sur un banc. Kanata se figea en observant la femme qui jeta un oeil vers la joggeuse qui passait puis vers….

Putain ! Leah ! Putain. C'était bien elle. Ce p'tit cul. Cette tête. Aucun doute. Enfin. Pas qu'il aurait reconnu son arrière train parmi mille non plus. Juste qu'il était bien affriolant et que… Ouai. Bref. Putain ! Le Yun écarquillait les yeux en la regardant mais elle ne semblait pas du tout avoir tilté en le regardant. Elle avait déjà rebaissé la tête vers son portable.

Lorsque la joggeuse passa, le jap tourna la tête pour mater un coup. Du moins le faire croire. Il en avait profité pour changer de visage, en se transformant en monsieur Peterson. Le gros homme d'affaire en costard cravate, avec une valise et une moustache grisonnante. La mine bonne enfant, il s'approcha du banc et s'assit à côté de Leah, et commença à se tripoter une extrémité de la moustache en observant devant lui.

Le seul truc qui clochait dans l'ensemble, c'était le casque de musique complètement à côté de la plaque pour quelqu'un comme ça. Mais sur le coup, le Yun avait même pas fait gaffe. Un main posée sur sa valise qui était couchée sur ses cuisses, le jap transformé réfléchissait à comment il pourrait l'aborder, pour rire. Un peu involontairement, l'homme joufflu tourna la tête vers elle et l'admira.

Le style vestimentaire avait évolué. Le visage s'était affiné et était moins rond. Elle avait p'tête prit un peu de poitrine même. Et les fesses étaient… Enfin bref. C'était devenu un très joli brin de femme. Déjà qu'avant elle était bien mignonne… Il repensa rapidement lorsqu'il lui avait fait un bisou dans le parc de l'Institut et réalisa soudainement qu'il la fixait. Il tourna lentement la tête pour regarder à nouveau devant, comme si ça n'avait pas été elle qu'il fixait, mais juste quelque chose dans sa direction.

Ca cogitait sec. Jusqu'à ce qu'il sorte " C'est quand même agréable un temps comme ça à Central Park. On s'y sent bien, loin du stress de la ville et on fait parfois des rencontres surprenantes. " Il la regarda avec un sourire malicieux et se tortillant la moustache et fit mine de remarquer le magazine entre eux deux. " J'ignorais qu'il existait des magazines sur les bentos. Vous en faites pour votre petit ami ? " Obtenir des infos l'air de rien. C'était classe quand même. Le visage bon enfant du gros homme d'affaire devrait presque faire pardonner de poser ce genre de question indiscrète. Et puis en général, on n'avait pas trop honte de dire qu'on avait quelqu'un.

Aussi concentrée sur son portable qu'elle l'était, écrivant son petit mail à sa mère, elle ne faisait nullement attention aux promeneurs. Il y aurait pu y avoir un mutant avec un physique visible de loin en train de faire un petit footing qu'elle ne l'aurait même pas vu passer devant elle. Pourquoi aurait-elle regardé devant elle d'ailleurs ? Elle n'en avait pas envie pour l'instant. Elle se contentait surtout de finir d'écrire et de se relire, des fois qu'elle aurait fait une faute ou oublié un mot. Au final, ce n'était pas grand chose. Elle se contentait juste de la remercier et de lui donner de ses nouvelles. Et sa mère lui donnait également des nouvelles, tout comme ses cousins. Parce que bon. Venir à New York, rejoindre Ganymède et continuer ses études ici, c'était sympa. Mais elle avait aussi la ferme intention de rester régulièrement en contact avec eux autant que possible.

Alors qu'elle arrivait à peu près à la moitié de son mail à la relecture, un bonhomme s'installa à côté d'elle. Bien qu'elle ne faisait pas spécialement attention aux passants de central park, il était relativement difficile de ne pas remarquer ceci. Et si elle ne releva pas pour autant la tête, elle lui jeta un léger regard en coin. Juste assez pour noter qu'il portait un costard et qu'il était certainement très friand des pizza et des hamburgers ou de la "bonne cuisine" de quelqu'un. Probablement qu'il s'était assis là parce qu'il voulait se poser deux minutes après avoir fait de l'effort en marchant sans doute un peu plus que d'habitude, et elle ne lui prêta pas plus d'attention que ça, retournant à sa relecture. Avant de se décider à envoyer son mail, et d'en profiter pour regarder deux trois trucs.

Elle en avait presque oublié le type qui s'était assis sur le même banc qu'elle ; du moins jusqu'à ce qu'il lui parle. Aussitôt, elle releva la tête pour le regarder dans les yeux cette fois-ci, alors qu'il lui adressait un sourire relativement malicieux.

"Je dirais plutôt qu'on fait des amusements surprenants dans Central Park", répondit-elle du tac au tac, sans réfléchir, avec un sourire amusé en se souvenant de la fameuse soirée de Jason qui avait fini à l'eau au lieu d'une exposition au musée. Avant de retenir de justesse un fou rire, de manière peu discrête, et de tourner la tête ailleurs quelques secondes. De toute manière, elle avait pas besoin d'être à New York et encore moins à Central Park en particulier pour faire des rencontres franchement surprenantes. Après tout, elle avait bien revu certains anciens pour la première fois depuis trois ans en pleine évasion d'un commissariat à Tokyo. Elle ne l'aurait jamais cru avant de les voir, et pourtant...

Avant de se tourner vers lui, continuant un peu sur sa lancée, d'une voix plutôt joviale : "Enfin vous, vous êtes stressé. Moi pas.". Et de pouffer de rire. Puis de pointer du doigt le casque de musique. "C'est pour ça votre casque, pour écouter de la musique pour vous relaxer ? Vous écoutez quoi comme genre de trucs ? Genre des musiques plutôt bruyantes ou genre des trucs d'ambiance ? Vous savez, les trucs avec genre des bruits de cascade et d'oiseau, par exemple.", précisa-t-elle, l'air particulièrement intéressée de savoir ça. C'est vrai ça, ça écoute quoi les vieux en costard cravate pour se détendre ?

Ce dernier lui parla alors du magazine de bentô, celui-là même qu'elle avait posé à côté d'elle et qui se trouvait précisement entre eux. Rieuse, elle se contenta de lui répondre d'un air presque entendu que : "Et encore, on trouve des trucs encore plus bizarre. Comme du spray parfumé à la viande." ajouta-t-elle avec une drôle d'expression qui indiquait clairement à quel point elle trouvait ce genre d'objet franchement étrange. Parce que bon, en comparaison, il n'y avait rien de curieux ou de surprenant à ce qu'il puisse y avoir des magazines sur les bentô, au japon. Après tout, y avait bien des magazines pour les femmes, pour les hommes, de cuisine, sur le bricolage, pour le jardinage... Alors bon. Sans crier gare, elle attrapa un de ses autres magazines en lui disant que "D'ailleurs, y a même des magazines juste sur le thé", lui brandissant sous les yeux un magazine qui en parlait justement. Avant de le ranger là où il était tout aussi vivement.

Ensuite, elle tilta brusquement sur le fait qu'il avait tout de suite su de quoi il s'agissait alors que bon, avec juste la photo, il aurait pu s'agir d'un magazine culinaire quelconque, sans rien de particulier.

"Oh mais ça alors !" s'exclama-t-elle, ne cherchant absolument pas à dissimuler son étonnement. Puis, attrapant vivement son magazine d'un coup vif et presque brusque d'une main, elle souligna le titre avec l'index de l'autre main, le tout sous le nez du gros bonhomme. "Vous pouvez lire le japonais ?!", s'exclama-t-elle avec un enthousiasme particulièrement débordant. Ben ouais quoi. Si ça trouve, il pouvait le lire et le parler aussi. Ce serait assez sympa après tout de pouvoir continuer à parler japonais même ici avec plusieurs personnes.

Faisant mine de réflechir, elle brandit brusquement un index en l'air : "Vous êtes... un homme d'affaires qui fait souvent des affaires avec des japonais. C'est ça ?" demanda-t-elle, comme s'ils avaient convenus de jouer aux devinettes pour trouver le métier du bonhomme. Excepté qu'elle l'avait surtout convenu toute seule et que surtout, elle ne se demandait même pas si son bavardage n'était pas légèrement excessif pour un vieux en costard cravate.

Des amusements surprenants ? Sur le coup, il ne voyait pas ce qu'il y avait de fun à central park. Le plus étonnant c'est qu'elle avait l'air d'être à deux doigts d'exploser de rire. Est-ce qu'elle l'avait repéré finalement… ? Non même pas en plus. Enfin il lui semblait pas. Elle continuait à lui parler normalement. Elle embraya sur… son casque.

Surprit, le Yun transformé baissa la tête pour remarquer de chaque côté de son cou les gros écouteurs rouges métalliques. Puis sans s'arrêter, elle le mitrailla de questions. C'était Leah ça ? Elle était timide Leah. C'était pas Leah. C'était un autre métamorphe qui se foutait de sa gueule. Et il avait pas maté le derrière d'un pote. Enfin une. Ca se faisait pas. Leah c'était Leah. Il pouvait pas fantasmer sur elle ou la reluquer quand même. C'était une pote. Très mignonne certes… Mais une pote. Avec un très joli visage. Mais on reluquait pas les potes. Et … Enfin… Bref. "Heu. Bruyante. " Enfin. C'était pas bruyant mais c'était pas de la musique d'ambiance naze qui… Ca faisait longtemps qu'elle ne rougissait plus quand un inconnu lui causait ? Un peu surprit, Robert Peterson dévisagea un instant la jeune fille les yeux dans les yeux, étonné de la mitraille de questions qu'il venait de prendre. Elle était vraiment devenue très mignonne. Et très causante.

Sentant les joues de Peterson rougir un peu, Kanata fit mine de s'éponger le front avec un mouchoir alors qu'elle lui parlait de spray à la viande. "Vas y c'trop bon ça." lâcha-t-il spontanément. Le con. "Enfin je veux dire. Sur du riz blanc, ça aromatise lorsqu'on n'a pas de viande. Un leurre pour le corps. " Le gros monsieur sourit à Leah en recommençant à se triturer la moustache. Ouf. Il eut d'ailleurs un léger mouvement de recul lorsqu'elle lui colla un magazine sur le thé sous le nez. "Ha. Heu. Oui. En effet." Cette fille était branchée sur une pile électrique. Putain elle lui recollait un magazine sous le nez en s'exclamant qu'il lisait le jap.

Lire le japonais ? Ha oui merde. Grillé. C'était un peu écrit en jap. Silencieux, le Yun observa la jeune fille faire la discussion toute seule. Y'avait pas besoin de se casser la tête à trouver un sujet au moins, elle s'en chargeait toute seule la petite. Elle essayait même de deviner son job qui… n'existait pas. Elle risquait de chercher. "Non, non, je suis de la maffia japonaise seulement." Puis il rajouta, en japonais très articulé, comme si ce n'était pas une habitude de le parler "Mais je vous en ai trop dit. Des yakuzas dans un camion noir vous kidnapperont ce soir. avec des yeux rieurs et une mine enjouée de sortir une phrase dans cette langue.

Mentalement elle semblait complètement différente. Partie la Leah timide. D'ailleurs, elle lui avait même pas dit explicitement si elle avait quelqu'un. Zut. En revenant aux bentos, il rajouta " Comme on dit, la meilleure façon de séduire un homme, c'est de lui préparer de bons repas… Et je suis très séduit. " conclue-t-il en se tapotant le ventre avec un grand sourire entendu. "D'ailleurs, quand un homme vous demande de lui préparer quelque chose, il faut comprendre des choses. " Le jeu allait démarrer pour de bon ! Première référence à leur passé. Lorsqu'elle avait dit qu'elle apprendrait à cuisiner pour lui. " J'avais une très bonne amie qui m'avait proposé de me préparer des plats japonais, il y a quelques années d'ailleurs. " Le bonhomme se gratta machinalement la joue en observant une passante, qui était d'ailleurs une fille bien gaulée. Les habitudes étaient incrustées.

Entre temps, elle avait donc apprit à faire la cuisine. Ou alors toujours pas, et elle tentait enfin de remédier à ça parce qu'elle en avait marre de bouffer de la merde chez elle. Ou c'était son copain qui en avait marre. Graa. Il fallait qu'il sache. Il observa distraitement ses doigts à elle. Aucune alliance. C'était déjà ça. "Mais les bentos sont une bonne alternatives aux décolletés pour séduire, n'est-ce pas ? Vous essayez d'attirer un homme dans vos filets ? " demanda-t-il en se marrant. Ouai. Bon. Pas super subtil. Mais elle finirait bien par donner un indice. A moins qu'elle joue avec lui parce qu'elle savait que c'était lui ? Non… Non. " Pour vous répondre je travaille dans l'import export. Et ça marche très fort !" Noyer le poisson. S'il lui parlait de lui, elle lui parlerait d'elle. Normalement. Du moins, il l'espérait.

Curieusement, il eut l'air un peu surpris lorsqu'elle l'interrogea sur son casque. Probablement qu'il avait zappé de le retirer. Drôle de bonhomme n'empêche. C'était bien la première fois qu'elle voyait un vieux en costard cravate avec un casque de musique pareil. D'un autre côté, ce n'était sans doute pas très surprenant étant donnés qu'ils étaient à New York après tout. Des extravagants, ce n'était sans doute pas ça qui devait manquer ici. Néanmoins, il finit par lui répondre que c'était de la musique plutôt bruyante. Tout sourire, elle continua à l'interroger avec : "Ah oui ? C'est quels groupes que vous écoutez ? Je serai curieuse d'entendre ça", en pouffant de rire. Si ça se trouve, ce n’était même pas bruyant. Après tout, un de ses oncles trouvait que la musique pop était extrêmement bruyante, alors comme quoi…

Et lorsqu'elle mentionna vite fait les sprays parfumés à la viande, ce dernier commenta en affirmant que c'était trop bon. Mais plus comme quelqu'un de l'âge de Leah l'aurait dit, et elle afficha une expression de surprise. Le casque, ça passait encore, parce que bon, voilà quoi. Mais entendre un type en costard-cravate avait quelque chose de surprenant. Probablement parce qu’on ne s’attendait à ce type de langage. Et comme pour justifier ce léger écart, il lui expliqua qu’avec du riz blanc, c’était un bon leurre pour le corps quand y avait pas de viande. Mais vu la corpulence de ce dernier, il n’avait pas vraiment dû manquer de viande ni manger souvent que du riz, songea-t-elle en baissant le regard vers l’embonpoint plus que proéminent. Avant de relever les yeux vers lui. "… Surprenant", se contenta-t-elle de dire tout sourire, réprimant un fou rire. Parce que bon. On ne pouvait pas spécialement prétendre que venant d’un homme comme lui, parler de leurre pour l’estomac était très crédible.

Et préférant passer à autre chose, elle avait sorti un autre de ses magazines pour le lui coller sous les yeux, provoquant chez ce dernier un léger mouvement de recul. Réaction dont elle se ficha éperdument à vrai dire. Elle était trop occupée à papoter et surtout, à remarquer qu’il savait lire le japonais. Avant de tenter de trouver le travail de ce dernier, et surtout, de rire un petit peu à la blague de ce dernier. Il ne semblait pas avoir envie de le lui dire… Du moins, qu’il en fasse partie devait être un peu près aussi crédible que de voir un lapin rose crachant des œufs en chocolat. Et puis il semblait au moins ravis d’avoir réussi à dire une phrase en japonais.

Et de manière tout aussi ravie, il ajouta que la meilleure façon de séduire un homme était en passant par son estomac. Avant d’ajouter qu’il était très séduit, en se tapotant le ventre d’un air entendu. Effectivement… "Oui, vous devez surement être fou de votre femme. Quelle chance elle a.", répondit-elle d’un air tout aussi entendu et particulièrement rieur en plus. Parce que là franchement, sans mentir, si son amour se rapporte à son estomac, il devait être plus que séduit par cette dernière. En revanche, elle fut perplexe lorsqu’il lui expliqua qu’un homme qui demande qu’on lui prépare quelque chose, il fallait comprendre "des choses".

"Des choses ?" répéta-t-elle, perplexe, en penchant la tête sur le côté. Et réfléchissant à ce qu’il voulait dire par là. "Qu’il a faim ?" suggéra-t-elle alors, et quelques secondes après, continua en proposant "Qu’il ne sait pas cuisiner ? Qu’il a la phobie des cuisines ? Que c’est un macho ?"

Il parla ensuite d’une très bonne amie qu’il avait et qui le lui avait proposé de lui faire des plats japonais. Manifestement, l’histoire se terminait là. Du reste, elle était persuadée que s’il avait dégusté des plats japs venant d’elle, il en aurait parlé en faisant quelques commentaires. En plus, il avait parlé d’elle au passé.

"Oh…" fit-elle, un peu navrée pour lui. "Et vous avez refusé ou vous vous êtes disputé avec elle ?" questionna-t-elle, du ton de celle qui s’attendait surtout à quelques confidences du coup.

En revanche, il revint à la charge avec le sujet des bentô, faisant carrément une comparaison entre eux et des décolletés. Sans même faire gaffe, elle baissa de suite les yeux vers sa propre poitrine. Comment ça, une alternative ? Parce qu’elle pouvait pas mettre de décolleté peut-être ? Quoiqu’en y réfléchissant, de toute manière ce n’était pas son style. Et des gens qu’elle connaissait, c’était indéniablement plus celui d’Ava. Difficile même pour elle de ne pas se souvenir de la tenue assez provocatrice de cette dernière lors de la soirée de Jason. Et le vieux en costard-cravate lui demanda si elle essayait d’attraper un homme dans ses filets grâce à ça.

"Non non " rétorqua-t-elle, totalement surprise et de manière franche. Et de se retourner vers lui, un peu plus, s’expliquant par "Non, c’est juste que les bentô, je trouve ça chouette. Je veux dire, ils sont personnalisable à volonté. Ça peut être très différent pour un enfant, un ado, quelqu’un qui bosse, quelqu’un qui fait une sortie…" commença-t-elle à énumérer sur ses doigts. Et sur la même lancée, continua de plus belle, d’un ton de plus en plus passionné : "Et puis ça dépend des gouts de chacun, de ce que la personne représente, de ce qu’on veut dire, ce genre de trucs. Une femme ne fera pas le même bentô pour son frère, son père et son petit ami ou même son époux. En plus, même pour soi, on peut faire des trucs super joli." Se calmant d’un coup, elle conclut juste très sérieusement et sans rire par "C’est juste que j’adore les faire."

Ce dernier se décida d’ailleurs à lui répondre sur son métier. L’import export ? Ca semblait ennuyeux à mourir, songea-t-elle.

"Etudiante en arts dramatique", lui répondit-elle, tout sourire, en se désignant elle-même. "Vous importez et exportez quoi ? C’est quoi le nom de votre société ?", continuant encore à l’interroger, tout en rangeant pour l’instant son magazine sur les bentô avec les autres, dans son sac. Puisqu’elle était visiblement partie pour ne pas le lire de suite, après tout…

Elle se foutait de sa gueule ou quoi ? Les vieux, ça devait bien écouter de la musique parfois ! "J'écoute Jagal Pimp, parce qu'il est super !" Là. Bon, le truc cool déjà c'est qu'elle abondait dans le sens de sa plaisanterie au sujet de son ventre rond. Par contre la remarque sur demander à ce qu'une fille nous fasse à bouffer, c'était pas trop passé. Elle mitrailla encore une série de réponses sans lui laisser le temps d'en placer une.

Elle avait le temps de respirer parfois ? Le gros monsieur écouta ce qu'elle racontait et essaya de placer " Les japonaises sont discrètes lorsqu'elles sont avec quelqu'un. En général, elles préparent des bentos pour leurs compagnons, non ? Donc si un homme demande à une fille de lui faire à manger, c'est qu'il l'aime bien. Logique, non ? " Bon, lui au début s'il avait demandé ça à Leah, c'était surtout pour pouvoir enfin manger quelque chose de jap parce que ça lui manquait. Mais c'était pas plus faux pour autant qu'il l'aimait vraiment bien !

Puis Leah voulut quelques confidences au sujet de cette personne qui ne lui avait pas préparé de petits plats. " Hé bien… Nous avons malheureusement été séparés peu de temps après… Je me demande si elle aimerait me revoir… " Il prit un petit sourire malicieux en la regardant puis l'observa baisser la tête pour regarder son décolleté à l'évocation de la drague. Bon, au moins elle courait pas après un mec, semblait-il. C'était toujours ça… A moins qu'elle l'ait déjà ? Pourquoi elle répondait pas ! Elle était surement avec quelqu'un du coup. Affichant une mine déçue sans trop savoir pourquoi, il l'écouta parler des bentos avec une quasi passion surprenante.

Bha. Après tout elle était chouette comme fille, elle méritait bien d'avoir un mec aimant. Lui il était trop occupé à d'autres choses. Et c'était pas un mec bien. Et puis il pouvait plus faire confiance à grand monde. Il n'en était plus trop capable. Le travail c'était le travail et les amis, il n'en avait plus vraiment… Elle restait juste une résurgence de son passé, ou un peu plus...

Il hésita à finalement reprendre une forme normale plus tard. Si y'avait bien une chose qu'il ne voulait pas faire, c'était des vagues dans sa vie. Elle s'en était trop bien sortie après la fermeture de l'institut et sa destruction, visiblement.

Finalement elle répondit à une question qu'il n'avait pas posé. Arts dramatiques ? Bien un truc de fille ça. Enfin surement. L'art, tout ça, c'était pas trop son truc. Et puis ça servait pas à grand chose au final. "Ca permet de faire quels métiers ? " s'hasarda-t-il à demander. "Peterson&Peterson, ma société. Notre domaine touche le textile. C'est loin du métier de mon père. Il était magicien. Vous aimez la magie ? Avec les mutants, ça devient de moins en moins surprenant il faut avouer. Ca a tué son commerce…" Le Yun inventait une vie à son Robert au fur et à mesure. C'était cool. Il pourrait toujours s'en resservir à l'occaz.

Ce dernier lui rétorqua qu'il écoutait Jagal Pimp, parce qu'il "est super". Et elle se contenta de passer à autre chose sans y faire plus attention. Il lui avait répondu, à quoi bon s’y attarder ? Il ne devait plus être ça près de toute manière. C’était définitivement un drôle de bonhomme qui ne faisait pas trop ennuyeux alors qu’il devait avoir un job particulièrement rasant. Et il avait surtout l’air d’être très intéressé par le magazine de bentô qu’il avait vu. Ce qui n’étant pas tellement étonnant, sans doute. Et il prit parti de lui expliquer ce qu’il voulait dire par "des choses" quand un homme demande à une femme de lui faire la cuisine. D’abord pensive, fronçant le nez et légèrement les sourcils, durant quelques minutes, elle lui répliqua alors d’un air indécis et presqu’embarrassé que "Pas forcément, je pense pas…"

Avant de se reprendre et d’expliquer de manière un plus franche et un poil plus enthousiaste son objection : "Je veux dire, une fois, un ami qui est japonais m’avait demandé si je savais cuisiner et si je pouvais faire ça pour lui. Mais c’était la première fois qu’on s’était rencontrés, donc c’était plus parce qu’il aimait son estomac qu’il ne pouvait bien m’aimer à mon avis". Et après une minute de réflexion, rajouta d’un air aussi étonnée que suspicieuse que : "C’est marrant, vous avez l’air de bien connaitre les filles japonaises. Vous y êtes souvent allé, au Japon ?"

A cela, il rajouta qu’il avait été séparé de son amie. Ah. Et qu’il se demandait si elle aimerait le revoir. "Et vous savez où elle est ?" demanda-t-elle dubitative. Ouais parce que bon, se demander ça est une chose mais savoir où est l’autre, c’est autre chose, aurait sans doute dit son cousin. D’ailleurs, elle se souvint d’un des sermons qu’il lui avait déjà fait. "En fait, il suffirait de lui demander si vous le pouvez", fit-elle, en haussant les épaules. "Une fois, mon cousin m’a engue…" commença-t-elle avant de se reprendre et de rectifier : "dit que, alors hmmm" fit-elle, le regard perdu dans le vague et en l’air, tentant de se souvenir à peu près ce qu’il avait dit exactement ce jour-là. Et comptant alors sur ses doigts : "La première partie ne vous regarde pas, la seconde ne vous concerne pas non plus…" dit-elle, avant de continuer son énumération en silence. "Ah oui. Alors la cinquième était quelque chose comme "Quand on veut revoir quelqu’un, il faut le faire et se débrouiller pour le revoir" et la sixième était quelque chose comme, heu… ah oui. "Ça sert à rien de se demander, il faut demander sinon on ne sait jamais. " Après y a la septième… Heu non, celle-là n’est pas intéressante… Enfin voilà. " conclut-elle, en se tournant vers lui, tout sourire.

Et puis de rajouter, puisqu’elle était partie sur sa lancée que : "Enfin elle sera surement contente de vous revoir. Vous aimez pas revoir de vieux amis vous ? Enfin je veux dire… Moi par exemple, j’ai retrouvée de vieilles connaissances depuis que je suis revenue à New York et ça m’a fait super plaisir. Pourtant j’étais pas spécialement amie avec eux à l’époque. Donc si je retrouvais un ami, je serai ravie. " fit-elle, rieuse.

Et puis finalement, il lui demanda ce qu’on pouvait faire comme métier avec les études qu’elle était en train de faire, et elle ne cacha même pas sa surprise. C’était bien la première fois qu’on lui demandait ça. Après tout, les gens comprenaient généralement ce que cela voulait dire. Ce n’était pas un terme difficile à comprendre après tout. "Ben…" lâcha-t-elle d’abord, comme si elle cherchait ses mots, avec une expression plutôt embarrassée. Elle ne s’était pas vraiment attendue à ce genre de questions. "Je pourrai être comédienne ou ce genre de choses quand j’aurai fini mes études, par exemple… C’est du théâtre, si vous préférez", parvint-elle finalement à dire en guise d’explication.

Il lui répondit que sa société s’appelait Peterson&Peterson et que c’était surtout à propos de textiles. Ne se sentant nullement désolée ou ravie que parce que les mutants et tout, son père avait fait vu son commerce ruiné, elle se contenta de s’exclamer avec beaucoup d’enthousiasme : "Ca alors ! Mon père s’appelle Peterson, c’est marrant comme coïncidence !", et de pouffer de rire. Combien y avait de probabilité qu’elle croise un Peterson après tout ? C’était un nom courant et répandu, certes, mais l’un d’entre eux qui comme par hasard, était juste à côté d’elle, sur le même banc, elle trouvait ça franchement surprenant.

Le poisson mordait à l'hameçon. Elle commençait à lui parler d'un ami qui aimait plus son estomac qu'elle le jour de leur rencontre. Pas de toute, c'était de lui qu'il s'agissait ! Par contre elle lui posa une question sur sa connaissance des filles japonaises. Si tu savais tout ce que je sais chérie, pensa-t-il. " Hé bien. Ce sont les moeurs connus dans le monde. Même sans y être allé, c'est facile à savoir. "

Puis elle demanda s'il savait où était la fille qui devait lui faire à manger et elle annonça spontanément qu'il suffisait de demander où elle était. Ouai c'est sûr que dit comme ça, ça paraissait super con. Sans même lui laisser en placer une, elle commença à lui causer de son cousin en long et en large en énonçant quelques règles de vie. Au moment où Robert pensait pouvoir sortir une phrase, elle recommença à parler. Si elle serait contente de le revoir ? Ouai. Surement. Et si elle s'en foutait presque, il aurait l'air bien con. "Ha c'est toi. Cool. Ca va ? Ouai ca va moi. Bon… Qu'est ce que tu deviens ? Ok… Cool ! Bon bha. Je vais rentrer, salut !" Vive les retrouvailles quoi.

Le Yun se gratta le cou et répondit finalement " Bha. Si. J'aimerai bien la revoir. Mais je sais pas si je lui manque. Elle n'a jamais cherché à me recontacter non plus. Pourtant je n'ai pas changé de pays depuis notre séparation. Mais je sais où elle est. Alors je la reverrai surement dans un avenir proche. " Probablement plus proche qu'elle ne pouvait l'imaginer.

Et Leah répondit à la question du travail en étudiant l'art dramatique. Même elle semblait pas savoir au début. Comédienne ou ce genre de chose. " Ca ne fait pas très ouvert comme sortie d'étude, comédienne ou comédienne…" commenta-t-il. Bon, c'était pas très sympa ni délicat de dire ça comme ça, mais au final ça venait d'une réelle préoccupation de son futur à elle.

Peterson était le nom de son père ? Le gros bonhomme fit mine d'être surprit également. C'est vrai qu'il avait prit ce nom d'emprunt sans même réaliser que c'était le sien. Alors peut être que dans le fond il pensait plus à elle inconsciemment qu'il ne le croyait ? " C'est amusant en effet. " Robert regarda ensuite sa montre et soupira. "Il faut que je reparte… Merci pour cette discussion mademoiselle Peterson. " Sans lui laisser le temps d'objecter sur son nom usuel, il rajouta en se levant " Je suis ravi de vous avoir rencontré…Bonne journée. "

Leah avait réellement changé. Elle était devenue une très jolie jeune femme et s'était mieux adaptée à son environnement avec le temps qu'il ne l'aurait pensé. Elle qui était auparavant si timide et qui rougissait à la première occasion était devenue une vraie bavarde pour pas dire pipelette. Le Yun avait toujours préféré les filles qui avaient de la conversation. On ne s'ennuyait jamais avec elles. L'asiatique était devenue particulièrement rieuse aussi. Ca réchauffait le coeur de savoir que des gens qu'on aimait allaient bien, après tout ce temps. Elle avait l'air heureuse. Avec le probable copain qu'elle avait.

Se retournant soudainement, Robert fit face à Leah. " Avant de mourir, mon père m'a légué une partie de son pouvoir magique. Je vais vous le montrer. Il va falloir que vous fermiez vos yeux très forts… Maintenant, imaginez le visage d'un de vos plus vieux amis. Pensez très fort à lui, à son nom, à son prénom, les traits de son visage… " commenta-t-il avec une voix calme et posée. Puis il redevint lui même et termina avec la voix de Peterson sur son corps " C'est le pouvoir de l'esprit et le votre est fort. Tu peux ouvrir les yeux, … Changement de voix pour la sienne. "… Leah. ".

Kanata se tenait face à Leah, le coeur battant à tout rompre. Être sous le visage de Peterson lui prodiguait une protection physique et presque morale. Une sorte de sécurité qu'il avait perdu. Il était stressé. Il ne savait pas comment elle allait réagir. Est-ce qu'elle allait hurler de peur, de surprise, de joie ? Est-ce qu'elle allait lui en vouloir de l'avoir manipulée l'espace de quelques minutes ? Mais fallait garder contenance quand même ! Aussi, le Yun s'efforçait d'avoir un sourire taquin et assuré pour Leah, même si derrière, il n'en menait pas large...

Avec une telle réponse, elle ne put finalement savoir s'il était déjà allé au Japon. Mais une chose était sure ; il s'y intéressait assez. Si ça se trouvait, c'était uniquement pour ça qu'il était venu sur ce banc. Une japonaise, avec un magazine de bentô à côté d'elle. Probablement très tentant pour lui. Et elle qui croyait qu’il s’était assis là uniquement parce qu’il s’était un peu essoufflé en pressant un peu le pas. Fallait croire que non. Si ça se trouvait, il avait remarqué le magazine en question bien avant de venir là et avait juste fait semblant de ne le voir qu’après.

Avant de lui répondre que si, il voudrait bien revoir son amie mais que voilà, il doutait un peu parce qu’elle n’avait pas cherché à le revoir elle-même. Mais qu’il savait où elle était et qu’il la reverrait surement bientôt. Ah. Au finalement, ça ne le regardait plus vraiment et elle n’insista pas d’avantage. Aucune raison qu’elle soit plus curieuse que cela après tout. Elle ne le connaissait même pas. Elle papotait avec, sans plus. En revanche, il se permit tout de même de commenter sa sortie d’étude. Ce à quoi elle répondit en haussant les épaules et d’un air particulièrement maussade et désintéressé : "Je verrai ça quand j’aurai fini mes études. Pour l’instant, je fais un truc qui me plait alors ça me convient." Et c’était vrai. Faire des projets, se dire que plus tard elle fera ça ou ça, elle n’en voyait pas plus que ça l’intérêt dans l’immédiat. Elle verrait bien le moment voulu. De toute manière, ça ne le concernait définitivement pas.

Surpris lui aussi de la coïncidence sur les noms, il regarda alors sa montre. Et, probablement qu’il avait une réunion quelconque ou un rendez-vous quelque part, il prit congé d’elle. Comme ça, avec un "mademoiselle Peterson". Ah bah oui. Si son père s’appelait comme ça, il avait pensé naturellement qu’elle s’appelait tout pareil aujourd’hui. Et c’était le cas il y avait encore trois ans. Voulant tout de même protester gentiment en lui disant son vrai nom, elle n’eut que le temps de lever un doigt et d’ouvrir la bouche avant de se faire couper de nouveau par un espèce de "ravi de vous avoir rencontré". Heu… merci de même. Si elle avait eu le temps de répondre, elle l’aurait surement dit.

Et puisque lui partait, elle allait pouvoir reprendre sa lecture. Reprenant son sac, elle farfouilla pour récupérer le magazine qu’elle lisait avant l’arrivée de ce drôle de bonhomme. Après tout, elle était venue pour ça. Pour bouquiner ici, en plein air, et profiter de ce temps franchement pas désagréable. Enfin, c’est ce qu’elle aurait pu faire si finalement, le vieux en costard n’avait pas fait un petit volte-face. Tout ça pour lui parler de son père, et elle l’écouta un peu incrédule. Un tour de magie ? Bof. Ces trucs-là, y avait toujours un truc. Toujours. Même si des fois, c’était franchement peu évident de trouver si on ne s’y connaissait pas un minimum.

Elle se demanda un instant ce qu’il allait faire. Un super truc comme les grands magiciens, un tour avec beaucoup d’habileté et qui serait époustouflant. Et puis non en fait. Il demandait à ce qu’elle ferme ses yeux, et du coup, elle fut un peu déçue. Probablement que son truc allait être du même niveau que "Hop tenez, il y a quoi derrière votre oreille ? Oh, une pièce ! ". Mais si y avait que ça pour lui faire plaisir… Elle glissa une fois de plus son magazine dans son sac, et se plia au jeu en fermant les yeux puis en se mettant même les mains devant. Le tout avec une certaine hésitation tout de même. Son truc magique, elle le voyait presque venir.

Et puis il lui demanda d’imaginer au visage et tout ça d’un de ses plus vieux amis. Ca encore, c’était pas très difficile en sachant que son premier ami, elle l’avait eu à seize ans et aucun avant. Au moins, elle ne risquait pas de l’avoir oublié. Même si franchement, là elle ne voyait pas le rapport entre cet ami et son tour de passe-passe à l’autre bonhomme. Ou alors il lui disait juste ça pour gagner du temps sans qu’elle ne s’impatiente trop. C’était surement pour ça, tout le baratin sur ce qu’il fallait imaginer et le "pouvoir de l’esprit". Même si elle jouait le jeu, elle était légèrement amusée par tout ce baratin. Et puis finalement, tout de même, elle eut la permission d’ouvrir les yeux ; ce qu’elle fit en écartant doucement les doigts en même temps avec un sourire légèrement amusée. Parce que bon, même si c’était surement un petit tour qui payait pas de mine, ça restait assez sympa qu’un vieux en costard-cravate le lui faisait. Sauf que ce n’en était pas un et elle écarquilla les yeux dans un sursaut. Trop surprise pour faire autre chose, elle resta figea comme ça une bonne poignée de seconde. Et peut-être même une ou deux minutes, se contentant vaguement de le détailler des yeux, de la tête au pied.

Et puis finalement, elle laissa éclater sa joie et surtout son très grand enthousiasme de revoir son premier ami, rien que ça tout de même, en se précipitant vers lui pour l’étreindre momentanément avec un petit cri de joie. Si c’était vrai qu’elle avait revu des anciens de l’institut alors qu’elle ne s’y attendait pas, elle ne pensait juste pas le revoir lui. Après tout, elle avait cru devoir faire son deuil de tout ce petit monde il y avait trois ans, donc bon. Et après quelques secondes, elle le lâcha, regarda ailleurs en faisant mine de replacer une mèche de cheveux et de réajuster sa sacoche sur son épaule. Elle était contente, c’était vrai. Et elle avait plein de choses à demander, et tout autant à raconter. Sauf que pour le coup, elle ne savait absolument pas par où commencer alors que le tout se bousculait dans sa tête.
Se tournant de nouveau vers lui, la mine amusée et l’index sur la bouche, faisant mine de manière un tantinet exagérée qu’elle réfléchissait, elle lança finalement un "Peterson… hein ?" avant de glousser de rire. Bien qu’elle le disait plus à défaut d’autre chose, n’ayant pas vraiment trouvé par où commencer.

Ca au moins, pour une surprise, c'était une surprise pour elle. Leah devint une véritable statue, les yeux grands ouverts et le détailla de bas en haut à plusieurs reprises. C'est sûr que ça devait faire un choc. Mais quand même. Elle croyait quand même pas que Peterson se cachait derrière un drap avec l'effigie du jap ?

Puis d'un coup elle lança un petit cri en se jetant sur lui pour l'enlacer. Leah était une bombe à retardement. Une Leah à retardement d'émotion. Kanata passa ses bras dans le dos de la jeune fille en la serrant un peu contre lui, histoire de bien profiter. Il doutait que ce genre de contact agréable arrive plusieurs fois par mois.

Ce qu'était marrant c'est que quand elle s'était détachée, elle semblait gênée. Un reste de timidité p'tête ? Le Yun l'observa ensuite faire mine de réfléchir. Elle allait sortir une bêtise pour cacher sa gêne. Elle relevait juste le nom. Tout sourire, il répondit "Ouai, Peterson. Faut croire que quand je cherche des noms à mes personnages, je vais pas les chercher trop loin. Faut bien que je m'en souvienne !" Bon au moins elle était pas vexée qu'il se soit amusé avec elle quelques instants. " Je roupillais sous un arbre et t'es passée devant moi. "

Le Yun retourna s'asseoir au banc en ramassant le magazine des bentos et le montra. " J'attends toujours, d'ailleurs ! Y'en a qui sont classes… et pas dégueux." C'est vrai que maintenant qu'elle était là, qu'il était là, qu'ils étaient là… il savait plus quoi dire. Bon déjà, elle était contente de le voir. C'était déjà ça. Par où commencer dans les questions du coup ? " Art dramatique hein ? T'as fait quoi de ta timidité ? Tu l'as laissée dans l'institut ? Je t'aurai JAMAIS vue être comédienne. Déjà que rien que quand on te regardait tu rougissais ! " Le jap partit dans un rire en observant la nouvelle Leah et commenta " Il a dû s'en passer des trucs en trois ans hein ? Raconte un peu… Ou non, attends. On va faire un jeu. On pose une question à tour de rôle, mais on doit tous les deux y répondre. Je commence. " Ca serait bien marrant.

Tapotant son menton, Kanata reluqua Leah de bas en haut, comme elle l'avait fait juste avant. Puis un sourire étira ses lèvres. Il savait ! " Je sais ! ". Et elle était vicieuse ! "Elle est vicieuse !" Non, il plaisantait. "Je plaisante. Dans quelles villes tu as été pendant ces trois ans ? Qu'est ce que tu as visité ? " Fallait bien démarrer par quelque chose.

Elle ne trouvait pas vraiment par où commencer ses questions, en fait. Pourtant, ce n’était pas ce qui manquait. Et à défaut de mieux, elle avait relevé le nom tout bêtement, puisque bon. Elle songea d’abord qu’il avait choisi exprès ce nom-là juste pour rire. Juste pour faire ça, y avait surement pas besoin de chercher loin, à supposer. Mais en fait, non. C’était un de ses personnages. Ah. Elle pouffa néanmoins de rire, ravie tout de même qu’il ne l’avait pas oubliée durant tout ce temps.

"C’est quoi les autres personnages ?" demanda-t-elle, à brûle-point, curieuse de le savoir. Ouais d’abord, c’était quoi les autres ?

Et il lui fit aussi remarquer qu’il roupillait et qu’elle était passée devant lui sans le voir. Oh. En même temps, elle songea qu’avec le nez dans son magazine comme elle venait de le faire, ça n’avait rien d’étonnant. Ce n’est pas comme si elle s’attendait à revoir autant de vieilles connaissances. Même si justement, le fait d’en revoir parfois depuis qu’elle était revenue à New York pourrait peut-être la rendre légèrement plus alerte sur le sujet. Peut-être. Mais il ne s’en formalisait pas et elle ne s’étendit pas le sujet. D’autant qu’il était du coup retourné sur le banc en s’intéressant de nouveau à son magazine. Il attendait toujours qu’elle lui cuisine des trucs jap ?

"Hé !" fit-elle, en clignant des yeux avant de faire semblant de s’indigner avec les mains sur les hanches. "Je devais cuisiner si TU ramenais les ingrédients." Du moins, elle était certaine de se souvenir qu’il l’avait dit comme ça à l’époque. Et ça l’arrangerait bien en plus du coup, vu sa situation d’étudiante. "Et puis d’ailleurs, mes bentô sont toujours bons. Même lorsqu’ils ne le sont pas." ajouta-t-elle, très sérieusement. Avant de pouffer de rire. Et de s’asseoir à côté de lui, en lui reprenant vivement le magazine des mains et de l’ouvrir, pour lui en montrer quelques pages. "Tu veux quel genre au fait ?" Ouais parce que bon. Les goûts de Kanata en matière de nourriture, et en particulier de ça, elle ne connaissait pas.

Et puis il lui fit des remarques sur où était passé sa timidité, où un autre qu’elle aurait sans doute répondu quelque chose de peu glorieux en rapport avec un endroit sombre, en rajoutant une couche en affirma qu’il ne l’aurait jamais imaginé comédienne. "Moi non plus", répliqua-t-elle très sérieusement en souriant un brin. Faut dire qu’après tout, elle n’aurait jamais choisi d’en faire si son cousin ne lui y avait pas forcé la main, au sens propre. Et qu’elle n’aurait jamais pensé que ça finirait par lui plaire au point de faire ses études là-dedans. Lui-même commenta en supposant qu’il s’était passé pas mal de choses en trois ans, avant d’enchainer directement en proposant un jeu sans qu’elle ne puisse en placer une. Un jeu ? Ça lui plaisait bien comme idée.

Et elle se tourna vers lui tout sourire, attendant avec amusement et impatience la question qu’il lui poserait. Enfin quand il aurait trouvé. Et quand il aurait fini de la zieuter de haut en bas, réalisa-t-elle alors, lui adressant un regard perplexe en penchant la tête sur le côté. Et puis finalement, il avait trouvé sa première question. Une qui était vicieuse. Et qui ne l’était pas en fait. Les villes où elle était durant ce temps ?

"Oh, à Tokyo", répondit-elle du tac au tac, très naturellement. Avant de partir sur sa lancée : "En fait, tu te souviens une fois, dans le jardin, je savais pas si je devais écrire ou pas une lettre pour mes parents ? En fait, ils avaient divorcés et je le savais pas. Donc après, je suis partie avec ma mère, et on est allées vivre là-bas. Donc j’ai surtout visité pas mal de quartiers à Tokyo." Pour sûr. Elle y avait même pu faire une petite balade dans le commissariat et les prisons. "Après j’ai surtout fait ma touriste un peu partout", se contenta-t-elle de rajouter d’un air vague en haussant les épaules. Ce qui n’était pas faux. Elle l’avait fait en rendant visite à des membres plus ou moins éloignés de sa famille. D’une pierre deux coups, voilà tout. "Et puis ensuite, j’ai décidé de revenir ici pour finir mes études." finit-elle avec un grand sourire. "C’était bien là-bas, mais voilà… New York c’est la ville où je suis née et où j’ai grandi quoi… Ça fait pas longtemps que je suis revenue d’ailleurs. Et toi ? T’as visité quoi ? Et tu as fait quoi tout ce temps, tu fais quoi maintenant ?" fit-elle, profitant pour lui poser sa question du même coup.

" Les autres personnages ? Ho bha… " Le Yun s'étira en regardant devant lui. " Robert Peterson je l'utilise pas mal en ce moment. Sinon c'est un peu au besoin, suivant les gens que je croise où dont je connais le visage, s'ils peuvent m'aider. " Il tourna la tête et rajouta " Enfin en général je travaille jamais longtemps avec les mêmes personnes, donc j'ai pas besoin d'inventer autre chose qu'un nom et parfois un job à mes transformations. En plus faudrait les retenir à force. Donc un peu chiant quoi… " Un coup à devenir un peu taré sur les bords s'il se prêtait une dizaine d'identités.

Un sujet important revint sur la table. Enfin sur le banc. Les bentos ! Kanata sourit à l'indignation de Leah et rajouta, pour alourdir sa peine vers une peine capitale "Bha c'est le travail des femmes de faire les courses et de cuisiner… " Un peu de machisme, que diable ! " Toujours bons tes bentos ? Je demande qu'à goûter pour confirmer, moi… " Un défi ? Oui et non. Ca ferait surtout une occasion de se revoir et de manger. Le Yun laissa le magazine lui échapper des mains lorsqu'elle le récupéra rapidement et le feuilleta. Soudainement, il fut amoureux. Le jap pointa du doigt un joli bento ! " Lui ! Avec les onigiris et le katsudon… C'est juste trop bon ! Ca fait un moment que j'en ai pas mangé en plus… "

Puis le jeu des questions réponses avait démarré. " T'es retournée à Tokyo ? La chance… J'aimerai bien aussi, mais je crois que je peux toujours pas… China Town c'est sympa mais bon, c'est pas Tokyo quoi… Je suis de Kyoto, je sais pas si tu te souviens. Donc c'était pas trop loin, alors parfois j'y allais en week end. Enfin ça fait longtemps tout ça… Qu'est ce qu'il y a de neuf au Japon de spécial ? C'est quel chanteur qu'est à la mode ? Jagal Pimp ça marche encore ? " Y'avait toujours internet pour se tenir au courant, mais demander directement à une connaisseuse, c'était quand même plus sympa…

Elle lui parlait d'une lettre qu'elle écrivait dans le jardin. Le Yun prit une mine pensive. Ca lui disait bien quelque chose ça. " Une lettre… " La révélation ! "Ha oui ! Même que je sortais de la piscine ! " Ca revenait un peu. " C'est cool de voyager… T'as de la chance. C'est mieux avec d'autres gens pour partager. T'étais juste avec ta mère ? " Finalement elle était revenue ici pour finir ses études. " Alors on a de la chance de s'être vus… C'est grand l'Amérique… Mais heureusement que t'y es née alors. Au moins t'es venue direct ici. Moi j'ai un peu navigué dans l'Est des Etats-Unis. Puis j'ai fait des petits boulots et je suis devenu une sorte de petit mercenaire grâce à mon pouvoir. Les affaires marchent pas trop mal. Tant que ça paye l'appart et la bouffe, ça me va… Mais du coup côté thune c'était un peu la dèche alors j'ai rien visité. Je suis toujours resté par ici. Rien de passionnant quoi. "

C'est clair qu'il se passait pas grand chose dans sa vie, hormis Existenz. "Enfin les affaires vont un peu mieux en ce moment. Alors faut espérer qu'ça dure. Puis je fais toujours du tennis. Allez, à toi de poser une question cette fois ! " Kanata s'accouda au dossier du banc et appuya sa tête sur sa main en regardant Leah.

Ah donc, ce drôle de bonhomme était censé s’appeler Robert en plus ? Robert Peterson… Ouais. Y avait surement mieux. Quoiqu’il était surement "drôle" de se dire que quelque part, y avait vraiment un bonhomme comme ça qui ne se doutait pas une seconde qu’on lui avait emprunté son apparence. De toute façon, Kanata avait l’air de dire qu’il inventait des personnages sur le moment, sans plus, et elle n’insista pas. C’était pas comme si c’était aussi important que ça en fait. Elle avait demandé par pure curiosité, sans plus. Et puis il venait de lui sortir une réponse assez macho fasse à sa prétendue indignation.

"Oh", fit-elle en prenant une pause assez candide et en papillonnant des cils, "heureusement que tu as une femme dont tu es fou amoureux pour faire tout ça alors". Une femme imaginaire, surtout. Quoique… "Heu… En vrai, tu es pas vraiment marié ou… ?" fit-elle tout d’un coup, en fronçant les sourcils, brusquement prise de doutes. Est-ce qu’il y avait des trucs vrais dans ce qu’il avait raconté sous les traits du sieur Peterson ou bien… ?

Néanmoins, elle se contenta de pouffer de rire lorsqu’il sembla lui lancer un défi, et lui montra quelques pages de son magazine. Jusqu’à ce que tout d’un coup, il lui en désigna un du doigt en affirmant que c’était trop bon. "Ok !" répondit-elle juste avec un grand sourire, en glissant un autre magazine juste à cet endroit avant de les ranger dans son sac, histoire que comme ça, elle puisse retrouver la page directement après.

Et il lui répondit, sur le jeu des questions réponses. Elle avait de la chance d’y être retournée ? Elle secoua négativement la tête. "C’était la première fois que j’y allais, en fait", expliqua-t-elle. Il voulait y retourner aussi. Avant d’ajouter qu’il ne pouvait sans doute toujours pas. Ça, c’était quasi certain pour elle. Déjà qu’être mutant là-bas, c’était pas la joie… Avec en plus "ex-terroriste", c’était déjà comme avoir le mot "coupable" tatoué sur le front, alors "terroriste" tout court dans son cas à lui, ce serait pas demain la veille où son statut là-bas risquerait de changer. Et elle hocha avec conviction la tête de haut en bas, les lèvres pincées, pour lui faire comprendre sans l’interrompre qu’effectivement, il avait peu de chances pour l’instant de pouvoir y remettre un pied sans être inquiété.

Et puis elle haussa les épaules quand il l’interrogea sur les chanteurs à la mode.
"Je sais pas trop en fait" avoua-t-elle sans aucune gêne. "Je faisais pas trop attention à ça."

Ce qui était absolument vrai. En revanche lui semblait avoir du mal à se souvenir de la lettre dans le jardin dont elle faisait allusion. Elle montra une certaine hauteur plutôt basse avec la main.

"Oui, et tu étais sous l’apparence d’un petit. Tu t’en souvenais pas ?" demanda-t-elle, en penchant un peu la tête sur le côté et légèrement déçue. Elle aurait cru qu’il s’en souviendrait. En tout cas, il lui demandait si elle n’avait été qu’avec sa mère. Pour voyager ? "Heu non, j’y allais surtout avec mes cousins", dit-elle. C’est qu’ils faisaient souvent des choses ensemble en fait. Surtout quand sa mère était assez prise par son travail. Et puis il lui raconta ce qu’il avait fait ses dernières années et elle l’écouta attentivement. "C’est pas trop risqué, les petits boulots que tu fais ?" se contenta-t-elle finalement de demander. Parce qu’il fallait bien l’avouer, il était resté assez vague même en étant assez bavard. Ou c’était elle qui interprétait trop librement.

Et c’était à elle de poser une question. Ah. Heu. Laquelle poser ? "C’est quoi tes loisirs et tes passe-temps ? A part le tennis, je veux dire." finit-elle par demander en se tournant vers lui, souriante.

Le temps semblait avoir stoppé son cours alors que Leah et Kanata devisaient dans ce havre paisible qu'était censé être Central Park. L'absence de circulation à moteur, cela faisait plusieurs dizaines d'années maintenant, avait rendu l'air agréable, et surtout, avait considérablement changé l'ambiance sonore : on entendait clairement les oiseaux chanter, et les gens parler.

Et ils en avaient des choses à dire, ces braves gens ! Parce que oui, ça avait fini par se produire. Et par un mutant en plus ! Sans blagues ! De toutes façons, il fallait bien que ça arrive. On est jamais trop méfiant avec ces gens là. Mais tout de même, c'est bien dommage ma bonne dame. Il devrait le payer très cher en tout cas.

Quoiqu'il se fût passé, cela n'augurait rien de spécialement réjouissant. On pouvait deviner des bruits de sirènes, vers Harlem, coté ouest, mais après....

Le Yun afficha un sourire satisfait à la tête que Leah faisait à sa remarque machiste à souhait. Touché coulé ! Puis vint une drôle de question. S'il était marié ? " Vraiment marié. A Georgia. En fait Lloyd c'est moi. " lança-t-il super sérieux. Tenant le regard de Leah quelques secondes, il rajouta " Nan je déconne. Personne est assez con pour se marier à moi. " puis il se marra comme un idiot. Il se voyait vraiment pas se marier un jour. Déjà parce que ça se faisait à deux, et qu'il doutait de se trouver quelqu'un dont il veuille autant que quelqu'un qui voudrait de lui. Ensuite parce que... Ca lui faisait bizarre de s'engager.

Kanata sourit à Leah en la regardant. " L'institut où elle est est pas loin en plus… Jamais trop osé aller y faire un tour. C'est un peu compliqué. Surtout que bon… Elle est mariée à… l'autre là " Courgette man. Il avait presque vomi en pensant à lui. Cet abruti. Comment il avait réussi à se marier avec G. ? Le Yun afficha une moue boudeuse et contrariée. Ca, il l'avait toujours pas digéré. C'était un mariage pour la thune… Ca pouvait qu'être ça. Et la blonde était volage. A tous les coups elle continuait d'aller voir ailleurs.

Le jap reporta son intention sur son amie quand elle parla de Tokyo. " Ha oui ? Je pensais que t'avais déjà été un peu là bas. T'as aimé ? " Bizarrement, elle semblait pas plus au courant que ça des modes du pays. Tant pis. Au sujet de la lettre, il précisa : " Si si j'men souviens de ça… Ouai. Je sortais de la piscine en moi junior… Même que j'avais la peau qui me cramait à cause des poupounes… Et puis en partant… Enfin. Bref. " Le baiser sur la joue restait un mystère. Il avait préféré se dire qu'elle était mignonne et qu'elle avait l'air d'avoir la joue douce. Donc il l'avait embrassée et puis rien d'autre. Un simple caprice. Ca évitait de trop se poser de questions après tout.

Leah se baladait dans ses visites surtout avec ses cousins. Pas de copain à l'horizon, encore. Puis elle sembla s'inquiéter des petits boulots. Dis comme ça, peut être que ça faisait un peu peur ? " Bha ça dépend des fois… Faut pas se faire choper quoi. Sinon on passe un sale moment en général. " Se faire tabasser, ça arrivait quand on ratait la mission. Une fois par les gardes qui nous avaient chopé, une fois par le client qui n'était pas très content de l'échec. Kanata haussa les épaules. C'était la vie.

La question de son amie était plutôt simple. Et la réponse l'était autant ! " Jeux vidéo et ordi surtout. On change pas une équipe qui gagne ! Puis toujours un peu de dessin. Rien de folichon quoi. Et les poèmes il avait arrêté. Il avait trop l'impression d'être un Lloyd en puissance. Ca le dégoutait de la poésie. " A ton tour ! "

Mais une journée calme c'était trop rare ici. Le Yun tourna la tête dans la direction qui était suivie par des voitures de police, pompiers ou ambulances. " C'est Harlem par là non ? " Il se passait quoi encore ? Soudainement intrigué, Kanata se leva et se tourna vers Leah pour lui tendre la main " T'aimes l'aventure ? On pourra faire les commères… "

Si elle s’était demandé où avait pu être la limite entre "vérité" et "bobard", elle eut surtout une drôle de réponse et elle se contenta de le regarder perplexe, yeux grands ouverts. Avant qu’il n’avoue qu’il plaisantait, encore une fois. Elle n’eut d’autre réaction que celle de soupirer en levant les yeux au ciel d’un air assez exagéré. Et puis il lui raconta qu’il n’avait pas osé aller faire un tour à l’institut. Elle haussa les épaules, un peu navrée. "Je n’y suis pas allée non plus en fait… Et pourtant j’ai croisé des anciens qui y sont apparemment."dit-elle. Avant d’ajouter, sur le ton des confidences, que "L’autre jour, figure-toi que j’ai croisé Alexander et Juliette qui avaient rendez-vous ensemble dans une pizzeria." Et après un court instant de réflexion : "En fait, Alex a dit qu’il avait revu pas mal d’anciens lui. Genre Kalalli, Brieuc, Jolène, Jin, Mina… et d’autres." conclut-elle un peu désintéressée au final. Elle se souvenait assez vaguement finalement des noms qu’il avait cités. Ce n’était pas non plus comme si elle avait pris des notes. "Ils y sont peut-être retournés eux aussi, en fait." En fait, elle n’en savait rien. Il avait seulement parlé de ceux qu’il avait revus, mais ça ne voulait pas dire qu’ils étaient tous forcément retournés à l’institut.

"Ah oui, c’était sympa", répondit-elle en pouffant de rire quand il lui demanda si elle avait aimé le Japon. Même si finalement, avoir pour "amis" des gens absolument anti-mutants l’était sans doute moins. Et puis finalement, il se souvenait du jour auquel elle faisait allusion. Un peu rassurée tout de même, elle sourit, ravie. Et puis elle avait posé sa question sur les risques des petits boulots et apparemment, "ca dépendais". "Oooh…" fit-elle juste, lui adressant un court instant un regard plein de compassion et de tendresse.

Ensuite vint le moment où elle avait posé une question à son tour. Rien de bien folichon en fait. Des loisirs tout à fait classiques, ou presque. Et elle ? "Hum, ben le théâtre", commença-t-elle. "En fait, c’est mon cousin qui m’a forcé la main au début", commenta-t-elle en riant. "Et puis je suivais des cours sur la cérémonie du thé. Et y a les bentô… Oh, au fait !" s’exclama-t-elle d’un coup, avant de sortir son téléphone portable pour le brandir sous le nez de Kanata. "J’peux avoir ton numéro ? Ce sera plus facile comme ça pour te donner ton bentô, non ?" Parce que bon. Elle n’allait tout de même pas s’amuser à se promener après tous les jours dans Central Park ou les rues de New York avec un bentô neuf chaque jour sous le bras juste pour le trouver et tenir sa promesse.

Mais visiblement, la tranquillité dont ils avaient bénéficiés jusqu’alors n’avait été que provisoire. Du moins, l’ambiance semblait avoir changé. Et elle ne le remarqua véritablement que lorsqu’elle crut entendre au loin des sirènes. Des sirènes de quoi au juste ? Ça sentait surtout un truc peu réjouissant, étrangement. Kanata lui, se contenta de demander si c’était bien Harlem par là-bas.

"Heu, je crois, oui." répondit-elle, en regardant autour d’elle. Oui parce que bon. Elle se débrouillait bien maintenant pour éviter de se perdre un peu près dans New York, mais tout de même. Et il se leva en lui tendant la main, lui proposant au passage d’aller faire les curieux et de voir par eux-mêmes de quoi il en retournait exactement. Tout sourire, elle se leva prestement, épousseta sa robe et s’assura en même temps qu’elle était bien mise, avant d’attraper la main qu’il lui tendait.

"Allons-y !" s’exclama-t-elle, avec beaucoup d’enthousiasme.

La transition du vert nature de Central park au gris béton de l'avenue Central Park West était assez abrupte. Mais entre tout ce gris et tout ce vert, on pouvait aussi trouver du jaune : le jaune d'une bande de délimitation de scène de crime, qui bouchait la 107e et la 108e rue.

Et accessoirement, du noir et blanc, du rouge, du jaune, et beaucoup de gyrophares bleus. La police et les ambulances.

Le Yun arqua un sourcil lorsque Leah lui apprit qu'elle avait croisé Alexander et Juliette. Le télépathe et la boxeuse de jap. Ces deux là lui manquaient pas du tout. Puis elle énonça une liste d'autres personnes de retour à cet Institut là. "Ils continuent surement la lutte. Ils ont du courage. Pas mal de LeX… A part le môme. Ca me fait une raison de retourner faire un coucou… " Même si voir Georgia lui serrait un peu le ventre. Il saurait pas trop quoi lui dire.

Puis les sujets défilèrent jusqu'au retour sur les passes temps. Elle c'était donc bien le théâtre, forcé au début par un cousin. " Il t'a volé ta timidité alors, c'était lui l'assassin ! HA HAAAAAA" lança-t-il d'un doigt accusateur sur Leah comme s'il venait de résoudre l'affaire ! Sinon le reste, cérémonie de thé et bentos. Ce dernier était surtout dans son intérêt ! D'ailleurs, elle lui demandait son numéro. " Ha oui. Pas con. " Le Yun sortit aussi son téléphone tout en énumérant son numéro et se prépara à rentrer celui de son amie sous le nom "Leah P. ". " A toi. "

Mais l'heure n'était plus aux retrouvailles et la casquette de badauds curieux venait d'être obtenue. Ainsi, Inspecteur Kanata débarqua sur les lieux du crime avec sa fidèle assistante Leah. Banderoles jaunes, police, ambulance, tout y était. Restait à trouver Mulder et Scully. " Hé bha. S'en passe un truc… " Le jap jeta un oeil autour de lui et alpagua une personne. " Il se passe quoi là ? Qui a été tué ?" De là où il était, il essayait de voir un peu là où on les empêchait d'aller et commenta pour Leah " Tu crois qu'on va voir du sang ? " C'était p'tête une rixe qui avait mal tournée, ou un cambriolage.

Elle ne répondit rien lorsqu’il commenta en disant qu’ils "étaient courageux de continuer la lutte" et qu’il avait sans doute une bonne raison maintenant de passer leur faire un petit coucou. Honnêtement, si elle aurait dû aller là-bas, elle aurait plutôt cherché à se faire accompagner par quelqu’un qu’elle connaissait. Et puis la conversation glissa sur ce qu’il préférerait comme bentô, puis sur le petit jeu "posons-nous une question chacun notre tour". Et vint le tour des passe-temps, où elle répondit en disant que le théâtre, c’était surtout grâce à son cousin. Ce à quoi il s’exclama que c’était lui l’assassin qui lui avait volé sa timidité et elle éclata de rire. Avant de reprendre un air très sérieux et de lui affirmer, pince sans rire que "Oui, et en plus, il adore manger du ragoût de renard. Fais gaffe.".

Et puis surtout, elle eut l’idée de penser à échanger leurs numéros s’il voulait enfin son repas jap, et il lui énuméra son numéro. Numéro qu’elle s’empressa de rentrer avant de lui mettre l’écran sous le nez en lui demandant : "C’est bon ? C’est bien ça ?", avant d’en profiter pour jeter un coup d’œil sur l’écran de ce dernier qui lui demandait son numéro également. "C’est N. pour le nom, pas P.", commenta-t-elle juste, avant de rajouter "J’ai pris le nom de ma mère en fait." et de lui énumérer à son tour son propre numéro.

Et si l’ambiance sonore semblait avoir changé, ils avaient donc presque naturellement décidés d’aller voir ce qu’il se passait. Pourquoi pas après tout. Depuis qu’elle était ici, la chose la plus imprévue et impressionnante qu’elle avait eu l’occasion de voir n’avait été qu’un pigeon complètement bête qui était rentré dans une vitrine. Alors forcément, des sirènes et de l’agitation, ça suffisait à éveiller sa curiosité. Et ils passèrent donc d’un lieu calme et paisible à ….rue de New York. Elle n’avait rien contre le gris, mais la transition était finalement assez … surprenante, en fait. Et pendant qu’elle regardait tout autour d’eux, yeux grands ouverts, Kanata lui, avait déjà demandé ce qu’il se passait à une personne qui passait par là. Avant de commenter pour elle-même en lui demandant si y avait du sang, à son avis. Elle blêmit un peu et demanda un peu hésitante si : "T…Tu crois qu’il y en a ?". Ce n’était pas comme si elle voulait spécialement voir ça aussi. Du sang, elle en avait vu et même nettoyé dans de drôles de conditions. Depuis, elle supportait moyennement de voir ça. Restait juste à espérer que ce soit plus "banal".

D'où ils étaient, les deux pouvaient deviner qu'il s'était passé quelque chose de grave dans une église. Il y avait au moins un cadavre, vu qu'une camionnette estampillée "légiste" était garée là.

Le jap avait un peu flippé quand elle avait fait remarquer que son nom, c'était avec un N. NPeterson ? Autre chose ? Elle avait changé de nom ? Elle était mariée ? Il lui avait même pas retourné la question avec la discussion qui sautait de sujet en sujet. Son visage s'était décomposé une seconde, sauf qu'elle venait d'expliquer d'elle même la raison. "Ha ouai ? Pourquoi ? C'est le début de quoi, N ? " Ca s'appelait pas l'ascenseur émotionnel ça ? Grosse trouille suivie de soulagement ?

Et sinon, même pas une réponse des badauds sur les évènements. La loose. Leah avait l'air d'avoir la trouille à l'idée de voir du sang. Le Yun pointa du doigt le camion de légiste. " Si y'a ça, c'est que y'a un mort. Et si ça fait tout c'ramdam c'est que ca a été violent. " Ca s'était passé dans une église. Le prêtre qui s'était fait flinguer ? Il en savait trop sur un type qui s'était confessé ? C'était toujours ça dans les séries, quand ça partait pas dans des délires d'anges et de démons…

Kanata chercha du regard un flic éloigné qui n'était pas vers la porte d'entrée de l'église et se tourna vers Leah. " Bouge pas. " Il se transforma discrètement en policier pour passer sous les barrières et aller faire un tour rapide dans l'église, l'air de rien, et ressortir prudemment. Si c'était trop blindé de flics dedans, il repartirait bredouille plutôt que de tenter le diable (ou le MJ).

C’était vrai qu’elle avait totalement oublié de lui dire tout à l’heure qu’elle avait changé de nom, et du coup, il lui demanda la raison. Et pour première réponse, elle lui dicta son numéro. Et avant qu’elle ne puisse vraiment le lui dire, ils avaient entendus les sirènes et ils s’étaient levés. Du coup, elle expliqua vite fait pendant qu’ils marchaient vers la direction d’Harlem que : "En fait, quand je suis allée avec ma mère et que mes parents avaient divorcés, j’avais juste envie de prendre son nom. Donc c’est Nakamura maintenant." ajouta-t-elle,avec une pointe de fierté. Parce que forcément. Ce nom-là, elle avait choisi de le prendre après tout. Non pas qu’elle détestait son père. Juste qu’au final, elle ne sentait pas plus proche que ça de lui.

Et si elle craignait justement qu’il y eut du sang à cause du commentaire de Kanata, elle fut vite fixée. Il y en avait. Car il y avait effectivement une camionnette de légistes qu’il lui désigna du doigt. Ben mince alors. Devant une église, comme de par hasard. Elle se contenta d’acquiescer de la tête en se demandant si c’était un prêtre ou une simple personne qui irait dans ce véhicule. Parce que pour sûr, si corps il y avait, il devait surement être encore dans l’église, probablement. Sinon, la camionnette ne s’attarderait pas encore ici. Enfin elle en était sûre du moins.

En tout cas, il lui dit de ne pas bouger et elle haussa un sourcil. Comment ça, elle ne devait pas bouger ? Et elle comprit une seconde après, lorsqu’il prit l’apparence d’un flic. Ah d’accord. Il ne lui restait effectivement plus qu’à attendre, et elle ne pouvait que regarder attentivement de loin la scène.