[COURTIER de James Murray]Campus de l'Université de Pennsylvanie / Philadelphie / Entrainement matinal

"Celui-là même.", répondit une voix féminine à coté de James, un peu derrière lui, à la question de la coïncidence des noms de famille.


La jeune femme lui serra chaleureusement la main tout en se présentant :

"Serena Chao."
"Madame la Sénatrice Serena Chao", compléta le soi-disant footballer qui avait parlé à James sur un ton ironique, avant de se faire rembarrer sur le même ton par la sénatrice
"Pardonnez-moi, votre Excellence M. l'Ambassadeur Angevin."

Il y avait une certaine familiarité entre ces deux là.

"Chez nous, le football tel que vous le pratiquez n'est quasiment pas connu. Quand on dit football aux européens, ils pensent à ce que vous appelez soccer. Mais le sport se développe tranquillement, et comme tu dis c'est le genre de manifestation qui est toujours bon pour les relations internationales. La République Fédérale Américaine n'est pas très ancienne alors autant se rapprocher de la Fédération Européenne."

Serena soupira. La conversation devenait trop intellectuelle, et l'équipe hollandaise choisit de mettre les voiles vers des cieux plus caloriques.

"Tu parles vraiment comme un politicien..."

Éric grommela alors, puis Serena, rayonnante, conversa avec James :

"Décalage horaire ou bière ? Ce sont des explications intéressantes, mais tes coéquipiers parlent de trucs de mutants. Il y a d'ailleurs eu une altercation sur votre banc, et mon petit doigt me dit que c'est plus ou moins en rapport avec cela. Alors, triche avérée, ou aube d'une nouvelle discipline sportive ? Un commentaire ?", demanda-t-elle doctement.

Le linebacker tourna tour à tour le regard vers les deux protagonistes principaux, tel un spectateur de match de tennis, l’air incrédule. Lorsque l’échange fut terminé, James éclata d’un rire franc et massif avant de lancer :

"Alors me voilà propulsé ambassadeur du football auprès de la Fédération Européenne et accessoirement ambassadeur de la République Fédérale Américaine ?! Si on m’avais dit ça ce matin je crois que j’en aurais craché mes cornflakes au visage de mon informateur !"

Toussotant, James reprit son sérieux pour continuer, conscient qu’il parlait tout de même à deux personnalités importantes :

"Pardonnez-moi, Madame la sénatrice…" salua-t-il de la tête.
"Je suis davantage habitué à disserter sur des servomoteurs ou sur des courses de running back que sur la politique internationale. Quant à votre gracieux et non moins sénatorial petit doigt… triche non avérée de mon côté, mais cela n’engage que moi et résulte peut-être d’un accès de fièvre éthylique… s’il s’agit de l’aube d’un nouveau sport je serai ravi d’en être un pionnier !..."

James s’interrompit, pinçant les lèvres comme s’il aurait souhaité bloquer ses derniers mots dans sa bouche avant qu’ils ne sortent. Se rendant compte qu’il était trop tard il avoua :

"Je suppose que je me suis vendu ?! Je suis un mutant… c’est d’ailleurs probablement la raison pour laquelle je ne suis pas en train de dévorer toute trace d’élément comestible avec mes coéquipier… en tout cas je vous prie de croire que je ne suis pas à l’origine de ce qui a pu troubler le jeu, j’aime trop la compétition et l’effort pour nuire volontairement au jeu. Et d’ailleurs encore une fois, ce ne sont que des soupçons de ma part, si ça se trouve il y a juste un mauvais virus qui traîne sur le stade !?"

Une fois terminé, James se racla nerveusement la gorge, se doutant qu’il n’avait pas dû utiliser un ton approprié à ses interlocuteurs. Mais après tout, on ne pouvait pas demander à un linebacker habitué à plaquer des brutes de 100kg et à descendre des litres de bière comme un bébé descend son biberon de converser avec des représentants officiels en voyage diplomatique !

James était du genre naturel et franc… on ne se refait pas !

"N'exagérons rien... C'est simplement une discussion courtoise, histoire que je puisse fuir les ronds de jambes, les titres ronflants, et tutti quanti. Pas d'ambassade, pas de mission diplomatique, pas de corn flakes, juste à simplement échanger. Ca se fait tellement rare de nos jours maintenant...", soupira-t-il.

Les deux redevinrent un peu plus sérieux en comprenant que James tâchait de se dédouaner, prouvant par le fait même qu'il aurait pu y être pour quelque chose, et ils se regardèrent en coin un instant, écoutant la suite des aveux. Ce fut Serena qui prit la parole pour répondre.

"Il y aurait donc un mutant derrière tout ça ?", demanda-t-elle intriguée. "C'est surtout cette histoire de hollandais ne pouvant mettre un pied devant l'autre qui m'a intriguée. Pour le reste, j'avais imputé ça au stress ou à un excès de confiance ou de bière..."

"Pour être sincère James, nous ne pensions pas que notre équipe serait capable de marquer autant de points, mais d'un point de vue strictement diplomatique, ce n'est pas plus mal. Ça leur évite une défaite trop cuisante, et ils vont rentrer sur le continent très motivés et des souvenirs plein les yeux. De ce point de vue, quelles qu'aient été les motivations de la personne qui a perturbé le match, le bilan n'en est pas forcément si négatif."

Une vision pour le moins nuancée.

"Bon, ça m’arrange que ça soit une discussion en toute simplicité !" souffla James.

A la remarque de la sénatrice, James expliqua :

"Je vous avouerais que je ne l’aurais pas cru si je ne l’avais pas ressenti moi-même. Un instant j’étais en pleine forme, près à courir un sprint sur toute la longueur du terrain, la seconde d’après j’étais à deux doigts de tourner de l’œil, je voyais pu clair et je devais faire un effort pas possible pour mettre un pied devant l’autre sans me planter ! Là où j’ai vraiment compris que quelque chose clochait c’était effectivement les chutes de vos défenseurs. Une fois ça peut toujours arriver de s’emmêler les pinceaux… mais systématiquement là c’était carrément louche ! Soit dit en passant, lorsque j’ai soulevé la question sur le banc de touche, outre le remue-ménage, bizarrement tout est redevenu normal juste après !..."

Devant la vision très diplomate de l’ambassadeur, le linebacker écarta les mains en disant :

"C’est sûr qu’on étais juste en match de gala, mais j’aimerais juste éviter que ça se reproduise lors d’une compétition officielle ! Je sais pas trop en quoi consisterait le don d’un mutant capable de rendre les joueurs malades et maladroits, mais je suppose que ça a à voir avec le cerveau ou les sens, genre un télépathe ou un truc du genre… qu’il se contente de lire dans les pensées du quarterback pour connaître la tactique utilisée… bon c’est pas bien mais limite c’est juste une façon de remplacer la lecture du jeu qu’on acquiert avec l’expérience. Mais là, on parle d’avoir diminué les capacité des autres joueurs ! Pourquoi ?! A mon avis pour se faire mousser sinon pourquoi avoir touché les deux équipes au lieu d’une seule, celle qu’on voulait voir perdre. Et ça c’est moche ! Les joueurs suent sang et eau pour être performants et gagner et un petit malin ruinerait ça ?! Personnellement je trouve que c’est la pire des triches possibles ! Mais bon… pour sûr ça serait bien d’éviter de dire que les points hollandais ne sont dus qu’à de la triche, pour le coup ça serait terrible pour le moral ! En tout cas je vais éviter d’en reparler."

Prenant une gorgée de boisson, James se sentit d’étendre un peu l’analyse :

"En fait j’y avais pas pensé avant aujourd’hui mais les dons mutants peuvent creuser l’inégalité dans le sport… ou ne rien changer. Prenez un mutant qui peut parler aux abeilles, je ne crois pas qu’il puisse trouver un sport où ça lui serve, hormis peut-être le golf pour demander aux abeilles de pousser la balle dans le trou… par contre prenez un mutant fort comme 10 hommes et mettez-le en homme de ligne au football et vous écraserez à coup sûr la ligne adverse sans aucune résistance possible. Un exemple concret, avant de découvrir ma mutation je faisais déjà du football et je suis arrivé là à la sueur de mon front, et je dirais que depuis que ma mutation s’est révélée ça m’a plutôt desservi que l’inverse !"

Levant le doigt pour signifier qu’il avait un point important à ajouter, James continua :

"Loin de moi l’idée de faire une discrimination, ça serait me tirer une balle dans le pied ! Mais je crois que ça tuerait le sport de ne rien réguler. En gros faudrait pas qu’un don mutant vienne déséquilibrer les chances des autres sportifs… mais bon je vais pas poursuivre, je préfère laisser les réflexions éthiques à des gens dont c’est le boulot…"

James était plutôt satisfait de sa prose, et maintenant qu’il avait terminé et attendait la réaction de ses auditeurs, il se fit remarquer que, titre mis à part, la sénatrice était plutôt canon ! Par réflexe involontaire, James bomba un peu le torse, tirant sur les pauvres boutons de sa chemise qui n’avaient rien demandé.

La sénatrice et l'ambassadeur écoutaient James sans rien dire, arborant pour la première un sourire malicieux, et pour le second un sourire poli.

"C'est une théorie intéressante. Il y aurait donc un mutant qui aurait voulu se faire mousser et qui aurait attaqué les deux équipes pour brouiller les pistes. Ou bien l'adverse pour favoriser la sienne, puis la sienne, pour se faire appeler sur le terrain.", résuma l'ambassadeur, avant d'enchaîner.

"Mais j'ai une autre théorie. C'est uniquement pour la beauté intellectuelle, n'est-ce pas ? Supposons un instant qu'il y ait eu, dans la délégation hollandaise, par exemple, un mutant qui aurait été capable de réduire les capacités de votre équipe d'une façon ou d'une autre, afin non pas de faciliter sa victoire -il se serait alors planté- mais simplement de permettre à son équipe d'avoir un enjau à sa hauteur... de rééquilibrer le jeu dirons-nous...", il laissa sa phrase en suspens, la sénatrice en profita pour surenchérir.

"On peut aussi très bien imaginer un mélange des deux théories : un mutant allié des hollandais qui aurait pénalisé l'équipe adverse, et un mutant local qui aurait pénalisé l'équipe hollandaise. Pour se faire mousser ou simplement pour gagner..."

La sénatrice arbora à nouveau son sourire malicieux, et l'ambassadeur un sourire plutôt amusé cette fois. Il commenta :

"Au final, c'est amusant, parce que ce match a été l'illustration parfaite de ce qu'est souvent le jeu politique ou diplomatique... Des gens sur le terrain qui subissent les événements, et des ombres sur le banc de touche ou dans le public qui usent de leurs pouvoirs pour orienter discrètement le cours des choses. Je ne parle pas forcément de mutants quand je parle de pouvoirs, mais à ce petit jeu là, il paraît qu'ils sont très forts."

Ils ne dirent alors plus rien. Probablement qu'ils attendaient que James commentent les choses.

James fronça les sourcils en écoutant les différentes versions des faits, ses neurones en ébullition. Lorsqu’ils eurent terminé, semblant attendre qu’il réagisse à leurs variantes de scénario, il commenta :

"Pfff… des manipulations toutes plus tordues les unes que les autres ! Désolé mais pour moi ça ne vaut pas mieux que le boxeur auquel on demande de se coucher au second round pour laisser gagner l’autre ! Et puis rééquilibrer le jeu… est-ce qu’on baisse la barre d’un sauteur à la perche en lui disant que comme ça il sera content d’avoir réussi à la franchir ?! Non ! Il voit le chemin qui lui reste à faire et il se défonce jusqu’à réussir à la franchir ! C’est ça le sport ! Dépasser ses limites par la volonté et l’entraînement ! Ça devient trop souvent un prétexte à guerre pacifique entre entités qui cherchent à se tirer dans les pattes ou à faire le dos rond ! Mais bon… je suppose que je suis trop idéaliste, qu’il y a ce qui se passe au grand jour et ce qui se trame dans l’ombre… et que lorsqu’il y a triche dans un sens et que justice ne peut pas être faite officiellement il faut bien que quelqu’un s’y colle de manière officieuse…" dit-il en haussant les épaules.

"Personnellement je reste un partisan d’agir au grand jour ! Un bon coup de sifflet de l’arbitre vaut mieux qu’un règlement de compte dans les vestiaires ! Mais je suppose que vous connaissez mieux que moi l’envers du décor et les marionnettistes du banc de touche…" dit-il en prenant lui aussi un sourire amusé.

"Donc si un jour un sport pour mutants est créé pour qu’au moins les utilisations de leurs dons ne se fassent pas dans l’ombre, j’espère en être ! En attendant je préfèrerais qu’ils restent fair-play avec ceux qui n’ont pas de capacité surhumaine… voire qui ne soit pas utilisable dans le sport ! Pensons à ceux qui parlent aux abeilles…" lança-t-il en se grattant l’arrière du crâne avec un large sourire.

James était toujours convaincu que Billy devait savoir quelque chose, mais un petit doute s’était installé. Peut-être qu’il était là au bon moment pour que la gloire lui retombe dessus… Décidemment toute cette histoire de match de gala n’avait fait qu’apporter une montagne de soucis au linebacker. A présent il ne souhaitait plus qu’une chose : que cette journée se termine ! Même si ça ne lui donnait pas plus d’information sur la poursuite de sa carrière sportive dont il sentait l’odeur fortement dégradée, digne d’un vestiaire après un match…

"C'est un point de vue intéressant, James, mais malheureusement encore trop réducteur.", répondit la sénatrice, dont l'attitude évoquait un chat hésitant entre faire patte de velours, et être toutes griffes dehors. "Il serait valable si le sport n'impliquait que des sportifs, ce qui n'est pas le cas. Il y avait du public aujourd'hui, et de nombreux sports attirent une audience populaire très nombreuse, en quête bien sûr de performance, mais aussi de spectacle."

Cela tempérait quelque peu l'esthétique sportive d'accomplissement de soi... Mais Serena n'avait pas encore terminé.

"Et au final, cela revient à la question de l'information. L'équipe hollandaise ne pense pas qu'il y ait eu triche. Est-ce que pour autant ils sont frustrés de leur performance ?", elle jeta un coup d'oeil à l'équipe qui festoyait et descendait des bières, à l'image d'ailleurs de celle de James. "Il me semble que non. Pas plus que la tienne d'ailleurs... Même pour le public : ils ont eu un beau spectacle, et sont contents, vont pouvoir le raconter autour d'un barbecue."

Elle sourit, satisfaite de sa démonstration... L'ambassadeur prit alors la parole.

"D'un autre coté, on a aussi deux hypothèses concernant l'intervention de mutants dans toute cette histoire... Soit c'est un mutant voulant se faire mousser aux dépens de ses coéquipiers ou adversaires, soit c'est un mutant voulant donner un coup de pouce au destin sans en retirer d'intérêt personnel. En ce qui me concerne, j'ai plus tendance à fermer les yeux sur les coups de pouce au destin, mais c'est sans doute par déformation professionnelle."

Serena hocha la tête : Éric marquait un point dans cette affaire. Au delà de l'aspect grandiloquent de certains pouvoirs, ou du coté évident des choses, il y avait aussi d'autres façons de faire, sans forcément que les finalités soient mauvaises... Au prix d'une entorse à certains principes de conscience ?

James pinça un peu les lèvres en entendant la sénatrice parler de spectacle. Il avait oublié cet aspect aujourd’hui, peut-être trop préoccupé par la sale ambiance qu’il y avait autour de sa participation. Pourtant il était le premier à en rajouter lorsqu’il faisait un beau plaquage en quatrième tentative, faisant échouer l’attaque adverse, ou qu’il trouvait une faille dans la ligne et parvenait à faire un sack sur le quarterback…

"Vous marquez un point concernant le spectacle. Un match sans publique c’est comme un hotdog sans moutarde !" dit-il, apparemment fier de sa métaphore très américaine.

Levant son verre en direction de l’ambassadeur, comme pour le désigner, il ajouta :

"Néanmoins pour ce qui est d’aujourd’hui, je dois reconnaître qu’à choisir, je suis du même avis que monsieur Angevin ! Je pardonnerais plus facilement un petit coup de pouce sans grand dommage qu’une tentative de tirer la couverture à soi !"

Sur le sujet de l’égoïsme, James n’avait aucun doute, c’est d’ailleurs pour cela qu’il en avait voulu à Billy qu’il avait soupçonné de vouloir jouer les héros aux dépends des autres joueurs.

"En tout cas, il n’y a pas de doute que je préfère voir mon équipe contente d’avoir gagné et l’équipe adverse contente de s’être bien défendue, plutôt que d’avoir une équipe jubilant et l’autre complètement abattue ! Ça aussi je suis forcé de l’admettre."

L’air un peu triste, James enchaîna :

"Je suppose que je devrais en profiter de voir mon équipe comme ça puisque ça doit être l’un des derniers matchs que je fais avec ce maillot… s’il y a bien un ou des mutants derrière les événements d’aujourd’hui, je suppose qu’ils ont raison de ne pas se montrer, ça passe mal… et mon intervention d’aujourd’hui sur le banc de touche n’a rien arrangé… va falloir que je me trouve un job !" dit-il l’air résigné.

S’il ne jouait pas, nul doute que sa bourse sauterait. Et si sa bourse sautait, il faudrait bien trouver un moyen de payer les frais scolaires… Finalement, il voulait voir la journée se terminer mais préfèrerait ne pas voir la suivante arriver…

L'évolution de la pensée de James semblaient satisfaire Éric et Serena (si tant était que cela les intéressait sincèrement. On n'était jamais trop sûr avec les politiciens...). Toutefois, la dernière remarque de James arracha un soupir à l'ambassadeur.

"Eh bien... Pour un linebacker, tu restes vraiment en retrait ! L'équipe ne voudra plus de toi parce que tu es un mutant ? S'ils se comportent vraiment ainsi, ils sont arriérés, et appartiennent à un passé révolu, auquel cas, je te conseille de les envoyer balader avant ! Pareil pour les études, il y a toujours d'autres façons de faire. Surtout quand on est un mutant !"

"Et au pire, tu pourras toujours vendre des hot dogs...", conclut Serena non sans une certaine satisfaction.

"D'autres façons de faire ?! J'aimerais bien en connaître au moins une !" s'exclama James en riant.

"Il me faut surtout un job qui paye mes études à la place de ma bourse sportive si je quitte l'équipe, et c'est pas trop le cas de vendeur de hot dogs malheureusement !" dit-il en jetant un regard malicieux à la sénatrice.

L'air un peu pensif, James continua :

"Je vais peut-être essayer de me trouver un poste de mécanicien, j'ai déjà fait par le passé... en fait j'ai pas encore trouvé une idée de job où mon don serait utile, c'est bête ! Pourtant ça doit bien exister !..."

(désolé pour le retard, rentrée oblige...)

"Essayer ? des études ? Mécanicien... Quelle ambition ! Tu es un mutant, tu dois bien valoir un peu mieux que ça, et pouvoir viser un peu plus haut. As-tu pensé à la Fondation Ganymède ? Ils offrent des boulots bien rémunérés pour les mutants, qui ont au moins le mérite d'un peu exploiter leurs capacités. Et beaucoup d'autres choses.", elle lui adressa alors un clin d'œil.

"La Fondation est très bien implantée en Europe. C'est un relais important pour les mutants qui ont envie d'un peu plus que les circuits ordinaires, dirons-nous... Fa donne quoi en Amérique ?", demanda-t-il à Serena

"C'est en cours... Il y a des relais qui s'implantent, sauf en Confédération Américaine, pour des raisons à peu près évidentes. Ici en République Fédérale, c'est paradoxalement plus compliqué, parce que les politiciens essaient de faire de la récupération..."

Ils se tournèrent alors vers James. Était-ce une proposition ? Cela paraissait étrange au premier abord venant de deux politiciens d'envergure nationale, voire internationale...

"La Fondation Ganymède..." répéta James en réfléchissant.
"J'ai entendu parler d'eux... ils font un peu agence multi-services, genre si un spéléologue est coincé on peut envoyer un homme poisson pour le récupérer... enfin un truc du genre !..."

Le linebacker marqua un petit silence, regardant les deux émissaires étrangers qui venaient de lui donner ce que, étant un peu (trop ?) naîf, James prit pour ce qu'il semblait : un conseil. N'ayant pas encore appris à craindre les politiciens, comme un animal sauvage n'ayant jamais rencontré l'Homme, James répondit :

"Même si je n'ai pas encore renoncé à terminer mes études, je suppose que ça ne m'empêche pas de les contacter pour voir ce qu'ils me proposeraient... je suppose que je n'ai rien à y perdre !" dit-il en écartant les bras.

"Et si nous parlions un peu d'autre chose que de ma malheureuse existence pour terminer cette joyeuse journée de rencontre sportive et humaine ?!" dit-il en souriant à pleine dents.

Les deux politiques eurent un petit sourire convenu, et ce fut Serena qui déclina la proposition.

"Merci pour l'invitation James, mais nous avons encore pas mal de monde à honorer de nos soporifiques conversations politiciennes. Bonne journée à toi. Au plaisir."

L'ambassadeur le salua d'un petit hochement de tête, puis ils s'en allèrent, se remettant à discuter, bien que James ne put pas entendre ce qu'ils disaient autour d'une flûte de champagne dont ils venaient de s'emparer.

La solitude de James ne fut toutefois pas très longue puisque déjà, quelqu'un venait le voir, avec l'air passablement gêné : son entraîneur.

"Salut James... euh... hum... Ça va ? Tu t'amuses bien ?", gêné et avec une tronche des mauvaises nouvelles.

James salua la sénatrice et l'ambassadeur en levant son verre. Au moins cela avait eu le mérite de passer le temps, même si cela n'avait pas élucidé le mystère de ce match. Le linebacker en retirait des idées tordues de politicien avec des hommes de l'ombre manipulant dans tous les sens et fourrant leurs nez dans des affaires qui, normalement, ne les concernaient pas comme le sport. Un univers bien complexe et à l'opposé du monde du terrain où ne devait compter que la force, la vivacité d'esprit et deux trois autres qualités humaines. Dans leur monde à eux, il semblait très loin le fair-play !

James fut tiré de ses pensées par son entraîneur, pas vraiment la mine des grands jours. Fronçant les sourcils, James répondit :

"Ça peut aller coach, une petite discussion improvisée avec nos hôtes... à voir votre tête est-ce que j'aurais dû préciser pour l'instant ?!" demanda-t-il l'air inquiet quant à la réponse de l'entraîneur.

L'entraîneur semblait gêné aux entournures, et pas seulement par sa cravate qu'il avait vaguement dénouée...

"Ouais, en fait euh... T'as vu, le match s'est passé bizarrement et tout, et les gars pensent qu'il y a du mutant derrière tout ça, et pensent que c'est de la triche et tout, mais comme tu as fait de l'esclandre, ils n'ont plus vraiment confiance en toi pour le jeu, et ma top priorité, c'est que l'équipe soit hyper soudée, alors..."

Il s'interrompit, comme s'il serait plus simple de laisser James aller jusqu'à la conclusion logique.

James s'y attendait mais le coup fut un peu rude à encaisser. Son amour propre devait être moins blindé que le reste chez le linebacker. Il ravala la boule pour reprendre son entraîneur :

"... pas la peine de vous forcer, coach. Faudrait être stupide pour ne pas avoir remarqué que mon retour a gêné, déjà hier c'était un calvaire de s'entraîner dans une ambiance pareille. Si ça vous arrange je dirai que c'est moi qui quitte l'équipe et on en reste là. J'ai trop d'estime pour l'équipe pour en rajouter. D'ailleurs je vais y aller, pas besoin de vous imposer ma présence à présent." dit-il en tournant des talons, posant son verre sur un coin de table.

James partit sans se retourner, pas besoin d'en rajouter.
A chaque pas qui l'éloignait de l'équipe, le linebacker pensait à sa discussion avec la sénatrice et l'ambassadeur, la Fondation Ganymède... c'était peut-être une bonne idée en fait. Peut-être pourrait-il s'en servir comme d'un tremplin et monter dans la fondation même sans diplôme ?!...

C'était décidé, il prendrait rendez-vous et se rendrait dans les locaux américains dès que possible. Mieux valait tourner la page au plus vite plutôt que de ruminer cette affaire à la noix.

Alors qu'il quittait le stade, James repensa à ce qu'il avait vécu jusqu'à sa suspension suite à la révélation de son pouvoir, les beuveries d'après victoire, la compétition, la vibration quand le public grondait à chaque action...

*T'as été bien stupide James... c'était que du vent tout ça... rien que du vent...*

Le coach ne trouva rien de spécial à redire à ce que lui répondit James. Il semblait par ailleurs plutôt gêné aux entournures...

En tout cas, il n'y eut pas de départ fracassant pour James... Juste ses pas sur le terrain gazonné, et le bruit d'une réception qui touchait tranquillement à sa fin, par défaut de petits fours selon toute vraisemblance.

Sortant du stade, James trébucha sur quelque chose : un ballon de football. Sans doute était-ce là l'ultime clin d’œil du Destin ? Le ballon avait l'air parfaitement normal. Il y avait "Icare" écrit dessus. C'était une marque que James ne connaissait pas, mais après out, pourquoi pas ?


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Bon jeu !