Rescue Rangers

Il y avait une efficacité manifeste dans les capacités d'organisation de Ganymède en ces temps troublés. Dégotter un avion n'avait manifestement pas été problématique, et c'en était un plutôt performant, puisque le voyage n'avait au final duré que 5h.

Arrivés à l'aéroport, des formalités de douane minimales, aucune question gênante... Quelques brèves instructions sur l'itinéraire à prendre en monorail par SMS, et voici Anjali, Ava, Elisabeth, Grégoire et Jason arrivés à proximité du poste de police, une bâtisse moderne et blanche avec de grandes fenêtres partout, laissant apercevoir une activité fourmillante faite d'uniformes verts et de personnes manifestement libres.

Sortant de nulle part, Markus apparut à proximité de leur petit groupe.

"Vous êtes bien arrivés, parfait. C'est le poste de police. La partie publique.", expliqua-t-il tout en montrant le bâtiment.
"C'est ici qu'ils accueillent les victimes venant porter plainte. Les personnes arrêtées et les cellules se trouvent sous terre. On y accède par des rampes latérales. Sergio et Leah se trouvent dans le bloc C, ça ne devrait pas être trop difficile à trouver."

Il regarda un instant autour de lui.

"Vous avez eu un peu de temps dans l'avion pour discuter de tout ça... Je vous laisse agir. Je repasserai voir de temps en temps comment vous vous en sortez. Ne vous souciez pas trop des caméras ou des gens : les mémoires, ça s'efface. Tâchez tout de même de ne pas faire trop de vagues !"

Et sur ces énigmatiques paroles, il se volatilisa.

Grégoire avait passé la plupart du voyage perdu dans ses pensées. Vu le peu de détails qu'ils avaient, il ne pouvait prétendre réfléchir à la meilleure manière d'aller sauver les deux mutants. Il préféra donc laisser s'égarer se pensée sur des sujets plus légers afin d'être le plus apte à être concentré au moment où ils en auraient le plus besoin.

Les formalités d'arrivée passées, Grégoire écouta le briefing de Markus, les mains dans les poches. Tout s'annonçait simple. Bien trop simple. Des rampes latérales permettant d'éviter le coeur du commissariat, des badauds pouvant servir de diversions, aucun souci à se faire concernant les caméras d'enregistrement.

"Va falloir qu'on se la joue en douceur. Ca me parait peu probable que l'on puisse entrer par les rampes, mais bon, on peut toujours essayer de voir ce qu'il se passe par là."

Grégoire s'approcha du bâtiment afin de voir s'il était gardé et s'il était envisageable de s'approcher des rampes sans se faire remarquer.

"En route pour le bloc C."

Anjali était impressionnée par le voyage rapide et le jet qui n’avait rien à voir avec le gros avion commercial qu’elle avait pris en Inde pour venir aux États-Unis.

Elle avait rêvassé un petit moment, puis tenté des petites mises au point avec ses coéquipiers pour y voir plus clair dans leur mission et les moyens qu’ils disposaient.

Une fois arrivée devant le commissariat, elle écouta le briefing de Markus. Ça restait un peu maigre, juste eux et leurs pouvoirs mutants.

*Est-ce que cela suffirait pour réussir à aider les deux mutants emprisonnés ?* se demandait-elle.

Grégoire prit la tête des opérations et se dirigea vers le bâtiment. Elle hocha la tête et le suivit en regardant discrètement autour d’elle, repérant les failles potentielles de la sécurité.

Ça lui trottait dans la tête depuis un moment… Il fallait se méfier, même si il venait faire une extraction, il ne faudrait pas qu’ils se retrouvent eux aussi enfermés. Après tout, Sergio en avait plus ou moins fait les frais. Regardant leur petit groupe, tout en goûtant au luxe d’un jet privé, Jason avait mis le turbo dans ses méninges.

Arrivée sur place, alors que Markus faisait preuve de son pouvoir d’ubiquité, la téléportation semblant improbable, Jason écouta son nouveau patron avec attention, observant les lieux.
« Il va falloir faire gaffe. On est surement encore fichés, ceux de l’institut… Je ne sais pas si ces fichages ont atterris jusqu’ici, mais je ne préfère pas le savoir. Si il s’agit vraiment de notre Leah, et qu’on l’a accusé de terrorisme, ça me rappelle trop notre mésaventure d’il y a trois ans. Je propose donc qu’Ava ou Anjali entre par l’entrée officielle pour venir déposer une plainte de vol de papiers ou d’argent. Attention à ne pas parler d’un vol d’avion non enregistré. Ava serait parfaite, en fait. Si les gens sont énervés, ce qui risque fort d’être le cas, par impatience ou autre, dans le commissariat, tu peux généraliser ce sentiment non ? Ce qui nous fournirait une diversion pour notre intervention latérale… »

Il regarda le temps… Des nuages… un bon début.
« Greg ? Tu pourrais nous arranger un peu de vents, annonciateur d'orages ? Tu serais encore plus chou que d’hab… te gênes pas pour faire tomber un ou deux éclairs aussi… on sait jamais quand le coup de foudre arrive… Bon, je sais, tu fais pas ça... ben allons y pour des bourasques et quelques trucs cassés... mais faut pas que ce soit trop chelou non plus» Dit il, à l’adresse du joli français… Le revoir lui avait fait plaisir, mais l’avait un peu… laissé perplexe aussi. Il l’avait toujours trouvé attirant, mais il était avec Luther à l'époque, et n’avait, pour ainsi dire, d’yeux que pour lui. Il pouvait bien se rincer un peu l’œil non ? C’était juste ça, surement…

« les deux combinés devrait fournir la diversion nécéssaire pour tenter de se frayer un passage vers le bloc c…. Anjali ? tu peux perturber les caméras, a peu pres synchro avec les bourasques et les trucs cassés grace à l'intervention de greg ? le temps que je tente de nous percer un passage ? »…

Il avait a peu pres fait le tour.. a non, bien sur, lise…
« ah, et ma journaliste préférée, te gêne pas pour agraver un peu la panique dans la partie « publique » en jouant au metteur en scène… ». Bon, maintenant, advienne que pourra, quand il aurait un créneau, avec les autres, il tenterait de percer un passage.

Pour le moment, une approche tranquille, attendant le bon moment, était suffisante. Il userait de son propre pouvoir ensuite.

Elle n’en connaissait aucun. Ava les observa tous dans le jet. Elle avait été surprise d’être appelée aussi vite, sur ce qui s’avérait être une mission d’extraction. Très exactement le genre de chose dont elle aurait presque eu besoin lorsqu’elle était en haut de ce dojo. La jeune femme devait bien avouer qu’elle n’était pas très à l’aise de monter dans un jet. Non pas parce qu’elle allait le faire avec d’illustres inconnus qui semblaient tous se connaître de longue date – ça, elle s’en fichait – mais surtout parce qu’il s’agissait, pour elle, de s’enfermer dans une boîte à quelques milliers de mètres du sol. Bref, rien de merveilleux en soi pour une claustrophobe. Heureusement, ce n’était pas le cas de ses comparses et elle avait puisé dans leurs propres sensations pour faire passer les cinq heures de ce voyage plus agréablement. Ce dernier n’avait d’ailleurs pas été des plus bavards, mais bon. Faire connaissance serait sans doute pour plus tard. Ils s’étaient donnés leurs noms, c’était déjà ça, même si ava n’était pas certaine de tous les avoir retenus.

*L’occidentale, là, c’est Elise, j’crois, l’hindoue Angie ? Les garçons, Greg et Jason, il me semble*

Bizarrement, elle avait mieux retenu les deux garçons, mais bon. En tout cas, il lui semblait que quelque chose de bizarre se tramait entre les différents protagonistes. De ce qu’elle capta sentimentalement parlant à l’arrivée, Jason était résolument tourné vers les garçons. Dommage, il était plutôt mignon. De même, si elle avait bien tout compris, elle était avec d’anciens terroristes. Ah bah bravo… La jolie brune leva les yeux au ciel à cette nouvelle.

« Z’avez fait quoi, pour être fichés ? » demanda-t-elle.

Après tout, si la fille qu’ils venaient chercher en plus du type de Ganymède était bien celle à laquelle ils pensaient, cela pouvait toujours servir de savoir de quoi il retournait… L’idée de Jason était, en tout cas, pas mal. Se faire passer pour une touriste qui s’était fait voler ses papiers, ou même agressée ? Dommage qu’elle ait été entièrement soignée par le Dr. Jennings. Sinon, en déchirant un peu les vêtements qu’elle portait – les mêmes que le matin à son arrivée à Ganymède, la veste en plus, et les chaussures à talon remplacées par des converses – elle aurait parfaitement pu passer pour une victime. Il restait le pic-pocket…


« Ca m’va comme plan… Ca permettra d’avoir un pied là d’dans. Par contre j’parle pas un mot d’japonais. J’espère qu’il y en aura dans l’tas qui parlent anglais… »


Les langues étrangères, ça n’avait jamais été le truc d’Ava. Peut-être parce que les langues s’étudiaient d’abord à l’écrit avant de passer à l’oral et que l’écrit n’était clairement pas le truc de la dyslexique.

La jeune femme s’avança donc vers le commissariat après avoir ébouriffé un peu ses cheveux et donné une impression un peu défaite à sa mise, comme si elle avait couru après un voleur. Elle fit mine d’être essoufflée, et légèrement paniquée et pénétra dans le bâtiment.

« Quelqu’un parle anglais ? J'ai besoin d'aide... » demanda-t-elle à la cantonade nippone, d’une voix essoufflée en sondant les sentiments des personnes présentes sur les lieux.

Elisabeth se retrouva dans l'avion et partagea un sympathique moment avec ses nouveaux coéquipiers, juste avant leur première mission. Elle en apprit plus sur l'identité de la seule personne qu'elle ne connaissait pas: Ava. Mais elles s'étaient contentés d'échanger leurs prénoms et noms de code respectifs. Lise, laissant les autres tranquilles pour une fois, s'était occupée avec sa console portable équipée de son jeu préféré: Kodibo 3! Un super jeu de combat! Elle songea que si Jeremiah avait été là, elle aurait pu se faire une partie avec lui et éventuellement se faire battre. C'était peut-être l'un des seuls capable de rivaliser avec elle sur un tel jeu!
Les cinq heures passèrent vite et l'équipe se retrouva au Japon où Lise découvrit avec grand intérêt, la capitale. Malheureusement, ils n'étaient pas là pour visiter et ils partirent donc en monorail au poste de police.

Une fois sur place, Lise étudia un peu le bâtiment et manifestement, il y avait du monde... Ce ne serait pas très facile...
Brusquement, Wiseman sortit de nul part et la Crétoise sursauta. C'était la première fois qu'elle voyait une apparition du Boss Markus, en 3D! Dieu, que c'était réaliste! Wiseman expliqua quelques points concernant la mission et notamment la localisation des deux prisonniers. Il affirma aussi que l'équipe n'avaient pas à se soucier trop des policiers, puisque Markus spécifia qu'il pouvait... effacer les mémoires. Ou du moins, Lise songea qu'il devait en avoir la capacité. A présent, elle redoutait encore plus son patron qu'avant... Dire qu'il pouvait lui faire oublier ce qu'il voulait! Fallait mieux pas avoir cet homme dans ses ennemis...
Markus disparut alors et Elisabeth se tourna naturellement vers Grégoire en charge de la mission. Il invita son équipe à débuter et Jason détailla les quelques approches qu'il avait de la situation, expliquant sa vision des rôles de chacun. Lise constatait avec beaucoup de plaisir, que son ancien coéquipier n'avait pas perdu la main avec les missions et qu'il était toujours aussi gentil. Peut-être un peu trop avec Grégoire, constata la Crétoise non sans un sourire. Après tout, ça faisait trois ans que tous ne s'étaient pas revus et il était agréable de s'apercevoir qu'une bonne entente et même plus, puisse encore s'établir aussi facilement.

Ava demanda alors pourquoi ils avaient été considérés comme des terroristes et Lise répondit aussitôt à voix basse:

"La version officielle, c'est que les mutants de l'institut ont été décrétés comme dangereux car ils étaient en possession d'armes, susceptibles de nuire à la sécurité de l'Etat. Alors, quand les militaires ont découvert nos armements, ils ont décrétés que nous étions des terroristes et ce, malgré le partenariat existant entre l'institut et l'état américain..." Lise se pencha près de sa coéquipière et compléta d'une voix encore plus basse: "En réalité, j'suis certaine que ces gros nazes voulaient nous foutre dehors et qu'ils ont récupérer tout le matos qu'on avait et qu'aujourd'hui encore, ils en sont très satisfaits..." Elisabeth hocha la tête pendant quelques instants encore, comme le ferait une vieille dame confirmant à sa voisine de pallier le dernier potin en date.

Puis, Ava s'entendit avec Jason pour exécuter son plan et la jeune femme partit en mode touriste, pour tenter pourquoi pas, de manipuler les émotions des policiers. Les autres semblaient évaluer les alentours et Elisabeth songea qu'une diversion serait bien utile pour entrer dans le bâtiment... Du moins, si elle pouvait faire partir quelques policiers, ça rendrait les choses un peu plus facile...

"Hey les gens, je vais tenter une diversion... Du genre: attirer quelques policiers ailleurs, le temps qu'on intervienne..."

Clothos sortit donc son portable et composa le numéro de téléphone du poste de police de Tokyo qu'elle avait enregistré préalablement dans son portable pour l'occasion. Elisabeth attendit patiemment qu'ils décrochent afin de leur expliquer en détails qu'à quelques rues d'ici, elle avait vue une quinzaine de jeunes avec des battes de baseball, s'amuser à briser les vitres à l'intérieur d'un immeuble... Elle parlerait en anglais, mais Lise imaginait bien que des policiers japonais devaient avoir quelques rudiments suffisants dans la langue de Shakespeare pour qu'ils la comprennent... En même temps que la mutante appelait la police, elle cherchait du regard le nom d'un magasin sur un panneau indicateur ou quelque chose de ce genre, pour orienter les policiers vers un endroit précis.

Le bâtiment n'avait pas l'air gardé. Selon toute vraisemblance, cela procédait d'une politique de type "ne vous inquiétez pas braves gens, la police est votre amie". Ceci étant, un coup d’œil un peu plus attentif permettait de constater qu'il y avait des caméras, et un contrôle d'accès léger. La porte n'était pas grande ouverte, mais probablement rien d'insurmontable non plus.

Au téléphone, Elisabeth put entendre, après le classique : "police, quel est votre problème ?" une voix sans plus d'émotions qui répétait : une quinzaine de jeunes avec des battes. "Nous envoyons une patrouille. Merci de nous avoir signalé le problème. Vous pouvez raccrocher."
Quelques minutes plus tard, la grande porte d'un des souterrains s'ouvrit, laissant sortir quatre policiers qui se dirigèrent rapidement, quoi qu’à pieds, vers la rue indiquée par Elisabeth.
En passant, Grégoire et Anjali purent constater que derrière la porte se trouvait un hall avec une guérite et une pièce cloisonnée d'une quelconque matière transparente.

Pendant ce temps, Ava était entrée dans le commissariat. Un endroit propre, rassurant, lumineux, avec de la verdure et de beaux meubles. Toutefois, l'accueil qui lui fut réservé se constitua essentiellement de murmures de réprobation et de sourcils froncés... Une vieille japonaise à chignon haut lui rétorqua de façon snob :

"Mademoiselle sans-gêne, apprenez qu'ici, tout le monde parle anglais, et que dans un commissariat, tout le monde a besoin d'aide. Vous patienterez donc jusqu'à votre tour."

La japonaise fut finalement invitée par un policier à l'accompagner, puis ce fut le tour d'Ava, qui eut droit à son policier, archétype parfait d'un policier japonais sans trait distinctif, en uniforme vert.

"Bonjour mademoiselle, en quoi puis-je vous être utile ?

La petite équipe était en place, prêts à en découdre. Alors qu'il regardait en direction du bâtiment, Jason fit quelques propositions intéressantes, quoi qu'un peu trop directes au goût de Grégoire. L'irlandais venait de soulever un bon point : ils étaient encore peut-être fichés par la police internationale. Pourtant, aussi étonnant que cela puisse paraitre, il proposa aux deux jeunes femmes d'aller directement dans le commissariat. Grégoire resta interdit, se demandant comment les deux mutantes feraient si un quelconque programme de reconnaissance faciale balayait l'intérieur des lieux. Il voulu les mettre en garde mais c'est le moment que choisit Jason pour demander à Grégoire d'utiliser son pouvoir, l'air ouvertement dragueur. Grégoire sourit de gêne et ne put répondre dans l'instant. Etait-il en train de l'accoster ouvertement, au regard de tous ?

« Bah... Moi je ne peux pas faire d'éclair, hein... » commança le franais avant de s'arrêter, comprenant que Jason ne parlait pas forcément de la foudre dans le ciel. Grégoire lui fit un clin d’œil complice. Comme la plupart des anciens élèves de l'Institut, les deux hommes ne se connaissaient qu'assez peu. La fondation Ganymède leur permettra sûrement de réparer cette erreur.

Ava, qui devait se sentir un peu seul parmi tous ces inconnus en demanda un peu plus sur leur qualité de terroristes. On ne pouvait l'en blâmer. Elisabeth se chargea de l'informer des dernières péripéties de l'Institut. Grégoire ne porta pas son attention sur les deux femmes qui discutaient mais davantage sur le bâtiment en lui même, tentant de trouver une faille qui leur permettrait d'entrer discrètement.

Ava opta pour la proposition de Jason, à la surprise de Grégoire et partit en direction du commissariat. Avant de lui emboîter le pas, Elisabeth se mit en scène. Grégoire dût bien reconnaître que cette jeune femme avait du talent. La réaction ne se fit pas attendre:quelques policiers sortirent des soubassements du complexe en en dévoilant quelques aspects au passage. Mais pour le coup, il n'était pas rassuré de les savoir seules à l'intérieur. Se doutant qu'Elisabeth irait rejoindre Ava dès son coup de téléphone achevé, il lui glissa, tendu :

« Soyez prudentes, comme le dit Jason, nos visages ne leur sont peut-être pas inconnus. Au moindre signe, faites machine arrière. » On ne saura jamais si c'était la pression du groupe, de Markus ou simplement l'objectif qui tendait un peu l'aérokinésiste. Aucun sourire ne passait à travers son visage. Il semblait oscillé entre détermination et profonde crispation.

Il revînt soudain sur Jason. « Je vais forcer les gens à rentrer chez eux, oui. Ca va nous libérer l'espace et nous dégager la vue. Il faut s'occuper de ces caméras également », dit-il en les pointant des yeux. « Il faudrait en neutraliser une afin de voir leur réaction et également voir s'ils sont sur le qui-vive ou pas. Il va nous falloir passer par dessous, de toutes façons, je pense. »

Grégoire ferma les yeux et commença à agiter sa main de manière lente et furtive. Il fit se lever un vent froid qu'il fit courir à travers la place. Les bourrasques allaient et venaient sans faire tomber les gens mais les déviaient de leur route, les décoiffaient, tout en semblant leur dire « rentrez chez vous ! ».

Concentrée par ses observations, elle avait été surprise d'entendre Jason donner du mon chou à Grégoire. Elle tentait de passer outre de ces mots mais elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un petit pincement au coeur.

Elle prit sur elle pour tenter de ne rien en montrer et de bien écouter ce que Jason proposait comme plan. Elle jeta un coup d'oeil à gregoire qui semblait ne pas avoir capté de suite les mots à double sens de son partenaire de mission. Malheureusement pour la jeune fille, il avait fini par capter et lançait un clin d'oeil au garçon effronté. Elle s'en mordit la lèvre de nervosité. Elle finit par se secouer et se reconcentrer sur la mission.

*Cesse de rêvasser, ce n'est pas le moment, aprés tout grégoire est libre de faire ce qu'il veut.* se morigéna-t-elle mentalement.

Ava avait pris l'initiative d'aller dans le commissariat, sans même prendre le temps de discuter plus sur le plan à suivre, à l'aventure comme elle semblait en avoir l'habitude. Elisabeth passa un coup de fil pour faire croire à une émeute plus loin, histoire de diviser les forces armées et de repérer un passage lorsque le groupe de policier sortirait. Ce qui ne manqua pas, une des portes du sous-sol s'ouvrit, laissant passer quatre policier à pieds.

Elle remarqua une guérite. *Donc une surveillance humaine*nota-t-elle in petto. *Ainsi que les caméras postées un peu partout, rien d'insurmontable, avec un petit coup de laser, la lentille numérique sera grillée.*

Pendant que Gregoire commençait à faire lever un vent glacé sur la place, éloignant les gens vers d'autres destinations, sûrement plus chaudes et confortables, Anjali entra en action.
-"Je m'occupe des caméras les garçons!" fit-elle d'une voix assurée. "A tout à l'heure Elisabeth, ramène nous Ava, hein!"ajoute-t-elle en regardant sa camarade, soulagée que le bruit du vent dissumule un léger trémolo dans sa voix. Malgré son assurance apprente, Anjali ne se sentait pas rassurée à l'idée que ses deux comparses féminines soient seules, entourées de flics anti-mutants.

Elle s'approcha des caméras, pliée en deux, luttant contre la pression de la bourrasque, avançant comme les autres personnes de la place, se fondant dans le décor tellement ordinaire et rassurant. Rien n'indiquait que des terribles choses se passaient sous le bâtiments, enfin, la jeune fille imaginait le pire, elle tremblait intérieurement pour leah et sergio, dans quel états ils allaient les retrouver? Pourraient-ils les suivre?

Une fois à proximité des caméras, elle tendit simplement le doigt en direction de celles ci et elle fit sortir un rayon laser infra rouge qui atteignit sa cible non sans difficultés, elle devait bien viser et ne pas laisser son bras bouger sous la pression de l'air froid qui soufflait par surprise. Elle enchaina de même avec les autres caméras placées autour de l'entrée des souterrains.

Dans le commissariat, Ava fusilla la japonaise du regard. Ils parlaient tous anglais? C'était à la fois un bien et un mal. Si cette vieille n'avait pas parlé un seul mot d'anglais, Ava l'aurait volontiers insultée dans la langue de Shakespeare. Mais ce n'était, malheureusement, pas possible. Et puis, de toute façon, elle était là pour se faire passer pour une victime afin de donner du temps aux autres pour descendre jusqu'au bloc C. Le temps d'un battement de cils, elle chassa cette lueur haineuse de son regard pour reprendre son air de victime alors que la vieille femme était appelée ailleurs par un policier. Ava en profita pour laisser errer son regard dans le commissariat afin de voir combien il y avait de personnes dans les lieux. Enfin, elle fut appelée par un policier japonais pour lui expliquer le pourquoi de sa présence ici. Elle le suivit donc, espérant que les autres en profitent rapidement.

"Je viens vous voir parce que quelqu'un a été blessé, dehors, par... euh..." commença-t-elle d'une voix hésitante, pas trop haute mais qui pouvait, néanmoins, être entendue des personnes proches d'elle. "Je crois que c'était une fille, mais elle était pas normale... Une sorte de satyre, je dirais. Elle a agressé un enfant et s'est sauvée. Elle n'était pas seule."

Elle avait teinté sa voix d'une grosse panique pour la rendre plus réaliste, et regarda autour d'elle tout en décrivant la chose qui aurait agressé quelqu'un, comme si elle craignait de voir surgir l'agresseuse en question.

"C'était à quelques rues d'ici, mais je pourrais pas vous dire laquelle."

La jeune mutante puisa dans son propre sentiment d'urgence, même s'il n'avait pas la bonne origine, pour le transmettre au policier et le pousser à prendre des renforts avec lui pour quitter le commissariat rapidement.Il fallait faire vite pour sauver les deux mutants en bas, pour elle et ses compagnons d'aventure, mais il fallait faire encore plus vite pour ces policiers pour retrouver l'hypothétique agresseur...

Le policier eut l'air un instant dubitatif, puis finalement actionna un communicateur.

"J'ai besoin d'une patrouille pour escorter une jeune fille, et d'une pour une suspicion d'agression."

Puis, de nouveau pour Ava.

"Une patrouille va vous accompagner pour que vous la conduisiez au lieu de l'agression. Merci de nous avoir signalé ce délit."

Deux policiers rejoignirent alors Ava, et l'invitèrent à sortir. Pendant ce temps, à l'extérieur, les personnes présentes qui avaient eu le courage d'affronter la tempête purent voir deux policiers sortir par la porte ouverte. Toutefois, le vent levé par Grégoire avait un petit quelque chose de trop surnaturel pour être honnête, et ils guettèrent alentour pour voir ce qui se passait.

Ils virent donc naturellement Anjali en train de pointer du doigt les caméras. Son pouvoir fonctionnait, mais elle ne put pas savoir s'il avait produit le résultat escompté. En tout cas, cela ne manqua pas d'attirer sur elle l'attention de la maréchaussée...

Le vent s'était levé sur la zone et le français releva son col : le comble serait qu'il se fasse lui-même tomber malade. Le français regarda les badauds quitter la place, poussés par le vent, puis il détourna le regard vers Anjali leur annonça son intention de gérer les caméras de surveillance. Elle partit en direction de la première caméra qu'elle visa d'un rayon de lumière.

Grégoire plissa les yeux afin de voir si la réaction des japonais allait être immédiate. A sa grande surprise, Anjali ne s'arrêta pas à la première. Les unes après les autres, elles les pointa du doigt afin de les désactiver. Grégoire, quelque peu surpris par cette tactique, se tourna vers Jason pour lui dire que les répercussions seraient peut-être plus brutales que prévues. Mais avant même qu'il ne put former un quelconque son, il remarqua qu'Ava était sortie du commissariat, accompagnée par deux policiers, alors qu'Anjali continuait sa mission d'infiltration. Forcément, les policiers intrigués par ce comportement, ne manquèrent pas de s'arrêter sur elle quelques instants.

Grégoire fut piqué par la pression. La peur d'être repéré et de mettre la mission à l'eau le fit réagir de manière complètement improbable. Il prit Jason par le bras et éclata d'un rire sincère et audible tout en le traînant dans la direction d'Anjali.

« Mais oui, c'est un beau bâtiment mais on va y aller, Angie ! Il fait super froid tout d'un coup là. Allez viens, on rentre à l'hôtel ! » dit-il d'une manière joviale et légère. Il n'accorda aucune attention à Elisabeth, ne souhaitant pas griller son personnage dans le cas où elle souhaiterait, à son tour, tenter une approche par l'intérieur du commissariat.

Se faire passer pour des touristes en visite semblait être la meilleure solution. Il sortit un papier de sa poche et fit semblant de rechercher sa position, le nez dans ce qu'il pouvait faire passer pour un plan ou un guide quelconque. Il s'approcha d'Anjali et la prit elle aussi par le bras avant de lui susurer discrètement à l'oreille : « On est repérés. » avant de reprendre d'une voix sincère:

« Bon à votre avis, c'est par où ? Je suis complètement perdu ! Oh purée que ça caille dans ce pays ! », dit Grégoire en priant pour que les policiers ne rentrent aussi vite qu'ils étaient sortis.

Ah le bon vieux temps ou il effectuait des missions. Ça lui manquait presque, tous les trucs prévus à l’avance et qui ne marchaient pas. Il un sourire ironique, en voyant que tout partait en couille, comme d’habitude. Mais pas longtemps. En effet, Grégoire avait lui aussi repérer qu’Anjali risquait d’être très vite en mauvaise posture, et son sourire ironique se mua très vite en moue inquiète alors que le vent de Greg faisait son office. Anjali visait méthodiquement les caméras de sécurité et balançait ce qui semblait être un rayon laser directement dessus. Si ça marchait, ce serait bête de ne pas en profiter, mais d’un autre côté, elle risquait de se faire repérer très vite. Markus allait avoir du boulot après leur passage. Ava allait pouvoir s’en donner à cœur joie, à n’en pas douter, et Lise, Jason le savait, aurait vite fait d’ajouter au bordel ambiant. D’ailleurs ava sortit bientôt avec deux policiers. Brave petite, elle était courageuse et efficace.

Tout ça, c’était très bien. Ce qui était moins bien, c’était de mettre les filles en danger. Alors qu’il cherchait une solution pas trop violente pour la suite des opérations, il fut surpris de la réaction de Grégoire, qui visiblement avait mis le turbo question méninges, et qui l’attrapait déjà par le bras, jouant au touristes. Anjie ? Bah… allons y pour anjie alors…

« Reste pas plantée la, anjie. Et ce vent, c’est trop chiant… C’est pas aujourd’hui qu’on va pouvoir flâner dans les rues ou faire du shoping. » Et puis merde après tout ! Grégoire le prenait par le bras ? Il mis son autre main sur le bras de gregoire, comme un couple en balade, un sourire au visage. Il était loin d’être aussi détendu que ça, mais comme chaque fois depuis deux ou trois ans, il se cachait derrière son personnage mutin… C’était plutôt efficace pour ne pas ressasser les souvenirs, ou passer pour … bref.. Peu importe…

Bon, bordel pour bordel, autant y aller, histoire de se laisser le temps de descendre dans ce fichu bloc C.

mettant sa main en visière, comme pour se protéger du vent, il chercha un endroit relativement peu dangereux pour les passants, mais suffisamment impressionnant pour détourner l’attention, à une dizaine de mètres de lui, et y matérialisa un parpaing quelques secondes, juste le temps de faire des dégâts et du bruit.

L'initiative rapide de Grégoire avait réussi à détourner un instant l'attention des policiers qui prirent Anjali pour une sorte de simplette... Toutefois, l'explosion d'un écran publicitaire vantant les mérites des nouvelles vitres glassecur anti-effraction par un providentiel parpaing psychique, et les divers cris de surprise qui s'ensuivirent réussirent à faire comprendre à la patrouille du sous-sol qu'il se passait quelque chose de pas très net.

Même l'escorte d'Ava, avisant la scène, lui demanda de retourner à l'intérieur en sécurité, le temps d'élucider tout cela. Parce qu'avec les mutants, on est jamais trop prudent...

Jason entra dans le jeu très rapidement et soutenu Grégoire dans sa tentative de diversion. A quelques mètres de là, une explosion se fit entendre. Le français tourna la tête vers Jason puis vers Anjali. Les policiers étaient aux abois jusqu'au sous-sol, les passants apeurés exprimaient leur terreur à gorge déployée et les mutants commençaient déjà à détruire la ville avant d'avoir pu accéder aux cellules. Tout allait très bien ! La situation échappait quelque peu à l'équipe de la fondation. Bien qu'ils aient tout fait pour préparer leur entrée discrète, les éléments laissaient à penser que leur tactique n'était pas la meilleure.

Grégoire, tout en étreignant Jason, se dirigea d'un bon vers l'entrée des sous-sols. Caméras ou pas, gardes ou pas, il fallait profiter de ce moment de circonspection générale pour être efficace.

« On y va, on attaque ! » lança t-il d'une voix décidée alors qu'il s'avançait en direction de la porte du sous-sol. Si de gardes tentaient de leur barrer la route ou de les interpeller en route, Grégoire saurait leur souffler dans les bronches.

Elisabeth raccrocha son téléphone et observa avec satisfaction sa petite diversion se mettre en œuvre. Quatre policiers, à pieds sortirent des sous-sols, laissant apercevoir l'intérieur que Lise ne vit pas mais de là où ils étaient, elle était certaine que Grégoire et Anjali avaient pu y jeter un coup d’œil. Greg recommanda alors la prudence tout en expliquant ses intentions...

"Prenez garde à vous aussi Grégoire. Qui sème le vent... récolte la tempête..." Lâcha la jeune femme, très satisfaite de sa petite réplique.

Anjali demanda à la Crétoise de leur ramener Ava. Ce à quoi, Elisabeth répondit par un léger sourire entendu avant de se diriger vers le commissariat. Mais déjà le vent -plutôt violent- de Grégoire balaya la rue et Elisabeth, quelque peu surprise, hésita avant d'entrer dans le commissariat.
Ava sortit alors, accompagnée de deux policiers et avant que Lise n'ait eu le temps de faire quoi que ce soit, ils repérèrent Anjali, occupée avec les caméras. Elisabeth écarquilla les yeux, surprise par la tournure que prenait la situation. Ils allaient se faire griller en moins de deux! Grégoire, réagit assez rapidement et joua le touriste avec Jason tout en prenant Anjali pour une demeurée. Lise espérait que ça suffirait à berner les policiers...
Au même moment, un écran publicitaire explosa sans que la Crétoise ne comprenne vraiment pourquoi... Jason devait sans aucun doute être dans le coup pour détourner l'attention. Elisabeth joua la jeune fille effrayée devant les policiers juste au cas où. Mais c'était peine perdue, car ils ramenèrent Ava à l'intérieur. L'heure n'était plus vraiment à la diversion: Grégoire, Jason, Lise, Ava et indirectement Anjali en avaient assez fait. Les policiers du commissariat avaient d'ors et déjà une journée agitée avec une bande de casseurs, un vent étrange et désormais un écran publicitaire qui venait d'exploser... Désormais, l'équipe devait agir et filer aux sous-sols. En même temps, si son idée fonctionnait, ses coéquipiers seraient débarrassés de ces deux policiers là...
Appuyant sur son communicateur d'une manière discrète, Lise informa Ava en murmurant:

"Emotion, ici Clothos. Je vais prendre le contrôle des deux policiers qui étaient avec toi et me faire passer pour une mutante qu'ils vont enfermer. Peux-tu m'aider à faire fonctionner ma supercherie avec tes pouvoirs? En les rendant crédules et passifs par exemple?" L'urgence était là et la question était donc involontairement impérative. Lise passa ses mains dans ses cheveux et les décoiffa -aidé par le vent- afin de se donner un air de mutante complètement jetée.

Clothos s’avança ensuite vers les deux officiers et tissa les ficelles autour d'eux pour pouvoir prendre le contrôle de leur corps. Désormais, tout allait reposer sur ses talents d'improvisation...
Elisabeth donna alors une gifle à l'un des policiers qu'elle devait avoir sous contrôle, histoire que les gens à l’extérieur ne se pose pas plus de questions que ça sur son embarquement. Puis Clothos leur commanda, en tirant mentalement les ficelles, de la prendre sans ménagement par les bras pour l'emmener à l'intérieur du bâtiment jusqu'aux sous-sol. Une fois à l'intérieur, elle tenterait de leur faire prendre le chemin qui lui paraissait le plus indiqué pour atteindre les sous-sols le plus vite possible pour que personne a l'intérieur n'ait vraiment le temps d'agir. Lise avait prévu de se débattre tout en affirmant haut et fort qu'elle n'était pas une mutante. Qu'on l'accusait à tort et qu'elle n'était pas responsable du vent qui venait de se lever. Autant brouiller les pistes au maximum... Elle voulait faire croire à ceux du commissariat qu'elle était une mutante que l'on devait enfermer dans le sous-sol. Aidé par Ava, son plan avait peut-être une chance de fonctionner...

Anjali, surprise par l'interpellation de Grégoire, finit par remarquer que des policiers l'avaient vue pointer le bâtiment du doigt. Elle joua le jeu et l'enlaça, jouant la touriste un peu capricieuse.

-"Mais allez, je voulais le voir moi!!!" râle-t-elle tout en le suppliant comme une femme-enfant. Elle espérait que les flics finiraient par se dire que ce n'était qu'une de ces touristes un peu chiantes avec leurs mecs.

Lorsque Grégoire l'enlaça et lui murmura à l'oreille, elle hocha la tête et lui offrit un radieux sourire, comme s'il venait de lui dire une chose qui lui plaisait. Elle l'enlaça, faisant croire aux policiers qu'elle était avec son amoureux et un ami à eux. Quoi de plus banal et répandu que ce genre de touristes?
Malgré elle son coeur battait à tout rompre, excitation du danger, stress ou proximité de Grégoire qui l'enlaçait? Jason avait prit l'autre bras de Grégoire, formant à eux trois une petite bande de joyeux jeunes partis à l'aventure.
Elle ne put s'empêcher de tirer la langue à Jason lorsqu'il lui dit "de ne pas rester plantée là".

-"ça va, ça va, je viens les garçons, c'est vrai qu'il fait un peu trop froid pour se ballader!"répondit-elle finalement.

Elle suivit les garçons, accrochée au bras de Grégoire et fonça à son signal.

-"Les mecs, si je tend les mains, ne soyez pas sur mon chemin, le laser ça fait mal!" les prévint-elle."

Elle était prête à se battre bec et ongles pour libérer Leah et son colocataire de prison, Sergio.

Cela commençait à devenir un beau bordel absolument pas organisé et, si elle l'avait su, Ava aurait attendu un peu avant de faire sortir des policiers. Angie s'en prenait aux caméras et les flics voulaient ramener Ava dans le commissariat pour la protéger le temps de s'attaquer aux mutants présents. Mais c'était hors de question pour la jeune femme. Certes, cela aurait contribué à renforcer sa couverture, mais cela n'aurait pas fait avancer le schmilblick pour deux sous. Non. De toute façon, se séparer à nouveau n'aurait mené à rien. Et puis même, Elise venait de lui demander un coup de main.

Mais comment? Telle était la question. Le parpaing qui était tombé n'avait pas manqué de faire frémir la jeune femme qui ne s'y était pas le moins du monde attendue. Mais, déjà, dans quel état d'esprit se trouvaient les deux hommes? Ava s'enquit donc de leurs sentiments, tout en pointant Elisabeth du doigt.

"Je... J'crois qu'elle était avec l'autre." dit-elle alors que Grégoire sonnait l'heure de l'attaque.

Tout ça manquait de coordination, mais, pour sa part, elle ne connaissait pas ses camarades. Cela ne simplifiait pas les choses. Il ne restait plus qu'à espérer qu'ils n'auraient pas eux-mêmes besoin d'une mission de secours. Sinon, ça risquait fort de sentir le roussi pour Ganymède.

Bon, décidément, Markus aurait du travail suite à leur expédition. Jason n’osait pas imaginer combien d’esprits allaient être effacés. Toujours est il qu’ils auraient mieux fait de se poser moins de questions et de foncer, tout simplement, car au final, ils se retrouvaient de toutes façons à y aller à l’ancienne, façon « nettoyeur ». Ça, pour foutre le bordel, ils avaient foutu le bordel. Sergio allait bien se marrer, après coup… enfin si ils se retrouvaient pas tous enfermés, à leur tour, ce qui ne manquerait pas d’un certain potentiel comique, mais dont Jason se passerait bien en l’occurrence pour ce coup ci.

Il s’était donc résigné à usé de son pouvoir de façon plus intensive. De deux choses l’une, soit le matériau était un truc supra résistant, y compris à son pouvoir, soit il creuserait une entrée la ou il y en avait pas auparavant.

C’était pas une raison pour faire plus de dégâts que nécessaire, ceci dit, et donc l’irlandais garda dans un coin de sa tête qu’il ne fallait pas céder aux sirènes de la destruction. Depuis que l’armée avait gâché sa vie, il ne supportait plus toute autorité officielle de type militaire ou policière, mais il devait laisser sa vindicte de côté pour venir secourir Leah et Sergio et mettre le moins possible dans l’embarras son nouveau patron, et Grégoire, responsable de la mission sur ce coup la.

D’ailleurs ce dernier sonna le rassemblement et le début réel des hostilités. Jason hocha simplement la tête, se décrochant de lui et se dirigeât, lui aussi, vers la porte du sous sol. Voulant éviter l’usage d’une force trop disproportionnée, il se contenta d’aviser la porte, des fois qu’elle soit ouverte, on pouvait rêver, et de balancer une bille psychique de dureté maximale pour en tester sa solidité, en évitant toute cible humaine sur la trajectoire, et en ne la laissant matérialisé que le temps de son test, toujours pour éviter un accident malencontreux.

Dans un effroyable bruit métallique, assorti d'une gerbe d'étincelles, la mini-bille de Jason fora un petit trou dans la porte du sous-sol. Probablement pas de quoi fouetter un chat. Sauf qu'il se déclencha une alarme. Non pas à l'extérieur, mais à l'intérieur, au sous-sol.

Ava, qui était à proximité du bâtiment tout public, put entendre une voix suave venue d'un haut-parleur, dans la partie publique :
"Mesdames et messieurs, en raison d'un incident dans la partie rétention du commissariat, nous vous conseillons de rester à l'intérieur du bâtiment, afin d'éviter tout risque. Ce bâtiment est entièrement sécurisé, et l'étanchéité entre la partie publique et la partie rétention est en cours d'installation."

Le message se répéta en boucle, au grand dam d'Elisabeth qui était parvenue à prendre le contrôle physique des policiers, avait collé sa gifle et était retournée à l'intérieur. Sauf que, ne sachant pas quelle était la direction des sous-sols, elle ne pouvait pas forcer les policiers à s'y rendre ! Ava pouvait d'ailleurs sentir, en provenance des policiers, une certaine incompréhension, ainsi qu'une redoutable terreur de ne plus avoir le moindre contrôle de son corps. Et en plus, ils s'étaient mangé une claque !

Un policier arriva rapidement à leur niveau.

"Vous tombez bien ! Il faut faire barrage à l'interface. À vos postes, avec moi !"

Puis il se lança dans le commissariat, semblant, lui, connaître le chemin.

L'attaque avait été lancée. Jason venait de faire du dégât, et une alarme commençait à retentir de l'intérieur du bâtiment. Les deux policiers contrôlés par Lise semblaient complètement perdus, c'étaient le cas de le dire. Ava ressentait leurs sentiments comme une simple information. Elle ne les vivait pas, fort heureusement pour elle, mais comprenait néanmoins leur détresse. Que Dieu lui vienne en aide et fasse qu'elle ne se retrouve jamais dans une telle position.

Un autre policier arriva sur ces entrefaites alors que les deux premiers nageaient en pleine incompréhension. Il les invita à se diriger vers leurs postes pour faire barrage à une interface? S'agirait-il, par miracle, de l'entrée qu'Ava et ses comparses recherchaient?

"Clothos! Emmène-les à la suite du premier..." dit-elle à sa compagne de mésaventure.

Et elle dans tout ça? Elle regarda les autres qui passaient par l'entrée dégagée par Jason. En fait, ne valait-il mieux pas suivre les trois autres? D'un autre côté, il fallait empêcher l'étanchéité dont avait parlé la voix suave de se mettre en place.

"J'vais avec Clothos. On reste en contact."

De toute façon, son excuse pour retourner à l'intérieur était toute trouvée: les deux flics l'avaient invitée à retourner à l'abri... Maintenant, restait à suivre le premier flic, ce qu'elle fit, espérant que Lise la suivrait rapidement.

Sur deux plans séparés l'équipe était désormais en marche et rien en semblait pouvoir altérer leur motivation. Un sourire aux lèvre, Grégoire vit Jason percer un minuscule accès par la porte qui les séparait encore du gros des policiers, retranchés à l'intérieur. Presque aussitôt, une alarme se mit en marche.

"On a notre réponse pour le système de sécurité", dit le français à Jason, les yeux emplis d'une excitation non dissimulée.

Grégoire rassembla sa concentration afin de concentrer tout on souffle sur cette porte affaiblie de telle façon que le vent puisse, au mieux ouvrir cette barricade gênante, au pire la plier pour leur permettre de se faufiler à l'intérieur.

Les policiers de l'extérieur devaient être sur leur garde et n'hésiteraient pas à tirer vu le peu de tolérance que ce pays avait pour les mutants, terroristes ou non.

"Méfiez-vous, j'ai bien peur qu'on ait un sacré comité d'accueil à l'intérieur. Tu nous protèges ?" demanda t-il à Jason alors qu'il marchait à sa hauteur d'épaules. Il en avait presque oublié Anjali vers qui il se retourna afin de vérifier qu'elle était bien dans ses traces.

"Prête ?"

Avant de perdre de vue les deux jeunes femmes qui rentraient elles aussi dans le bâtiment, il leur annonça via son communicateur: "nous entrons". Porte ou pas, ils entreraient.

Anjali vit le beau bordel que jason avait provoqué avec sa mini bille, l'alarme sonnait à mort dans le sous sol et les policiers semblaient être avertis de leur tentative d'intrusion.

Grégoire s'apprêtait à faire souffler la porte. Anjali l'entendit demander à Jason de les couvrir. Il annonça dans le communicateur qu'ils allaient entrer. Anjali les retint par la manche de leurs vestes.

-"Attends, tu as dis qu'on avait peut-être un comité d'accueil, laisse moi vérifier si la zone est clean avant d'entrer. Je vais envoyer des hologrammes pour voir si on leur tire dessus. Après que tu aie ouvert la porte, j'enverrai mon leurre. Planquez vous sur le côté, histoire de ne pas se prendre une balle perdue si c'est le cas."leur murmura-t-elle. "Je sais que tu es français, pas suisse. Les trous de gruyère, ce n'est pas trop ta vocation non?" plaisanta-t-elle sous l'effet de l'adréaline.

Elle attendit que Grégoire fasse souffler cette porte et se tenait prête à agir à son tour, prévoyant de créer un hologramme à partir du physique de Jason, qui pouvait paraître inquiétant aux yeux des policiers qui pouvaient les attendre derrière cette porte.

Malheureusement pour Anjali, la force du souffle causé par Grégoire secoua la porte qui grinça, bringuebala un peu, mais tint bon. Elle ne put donc pas faire passer d'hologramme à travers l'endroit.

Elisabeth n'avait pas trouvé le chemin vers les sous-sols et celui-ci ne semblait pas indiqué. Fort heureusement, sa supercherie semblait fonctionner mais avec tout le vacarme de dehors, il n'était pas certain qu'elle tienne encore bien longtemps. Ava l'avait aidé en la pointant du doigt et sur ces entrefaites, une alarme assez bruyante s'était déclenché. De ce que la voix en disait, il y avait une fuite... Lise sourit songeant que tous ces policiers n'imaginaient pas à quel point la fuite allait être importante! C'était certainement Jason, Grégoire et Anjali qui agissaient à l'extérieur.

Un nouveau policier s'approcha et -ignorant totalement Elisabeth- il demanda à ce que les deux agents rejoignent leurs postes à l'interface avec lui. *Mais bien volontiers...* Pensa Clothos en ordonnant à ses deux marionnettes d'emboiter le pas du policier au même moment où Emotion le lui demandait. Celle-ci venait avec Lise et c'était pas un mal, la Crétoise n'était pas certaine de s'en sortir une fois seule dans la gueule du loup.

Le troisième policier allait certainement les mener directement aux sous-sols où Sergio et Leah étaient maintenus, ou alors à l'interface... Il devait s'agir du lieu où la fuite avait lieu, c'est à dire, les portes du sous-sols d'où étaient sortis les quatre policiers. D'ailleurs, ces derniers allaient rentrer très rapidement en s'apercevant qu'ils avaient été bernés. Il fallait que l'équipe agisse rapidement à présent...

Spoiler:

Voila, maintenant, avec sa tactique subtile, ils étaient tous entrés discrètement dans le sous sol sans se faire repérer… ah ben non, en fait… Haussant un sourcil qui avait visiblement décidé de venir se loger dans sa chevelure, Jason soupira de résignation, ce qui lui fit une belle jambe vu le bordel ambiant de l’alarme.

Il réussit tout de même à faire le pitre lorsque Greg lui dit qu’ils avaient leur réponse sur le système de sécurité. Tout en souriant de dépit, il réussit à faire une révérence.

« avot service, msieur ». Le fait est qu’il était loin de se sentir très efficace, sur le coup. Il avait voulu tester la solidité de la porte, et visiblement, son pouvoir pouvait la circonvenir. Mais par contre, il fallait maintenant faire vite.

Greg malmenait la porte, mais cette dernière tenait bon. Anjali leur fit part de son intention d’envoyer un leurre une fois la porte ouverte, pour qu’ils se planquent. De son côté, Greg demanda à l’irlandais de leur fournir une protection, ce qui lui rappela les nombreuses missions à l’institut, lorsqu’il servait la plupart du temps de bouclier pour ses camarades. Leah, qui était surement enfermée la derrière, avait le même genre de pouvoir de protection, il devenait donc d’autant plus urgent de la libérer pour laisser s’exprimer sa créativité. Avec un sourire coquin, il se rappela quelques utilisations intéressantes de son pouvoir… Anjali cependant venait de lui remémorer les origines françaises de Greg. Avec un pincement au cœur, il se rappela pourquoi il parlait cette langue aujourd’hui.

« Pas de prob, je vai nous ouvrir un passage, ce coup ci… » Il ajouta, en français, à l’ intention de greg « Je te protège, mais je ne sais pas qui de nous deux en a le plus besoin… », Comprenne qui pourra…

En attendant, même si il n’était pas sur d’avoir une ouverture avec son accent, il pouvait en avoir une avec son pouvoir, même si la cible n’était pas la même.

Il lui fallait une force méthodique, mais pas trop rapide, le but n’était pas de faire de la pulpe de flic si toutefois il y en avait derrière. Il matérialisa donc trois plaques horizontales, réparties en hauteur, de la largeur de la porte, devant eux, qu’ils fit avancer en direction de la porte pour forcer son ouverture, et faire peter les gonds, ou la briser en morceaux, mais sans pour autant l’envoyer valdinguer sur les éventuels types derrière. Il espérait que ce serait suffisant et que les plaques puissent les protéger si vraiment ils se faisaient canarder.

Jason parvint sans trop de peine à plier la porte de garage qui finit par céder sur ses glissères, et tomber en un fracas métallique. De l'autre coté, on pouvait apercevoir des sortes de comptoirs ou de guérites, désertés. Au fond de la pièce, une grande cloison, avec une porte vitrée à chaque extrémité. À en juger par la configuration, les deux portes vitrées menaient au même endroit. Il n'y avait plus personne à cet accès. Les policiers s'étaient probablement repliés vers une position plus facile à défendre.
À travers la porte vitrée, on pouvait voir un couloir qui tournait vers l'intérieur du bâtiment, ainsi que deux portes latérales.

En haut, Elisabeth et Ava suivirent les deux policiers qui précédaient Elisabeth parce qu'ils n'avaient pas vraiment d'autre choix. Passant par les zones interdites au public, ils descendirent plusieurs volées de marche avant de se retrouver dans une pièce en forme de demi-cercle, présentant des portiques semblables à ceux d'un métro. À un ratelier contre un mur se trouvaient des armes. Essentiellement des tasers, mais aussi quelques armes manifestement létales. Sans doute le fameux sas d'étanchéité dont parlait la voix. Un gradé aboyait ses ordres

"Mettez-vous tous en position ! Nous sommes attaqués par un groupe de mutants qui s'en prennent à l'accès Sud. Les troupes se sont repliées au secteur 2. Les prisonniers mutants sont en train de s'échapper, et sont actuellement retenus au secteur 6 !"

Il y avait une certaine excitation dans les troupes qui apparaissait très claire à Ava. De même que de la crainte, un peu de trac, et une envie d'aller aux toilettes. Les deux policiers tenus par Elisabeth, eux, étaient toujours paniqués, mais avaient l'espoir qu'au milieu de tous ces gardes, quelqu'un finirait bien par remarquer la présence des deux intruses. Ce qui ne loupa pas...

"Mesdemoiselles ! Vous n'avez rien à faire ici, la zone est dangereuse. Remontez dans les zones publiques s'il vous plaît."

Suivre ces policiers s'avéra être un jeu d'enfants. Les deux jeunes femmes passaient dans des secteurs interdits, et personne n'y voyait rien. Pour un peu, Ava aurait eu l'impression d'être invisible. Certes, cela ne pourrait pas durer indéfiniment et elle pouvait sentir que les deux policiers contrôlés par Elisabeth n'avaient qu'une envie, qu'elles soient découvertes. Mais plus tard elles le seraient, mieux cela vaudrait pour tout le monde. Enfin, elles débouchèrent dans ce qui semblait être le sas d'étanchéité. Ava jeta un bref coup d'oeil à Clothos, comme pour s'assurer qu'elle avait bien le contrôle des deux agents, puis reporta son attention sur les écrans et sur ce que disait le chef d'intervention, tout en se décalant le plus discrètement possible vers le râtelier pour prendre un ou deux tasers.

Dans son communicateur, elle murmura à l'attention de ses coéquipiers: "Vous êtes accès sud. Les flics sont repliés secteur 2 et nos mutants sont bloqués au secteur 6. On va essayer d'vous guider"

Mais c'était trop beau pour être vrai. Cela ne pouvait pas durer aussi facilement. Elles furent repérées. Ava fronça les sourcils en cessant de bouger et tourna simplement la tête vers Elisabeth. "Clothos..." murmura-t-elle en désignant le type de la tête.

Quant à elle, pour ne pas botter en touche, elle tâcha au mieux de généraliser l'envie de faire pipi de l'un des policiers, la copiant à ses partenaires et essaya de l'augmenter pour les forcer à sortir. Moins il y aurait de monde dans cette pièce, mieux ce serait.