[Courtier Tommy Daren]

Le ballon de basketball percuta sèchement le panneau sans toucher le cercle et rebondit au sol en claquant sur le parquet, résonnant dans le vide de la salle. Tommy grimaça légèrement, à l'autre bout du gymnase, reprit un ballon et se mit en position de tir. Quelques gros tapis de sol bleu foncé entassés, un cheval d'arçon usé et deux trampolines trainaient encore, une demi-heure après la fin de la séance de gym. Son T-shirt noir trempé de sueur, en short vert et baskets, l'adolescent athlétique resta concentré quelques secondes. Soudain, sans un mouvement de bras, le ballon fut projeté violemment dans les airs, comme percuté par une poigne invisible, et rebondit bruyamment sur le cercle rouge. Le garçon secoua la tête, agacé, quelques mèches brunes collées sur son front par la sueur.

Aujourd'hui, c'était un grand jour! Fini les examens du bac pro mécanique, fini le statut d'apprenti. Tommy avait passé son année de terminale à Rennes, après un énième déménagement familial et maintenant... maintenant... Un nouveau ballon partit comme un boulet s'écraser trop fortement sur le panneau. Il était passé au garage voir son patron à la sortie du dernier examen, avait couru ivre de joie en free-run jusqu'au gymnase, faisant quelques figures acrobatiques devant des filles sur le trajet. Juin était vraiment le meilleur moi de l'année... Depuis un an, il prétextait ranger le gymnase à chaque fin de séance pour s'entrainer un peu avec son pouvoir. Ses camarades étaient trop contents de lui laisser cette corvée et Tommy ne mettait pas plus de deux minutes à remettre en place le lourd matériel d'entrainement.

En six ans de tâtonnement, d'essais plus ou moins heureux et d'entrainements méthodiques, il en était venu à la conclusion que ses capacités lui permettaient de manipuler des charges extrêmement lourdes avec ses mains, sans vraiment faire d'effort. Mais au lieu d'être une super force, quelque chose de physique, c'était sa concentration qui faisait levier. Seul problème, s'il avait appris à en contrôler le déclenchement, la puissance, elle, était de plus en plus démesurée. Manipuler, immobiliser ou projeter adroitement un objet léger avec son pouvoir revenait à tricoter un pull avec un tractopelle. Et cela faisait bientôt une semaine qu'il projetait de malheureux ballons d'un bout à l'autre de la salle de gymnase sans faire mieux que toucher le panneau de basket. Au moins, maintenant, il arrivait à le toucher!

Le jeune mutant soupira, s'étira une dernière fois et commença à ranger la salle, la tête pleine de rêves de voyages estivaux et de sourires de filles...

Le rangement de la salle était tout ce qu'il y a de plus classique, pour ne pas dire morose. Les agrès avaient l'air plus lourds que d'habitude. Comme si son pouvoir déconnait ne remplissait plus son rôle d'auxiliaire. Ou bien c'était juste la fatigue.

Mais en attendant, tout avait fini par être remis en place.

Sauf le ballon de basket. Où avait-il bien pu passer ?

Tommy fit un léger moulinet d'épaule, la fatigue l'engourdissait surement, tout lui semblait plus lourd que d'habitude. Mais bon, le gymnase était en ordre, et il avait envie de rentrer prendre une bonne douche. Il recompta machinalement les ballons de basket dans le bac et... il en manquait un! Au bout de deux comptages, le jeune sportif fronça les sourcils et balaya la salle rangée du regard.

"Mais... où est ce qu'il peut être?" , il soupira , hésitant à quitter la salle ainsi. Mais n'ayant pas spécialement envie de devoir se justifier auprès du prof, il commença à chercher la boule orange. Les mains dans son short, il fit un premier tour de salle.

Néant. Pas de ballon. C'était un peu perturbant, même si une loi quelconque disposait que tout objet rond posé sur une surface aussi peu pentue soit-elle était destiné à invariablement rouler dans l'endroit le plus inaccessible possible.

S'apprêtant à céder au dépit, Tommy entendit un bruit pour le moins inattendu. Le ballon de basket venait de frapper la planche, et passer dans l'arceau. Il rebondissait tranquillement au sol, sous le panier...

Mais il n'y avait à première vue personne dessous. Ni dans la salle, d'ailleurs.

Durant quelques secondes, Tommy regarda le ballon sur le sol, les yeux grand ouverts, en silence. La fatigue ou bien...? Par reflexe, il se frotta les yeux avec le haut de son T-shirt. L'adolescent était clairement perplexe. Il jetta un coup d'oeil vers la porte fermée des vestiaire, soupçonneux.

"Si c'est les autres qui me font une blagues...", murmura-t-il pour lui même, partagé entre l'amusement, l'épuisement et l’inquiétude. Quelque chose clochait...

S'approchant lentement de l'objet, il jetta un dernier regard circulaire dans le gymnase absolument et froidement désert. Seul le bruit de ses pas et de son souffle donnaient à l'endroit un semblant de vie dans cette soirée de juin qui tournait au sinistre. Il prit précautionneusement le ballon et l'inspecta comme si la chose pouvait être piégée, le faisant rouler entre ses deux mains.

Et, finalement, il finit par crier la question stupide à ne jamais poser dans ce genre de cas : "Y a quelqu'un?"

Qui que cela puisse être, il devait bien rigoler. Mais quelque chose lui disait, avec un frisson dans la nuque, que lui n'allait pas rigoler beaucoup...

Le ballon était tout ce qu'il y avait de plus normal... Le même que celui qu'il avait utilisé précédemment.

"Par ici !", répondit une voix au dessus de Tommy. Évidemment, il avait regardé partout, sauf aux endroits improbables.

Le ballon lui échappa alors des mains, et s'envola vers le plafond, pour atterrir entre les mains de quelqu'un qui était assis. Assis sur le plafond.


Une image pour le moins déroutante. Il était la tête en bas, mais cela avait l'air parfaitement normal, ses vêtements ne tombaient pas, et il s'amusait à faire rebondir le ballon sur le plafond. Comme si ce fut le sol.

Tommy l'avait déjà vu à la salle de gym. Julien, ou Jules, ou quelque chose comme ça. Il faisait du trampoline. Plutôt doué d'ailleurs, mais jamais de compétitions. Ceci expliquait probablement cela.

Tommy releva la tête et resta bouche bée, son esprit ayant du mal a intégrer la scène improbable. Durant quelques secondes, il eut l'impression que sol et plafond étaient inversés. Le genre de sensation qui remue bien le ventre dans les manèges à sensations fortes.

"Mais... comment... est ce que..?", murmura-t-il , plus pour lui même que pour l'autre jeune sportif. La réponse s'imposa d'évidence : c'était un mutant... et avec un sacré pouvoir!

Comme dans un livre ouvert, l'expression du jeune télékinésiste était passée de la surprise la plus totale, à l'incompréhension. Et, lorsqu'il eut réalisé que l'autre ado était comme lui, il sourit d'un bonheur franc qui se changea progressivement en une forme d'admiration et de curiosité.

Il n'avait jamais eut l'occasion de rencontrer véritablement et ouvertement un autre mutant. Déjà qu'ils étaient peu nombreux, la plupart n'était pas "visible" en publique. Bien sûr, il en avait vu à la TV, ou aperçu un ou deux dont les mutations étaient purement physiques. C'était étrange et en même temps génial d'avoir devant soit quelqu'un qui partageait cela!

Son sourire vissé d'une oreille à l'autre, il lâcha un admiratif et joyeux : "Alors ça... c’est trop coool... comment tu fais ça?!" Il ne réalisa qu'à ce moment que le ballon était retourné dans les mains du mutant au plafond. "Et... je m'appelle Tommy... et toi, c'est julien, non?"

"Jules !", rétorqua-t-il à Tommy en guise de présentation. Il avait l'air d'un caractère assez entier.

Soudain, tel une pomme mûre se décrochant de sa branche, Jules sembla se décrocher brusquement du plafond, rappelé par la pesanteur qui s'était semblait-il souvenu de son sens habituel. Jules en profita pour faire une petite figure de trampoline, et atterrit mollement au sol en triomphant.

"Tu y as cru hein !"

Puis il tapa de l'index sur le front de Tommy.

"Et tu me demandes comment je fais ça nigaud ! Alors que tu passes de soirée tout seul ici pour t'entraîner en douce !"

*Jules...*, mémorisa mentalement Tommy. Il le lâcha pas l'autre gymnaste du regard quand celui-ci relâcha son emprise sur la gravité et se laissa tomber souplement sur le sol, tel un chat sur ses pattes. Il s’était imaginé des dizaines de fois croiser un autre mutant, les questions qu'il lui poserait, ce coté un peu magique d'une rencontre entre deux personnes "différentes". Et maintenant qu'il se trouvait devant un garçon aux pouvoirs évidents, qui en plus lui faisait la bonne grâce de venir le voir, il était hagard, confus, la tête pleine de questions floues. Sa bouche ouverte ne put en formuler aucune, toujours un peu sonné par la surprise.

Son nouveau camarade, lui, triomphait, visiblement heureux de son effet. Il y avait de quoi! Ce n’était visiblement pas la première fois qu'il l'observait depuis ses premiers entrainements secrets. Mais depuis combien de temps, d'années? Le sourire joyeux de Jules le rassura sur ses intentions.

Le mécano breton se balança un peu gêné et troublé. Il sourit amicalement et bredouilla : "Je pensais pas être observé... ni qu'il aurait quelqu'un d'autre... comme moi, ici. C'est la première fois que je rencontre un autre... mutant" Il lâcha le dernier mot comme si c’était quelque chose de gênant ou d'impoli. "mutant" n’était pas un mot agréable, mais il ne voyait pas comment se définir autrement. Puis, la curiosité et son coté joueur reprenant le dessus : "Et je ne sais pas encore grimper au plafond, moi!". "Enfin , pas pour le moment...", ajouta-t-il en rigolant. Par simple réflexe, il balaya du regard le reste de la salle, comme si, d'un coup, un autre mutant pouvait surgir de n'importe où.

"Et toi, tu t'entraine ici depuis longtemps?! Tu connais d'autres personnes comme nous?!", Tommy avait le regard d'un môme de 7ans devant un sosie du père noël. Sans vraiment réaliser, il avait récupéré le ballon de basket, tombé lui aussi, et, d'une simple poussée de télékinésie, l'envoya à l'autre bout de la salle, dans une courbe parfaite, directement dans le panier. Le jeune traceur de parkour avait toujours été plus doué à l'instinct.

"Personne ne pense qu'il est observé, parce que personne ne regarde au plafond. Personne sauf les dingues qui croient qu'un canard les observe en permanence.", philosopha Jules en s'étirant, comme si avoir la tête en bas lui avait déplacé les esprits.

"Bah tu peux ptet pas grimper au plafond non plus hein... Ça dépend ce que t'as dans les tripes. Moi c'est facile..."

Il eut l'air surpris par la timidité de Tommy qui n'avait jamais rencontré de mutant.

"Hey mec ! Tu sors de quel trou perdu ?! Pas besoin d'être dans le milieu pour connaître des mutants. Moi j'en connais pas mal, parce que je suis chez Ganymède. On est un bon groupe, et y'a moyen d'y faire du bon boulot."

Il avait l'air fier de lui.

Fier et vantard, le Jules... mais bon, en même temps, Tommy s'était complètement fait avoir, et les pouvoirs du jumper de trampoline semblaient parfaitement maitrisés, eux. Et pour finir, le mécano passait pour un paumé de campagne parce qu’il ne connaissait pas de mutants. Y avait mieux pour faire bonne impression...

"Ganymède? ", demanda-t-il pensif. Il se souvenait avoir vu des reportages sur cette fondation. Sa création deux ans plus tôt avait fait pas mal de bruit. Mais il n'avait jamais vu l'aigle doré sur un bâtiment à Rennes...Plus important encore, Jules parlait de boulot, et pour Tommy, travailler c'était sacré. "Je ne savais pas que la fondation était implantée par ici!" Il attrapa le garçon par les épaules et, tout excité, souffla une avalanche de question : "C'est vrai qu'ils embauchent des professionnels mutants. Tu penses qu'ils pourraient... embaucher un mécano? Tu pourrais me dire comment les joindre? C'est quel genre de boulot la bas? Allez steplais..!"

Le Jules grimaça face à la soudaine familiarité de Tommy, qui se retrouva un instant plus tard irrésistiblement repoussé en arrière, et tomba sur son séant, déséquilibré, à deux mètres de Jules qui rouspetait

"Écoute mec, t'es bien mignon, mais à moins que tu ne sois un shooter de tequila framboise, tu ne t'approches pas à moins d'un mètre de ma tronche, pigé ?"

Il ne lui fournit aucune aide pour se relever, se contentant d'expliquer

"Tu ne savais pas...", niaisa-t-il. "Ganymède est partout. Suffit de savoir où chercher. Si t'as un doute, tu vas à Paname, Champs Elysées, ça devrait être assez facile à trouver, même si l'avenue est longue. Ils embauchent pas des pros, juste des gens qui ont du temps à donner. Mais je te préviens, ils n'embauchent pas des nazes non plus."

D'un coup, tommy fut repoussé par une force invisible émanant de Jules. Il tomba au sol, surpris : la réaction de l’athlète lui fit l'effet d'une douche froide et balaya son enthousiasme. Il encaissa sans broncher la remontrance toute aussi familière et lâcha un "Désolé...".

Ouais... ce mec était hyper fier... et il le prenait un peu trop de haut, comme pas mal d'apprentis au centre de formation. Mais ce qu'il disait était intéressant et utile. *Aller à paris? pour faire du bénévolat avec des mutants...?*

Le gymnaste s'allongea, intégrant les paroles de Jules, sans dire un mot, à même le parquet, son T-shirt moite de sueur lui collant froidement dans le dos. Il s’était imaginé bossant quelque part dans un garage sympa, peut être un jour à son propre compte, voyageant quand il se lasserait d'un coin pour trouver un nouveau travail ailleurs. Jamais il n'avait pensé à être employé pour ses pouvoirs, ou a être considéré pour ceux-ci. Pour lui, c’était juste un accessoire, un outil, un truc fun intégré dans sa vie de tous les jours, pas de quoi jouer les super héros. Des potes à lui avaient des dons pour le dessin ou la musique, lui avait un pouvoir.

Il devrait y réfléchir...

Fermant les yeux, il respira a fond, réalisant pleinement que son corps refroidissait après l'effort. Ses idées revinrent à des choses bien plus terre à terre et présentes : il devait fêter son BAC avec sa famille et ses potes ce soir! D'un coup, par un simple saut de main, il se retrouva souplement sur ses pied. Évitant l'autre garçon, Tommy traversa le gymnase, ramassa le dernier ballon, et se dirigea vers les vestiaires.

Il se tourna à moitié vers Jules, souriant malgré tout. C'était une rencontre sympa. "Merci Jules, je vais y réfléchir... Je te dois une tequila framboise!" Et d'un dernier geste, il envoya le ballon dans le bac, et franchit la porte des vestiaires.

Jules ne formula aucune observation à la réponse de Tommy en forme d'invitation, et la suite des événements se déroula sans encombre ni quoi que ce soit de notoire jusqu'à l'arrivée à Paris, la capitale... Un voyage en monorail bien court pour arriver à Montparnasse, et un séjour dans un rénové, quoique sentant toujours bizarre...

Et puis la grande avenue : les Champs-Élysées. Une avenue absolument gigantesque au centre de laquelle un espace vert avait été aménagé, aux dépens des automobiles qui ne circulaient plus en nombre depuis bien longtemps. Entre la place de la Concorde et la place de l'Étoile, des grands noms du luxe, le Palais de l'Élysée à proximité, et un bel immeuble haussmannien à deux pas, portant un familier aigle doré...

Tout à l'intérieur n'était que boiseries, marbres et cristal. Tout sauf le préposé à l'accueil qui, assis derrière le grand comptoir en acajou, était comme un anachronisme dans ce XIXe siècle romantique : vêtu de façon provocante, avec un jean taille trop basse et un tshirt rose trop petit révélant une absence complète de musculature, coiffé avec trop de cire, et caché derrière de vastes lunettes de soleil ridicules...

"Salut !", lança-t-il d'une voix nonchalante et étonnamment aigue. "Je peux te renseigner ?"

Tommy n'avait jamais vraiment eut l'occasion de visiter Paris. Il y était passé, parfois, juste le temps d'aller d'une gare à une autre, pour une correspondance, en passant par le métro. Mais maintenant qu'il était là, il comprenait pourquoi Jules disait qu'il venait d'un trou perdu. C'était juste immense, bourré de gens qui ne se regardaient pas, et blindé de touristes en cette période estivale.

Après sa petite soirée post-bac, il avait expliqué à sa famille vouloir trouver un boulot d'été sur la capitale, ce à quoi ses parents n'avaient strictement rien eut à redire. Il était majeur, il était grand, et ça faisait déjà un bout de temps que le mécano s'autogérait. Bref, ca lui laissait deux mois au moins pour tenter d’intégrer la fondation Ganymède, ou partir voyager et bosser ailleurs.

Seulement voilà, même armé d'un I-phone avec un GPS, même avec les petits plans virtualisés pour touristes, la capitale était juste un autre monde. Il arrivait droit de province, en short noir, T-shirt d'un surplus de l'armée, une solide paire de baskets au pieds et une casquette vissée sur la tête. Un petit sac à dos léger contenait l'indispensable pour bouger en journée dans la ville, le reste de ses affaires de voyage ayant été laissé dans le rénové.

Et en voyant où se trouvait le siège parisien de la fondation, Tommy fut pris d'un doute. L'adolescent avait l'air d'un étudiant d'Erasmus paumé d'on ne sait où, déboulant dans un hôtel de luxe. C'était riche, c'était beau, un pur palace de milliardaire... à se demander pourquoi un mécanicien mutant tout frais moulu venait oser se perdre dans ce temple de l'argent.

Lorsqu'il aperçut le préposé à l'accueil, le garçon resta bouche bée quelques secondes et eut cette seule et unique pensée : *Bon.... finalement... je ne vais pas faire si tache que ça dans le décors...*

Il s'avança vers l'homme excentrique mais courtois :
"Bonjour, monsieur. Tommy Daren, mutant et mécanicien. Je souhaiterais rencontrer un de vos responsables pour un éventuel recrutement, et obtenir quelques renseignements. Pourriez-vous m'aider s'il vous plait?" Tommy n'avait jamais aimer tourner autour du pot et savait ce qu'il voulait.

Le préposé à l'accueil dévisagea Tommy, bouche ouverte laissant deviner un piercing à la langue et un chewing-gum rose, et regard oscillant entre compréhension et vacuité interstellaire.

Il n'eut néanmoins pas vraiment l'opportunité d'élaborer une réponse, dans la mesure où quelqu'un qui semblait ne passer que par là était venu au devant de la scène.


Il salua rapidement Tommy, avant de donner un support de stockage au préposé, tout en lui disant : "À envoyer en Crête."

Puis il revint vers Tommy, qu'il salua alors plus consciencieusement.

"Bonjour, je m'appelle Tim Lekdo, je suis le dirigeant de cette antenne de la Fondation. Que puis-je faire pour toi ?"

Le jeune mutant retourna le salut au nouvel arrivant quand celui-ci se dirigea vers l'accueil. Un avocat? Un commercial? Un patron? En tout cas, l'homme en costard dégageait une aura de leadership incontestable. Il avait la classe. Et lorsque celui-ci revint vers Tommy et se présenta de manière plus formelle, l'ado eut une légère pression dans le creux du ventre, à la fois un peu stressé et en même temps content d'aller directement au cœur du sujet : c’était le directeur de l'antenne.

Tommy tendit une poignée de main, regardant l'homme comme un potentiel nouveau patron, droit dans les yeux, avec un sourire sincère : "Bonjour monsieur Lekdo. Je m'appelle Tommy Daren, mécanicien et mutant. Un de vos membres, à Rennes, est venu me parler de votre fondation et de potentielles missions... Je viens de finir mon bac pro. Je souhaiterais savoir si vous recrutez et dans quel cadre. J'avoue ne pas très bien connaitre vos champs d'actions."

Mentalement, le garçon remercia sa mère qui lui avait appris à se présenter à peu près convenablement. Il n'avait jamais aimé passer des entretiens.

Tim écouta Tommy tranquillement, puis ne répondit pas, se frottant la barbe en réfléchissant. Finalement, il déclara.

"Oui, il se peut que j'ai un petit travail... Pas pour un mécao, mais autre chose..."

Il regarda un instant le préposé qui était en train de lire un magasine people, puis prit Tommy par le bras, pour l'emmener dans les couloirs lambrissés aux épais tapis.

"Techniquement, je n'ai pas de travail actuellement sur Paris pour de nouveaux membres, mais je sais qu'il se passe actuellement des choses à New-York. Des choses plutôt intéressantes, même s'il ne faut pas avoir froid aux yeux. Intéressé ?"

*New york... NEW YORK!?*

Quand Tommy était venu postuler, il s'attendait, au mieux, à devoir faire ses preuves, une période d'essai, quelque chose comme des travaux simples, du dépannage de voitures chez des particuliers, des travaux d’intérêt général, du social... Mais se faire catapulter directement à New York, chez la maison mère... c'était juste énorme! Il ne se demanda même pas de quelle genre de mission il pouvait s'agir, la perspective du voyage suffisait.

Bien que surpris et à moitié incrédule, le jeune traceur de parkour ne mit pas deux respirations à se décider. "Bien sur monsieur! Que devrais-je y faire? Quand devrais-je partir?" Pour une fois, il ravala le reste de ses questions, mais pas son enthousiasme évident. Puis, intégrant à rebours les phrases de l'homme en costard : *pas pour un mecano, hein...* Finalement, ça n'était pas une mauvaise idée d’être venu à la fondation...

Tim eut un petit rire en entendant la subite motivation de Tommy. Il le jaugea un instant de plus, pesant ses mots, puis expliqua finalement.

"Je suppose que si tu souhaites rejoindre Ganymède, c'est que tu as envie de changer les choses. Mais avant de changer le mode, il faut commencer par le comprendre, ce qui veut dire ouvrir grandes ses esgourdes et ses mirettes."

Il posa alors un regard appuyé sur Tommy. Était-ce une histoire d'espionnage ? Ou bien simplement un conseil général sur la nécessité d'être bien informé.

"En tout cas, j'ai de très sérieuses raisons de croire qu'il se passe des choses pas forcément très nettes à New-York, et je pense qu'il faudrait que quelqu'un aille voir sur place exactement de quoi il retourne. Le plus tôt sera le mieux."

Le jeune mécano acquiesça silencieusement à la leçon de vie du représentant de la fondation. Visiblement, il fallait être discret et alerte pour cette mission : une enquête. Son expression d'ado survitaminé se fit plus sérieuse. Quant à savoir si les choses pas très nettes concernées directement le Q.G. de la fondation, seulement des faits étranges à New York, ou les deux... Le dirigeant restait vague.

En tout cas, Tommy ne s’était pas attendu à ce type de travail, ni à ce genre d'ambiance. Cela avait un petit coté James Bond! Au moins il avait une couverture de mécanicien... Il réfléchit quelques secondes, réalisant qu'il se trouvait à une sorte de carrefour dans sa vie, et qu'il s'impliquait directement dans des problèmes qui dépasseraient celui d'une réparation de voiture ou le cadre de sa petite ville.

Mais bon, quand une opportunité passe... "Si je pars là bas, qui devrais-je contacter? A qui dois-je rendre des comptes? Et... par quel moyen vais-je à New York?"

Rendant son regard à l'homme, le garçon se demanda simplement s'il faisait parti de la fondation désormais...

Tim sortit une petite carte de sa poche, et y écrivit trois noms : Grégoire Délibes, Michaël Käferböck, et Markus Wiseman. Il la donna à Tommy en expliquant :

"Les deux premiers sont des personnes qui ont toute ma confiance. Le troisième est le dirigeant local à Manhattan. C'est à lui qu'il faudra rendre des comptes. Je pense qu'il est également digne de confiance."

Et sur ces bonnes paroles, il mit fin à l'entretien, laissant le soin à Tommy de préparer son voyage.


Je te suggère à présent de poster à Manhattan, pour rejoindre la fondation. Il serait peut-être bien que tu te mettes en relation avec Maureen de Lancaster qui a également fini sa phase de courtier et est grosso modo au même point que toi.

Tu peux également rajouter 3pts à ton barème, en le postant avec sa mise en forme à la suite.

Bon jeu !