[Elly Brownd, Los Angeles] Ce n'était qu'un aurevoir

Ce fut une sonnerie stridente qui réveilla Elly le lendemain. Le réveil ? Non... Le téléphone. Un coup d’œil au réveil : horreur, elle était en retard. Et d'ici à ce que le téléphone soit son employeur lui annonçant qu'elle aurait une retenue sur salaire, un licenciement, ou pire : la perte de ses avantages en nature, il n'y avait pas des kilomètres...

Elly, les cheveux tout ébouriffés, regarda son portable avec effroi. Comment avait-elle pu oublier d'enclencher la sonnerie de son réveil! Elle s'en voulait, mais c'était trop tard, il fallait désormais assumé son absence ce matin...

La jeune femme respira un bon coup, rejeta les couvertures de son lit et s'assit sur son matelas, les deux pieds dans ses chaussons en moumoute noir. Elle appuya sur le petit téléphone vert qui bougeait sur l'écran tactile de son portable, le mit à son oreille et prononça un « allô » le moins ensommeillé possible.
Forcément avec tout ce qui s'était passé hier, elle n'avait plu eu les yeux en face des trous le soir et n'avait souhaité qu'une chose, dormir.

La blondinette se leva, tout en commençant à s'habiller en catastrophe au cas où ce ne serait pas son job, et qu'elle avait encore une chance de cacher son retard.

Une voix féminine se fit entendre à l'autre bout du fil. Probablement juvénile, et probablement entravée par un chewing-gum.

"Elly Brownd ? Sophie Jameson, Fondation Ganymède Manhattan, je vous appelle parce qu'il nous a été rapporté que vous étiez intéressée par notre organisation, et souhaitiez apporter votre soutien actif... On a besoin de volontaires actuellement à Manhattan, ça vous dit ?"

Une fois sa question posée, Elly eut la surprise d'entendre un pop, produit sonore d'une bulle de chewing-gum.

Elly se retint de pousser un soupir de soulagement. Non ce n'était pas son boulot, et s'il ne lui avait pas téléphoné c'est que personne ne s'était inquiété de son absence. Ca faisait toujours plaisir. Mais bon, heureusement que les choses se déroulaient ainsi parce qu'au bout du fil, une jeune femme amatrice de chewing gum lui proposait de rejoindre Ganymède.
La blondinette sourit, Charles y était-il pour quelque chose, elle ne voyait pas d'autres solutions, sinon comment la fondation aurait-elle su qu'elle désirait changer de vie...

* Sacré beau gosse, va*

Alors ok, Elly intégrait Ganymède et après quoi? Qu'est-ce qu'elle faisait de son job, de son appart, de sa mère?...
La jeune femme secoua la tête, non cette vie ne lui convenait pas, elle ne pourrait jamais renié ce qu'elle était. Il lui était impossible de vivre caché, sa véritable nature deviendrait difficile à masquer aux autres et elle en avait marre de se mentir. Tout ça c'était fini. Elle aspirait à autre chose que cette petite vie monotone.

Alors, comme il y avait trois ans, Elly plaqua tout pour recommencer une nouvelle vie, qu'elle espérait plus intéressante. D'une voix assurée, la jeune femme répondit à Sophie :

- Oui, ça me dit vraiment. Que dois-je faire pour intégrer la fondation?

La blondinette attrapa la petite carte de visite, restée sur sa table de chevet et refit briller le logo en forme d'aigle, un sourire peint sur son visage. Elle se sentait sereine pour la première fois en trois ans.

Il y eut un temps d'attente, un bruit de bulle qui claquait, et la réponse.

"Et bien c'est simple, il suffit de venir se présenter, dire ses compétences, et s'inscrire sur le registre. Mais il faut que vous soyez en règle avec le reste de vos obligations si vous déménagez, je peux vous filer un coup de main... Ancien job, patron, ex-mari, tout ça..."

Une jeune fille en apparence très servianble.

Le cœur d’Elly battait à tout rompre et sa main commençait à trembler légèrement. Elle allait changer de vie, tout quitter pour nouvel inconnu. Mais au moins, la blondinette ferait enfin quelque chose qui la passionnait. Enfin, elle l’espérait. N’étant sur de rien, il lui fallait tout de même arrêter de se voiler la face. Ca ne pouvait pas durer.
La jeune femme sera le poing, où se trouvait la petite carte de visite et sourit lors des explications de Sophie. Au moins, ils l’aideraient pour tout ce qui concernait ce qui était désormais son ancienne vie.

- A ben merci pour le coup de main, j’en aurais bien besoin. Je suis actuellement esthéticienne masseuse à l’Institut Beauty ‘n Zen et bon, je vais donc arrêter de travailler pour eux, vu que je change de ville. Il y a aussi mon appart’ actuel. Je vais laisser les clés dans la boite aux lettres du proprio. Il faudrait vendre les meubles aussi. Voilà, je pense que ça sera tout.

Elly énuméra dans sa tête ce qu’elle pouvait faire pour son départ. Il lui fallait préparer ses valises, et puis c’était à peu près tout. La jeune femme irait dire aurevoir à sa mère, lui annoncer qu’une nouvelle fois elle partait et que cette fois-ci était la dernière. La blondinette ne comptait pas revenir, à moins que sa pauvre mère ne le lui demande. Elle lui fournirait toujours de l’argent afin que la vieille femme puisse vivre, mais puisqu’elle ne décidait pas à se soigner, Elly ne pouvait faire mieux.

Elle était différente des autres et son don était un cadeau précieux qu’elle se devait de mettre aux services du bien, de Ganymède.

La jeune femme tripota une mèche de sa blonde chevelure et reprit :

- Quand est-ce que je peux me présenter à la fondation ? Merci encore pour l'aide administrative.

Elly pouvait presque entendre la brave Sophie qui tirait la langue pendant qu'elle prenait des notes.

"Je vais m'occuper de tout cela. Vous pouvez venir quand vous voudrez, nos locaux sont toujours ouverts.", conclut-elle d'un ton professionnel.

Le coeur d'Elly battait à tout rompre. Elle était si excitée par ce changement de vie radicale, tout abandonner une seconde fois. Mais une certaine appréhension naissait aussi. Comment ça serait là bas? Trouverait-elle de quoi se loger?

Néanmoins, la blondinette remercia Sophie et lui indiqua de sa venue prochaine et rapide. Aussitôt le téléphone raccroché, Elly sauta de son lit, resta un moment béate et les idées s'acheminèrent petit à petit. Enfin, elle se mit en action, écrivit sa lettre de démission, commanda un billet aller simple en monorail pour Manhattan. La blondinette prépara une valise de change, des produits de douches, produits de beauté et autres choses qui paraissent nécessaire à une jeune femme de 22 ans.

Une fois celà fait, Elly ferma sa porte à clé, prit son sac à main et sa valise à roulette, la même qu'il y avait trois ans, quand elle avait débarqué à l'Institut. Puis d'un pas déterminé, après avoir glissé la clé dans la boite au lettre du propriétaire, ainsi qu'un petit mot expliquant vaguement son déménagement, Elly s'en alla vers d'autres contrées, meilleures elle en était certaine.

A Manhattan, Ganymède.